Le maire de Lyon, Grégory Doucet, était à son bureau, lorsqu'il fut soudainement touché par la grâce d'Erato, muse de la poésie lyrique. Saisissant la lyre qu'il avait rangée dans un tiroir, il se mit à improviser moult alexandrins… Le marché du ramadan qui se tient chaque année dans la ville était sa source d'inspiration. Le mot « ramadan » ne sonnait pas bien aux oreilles du poète municipal, il se devait de trouver plus chantant, plus évocateur des mille et une nuits… Après quelques arpèges sur son instrument, l'appellation lui fut soufflée du ciel. « Le marché des saveurs orientales ». Ô merci, muse Erato... La nouvelle devait être annoncée à la cantonade, à travers couloirs et bureaux. « Oubliez le marché du ramadan, braves gens, il s'appellera désormais le marché des saveurs orientales… » Aussitôt, adjoints et secrétaires de saliver... Hmmm ! Miam miam, les cornes de gazelle ! Et la dame du hall d'entrée d'entamer une danse du ventre torride... Grosse ambiance à la mairie de Lyon. Le maire venait de chasser la religion de ce marché que tout le monde continuerait d'appeler « marché du ramadan ».

Aux journalistes étonnés, les écologistes lyonnais expliquent les raisons de ce changement. Les aléas de l'inspiration d'abord, mais aussi « parce que ce n’est pas un marché qui est ouvert aux seules personnes de confession musulmane. Il est ouvert à toutes et tous. » Place Bahadourian et dans le quartier des États-Unis (3e et 8e arrondissements), le Lyonnais de souche doit découvrir les merveilles culinaires de l'Orient. S'il parvient à traverser le quartier de la Guillotière, les exposants lui tendront les bras. Gloire au vainqueur ! Agressé puis requinqué avec un bon thé à la menthe et un florilège de friandises made in Bled. Pas un seul éclair au chocolat et encore moins de religieuses... Les vendeuses tiennent le rôle.

L'opérateur choisi pour l'organisation de l’événement sera bien obligeant de suivre les recommandations de l'équipe municipale figurant dans le cahier des charges. « Une offre de cuisine végétale » il respectera. Du « bien-être animal » il se souciera. Du halal il ne parlera ? D'après Lyon Mag, le poète en chef de la mairie précise que par « bien-être animal » le commun des mortels doit comprendre « origine visible du produit ». Il est bien connu que le bovin français souffre moins que celui venu d'un pays lointain.

Mais toujours le poète reprend sa lyre en quête d'inspirations nouvelles. Dans quelques mois, voici Noël et ses marchés. Inlassablement, Grégory Doucet se remettra à l'ouvrage… Comment les nommer ? La muse du « vivre ensemble » sera invoquée… Pourquoi pas Les marchés du vieux pervers en manteau rouge ? Les chalets de l'impossible ? Les marchés des saveurs nauséabondes occidentales ? Le choix ne sera pas facile.

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09 août 2022 à 19:11

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22 commentaires

  1. En France, comme en Belgique, ces ecolos sont un véritable drame à tous points de vue. comment est il possible d’élire des crétins pareils ?

  2. Pour la fin du Carême, propose « le marché des saveurs occidentales ».
    Si les religieuses sont proscrites des « saveurs orientales », cette interdiction me semble injuste et discriminatoire. Les religieuses sont voilées, car c’est l’uniforme de leur sacerdoce et de leur profession. Pour le bien-être animale, il faudrait que le bon -Gregory Doucet aille faire un tour dans un abattoir « rituel » et une visite au moment de l’Aïd. Il risquerait d’être surpris.

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