Robert Ménard : « Ces gens qui prennent des libertés avec le confinement n’ont rien à faire sur les bancs publics ! »

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Le maire de Béziers, qui a été un des premiers à instaurer un couvre-feu pour faire respecter le confinement, explique sa décision de faire enlever les bancs publics de Béziers. Il revient aussi sur la pénurie de masques. Le confinement au plus près du terrain.

https://www.youtube.com/watch?v=yr3-nnh58-M&feature=youtu.be

Nous terminons notre premier mois de confinement. Après avoir voté le couvre-feu, la ville de Béziers passe désormais à l’enlèvement de tous les bancs publics. Dans certaines villes, les gens ont interdiction de se stationner plus de deux minutes sur les bancs publics. Pourquoi les faites-vous enlever ?

Autant il est nécessaire, à un moment donné, de se rendre à tel ou tel endroit pour faire des courses, aller à la pharmacie ou voir son médecin, mais rien ne justifie, en période de confinement, qu’on s’installe sur les bancs pour se prélasser au soleil du Languedoc. Il est vrai qu’il fait, en ce moment, 20° à Béziers et je vois qu’un certain nombre de gens prennent des libertés. Ce confinement est indispensable. J’entends donc le faire respecter.

Pour cette raison, nous avons été une des premières villes à mettre en place un couvre-feu. Aujourd’hui, nous avons retiré une centaine de bancs dans le centre-ville et multiplié les contrôles. Quant à limiter la présence des gens pendant deux minutes sur le banc, il faudrait mettre des flics à côté de chaque banc pour voir s’ils restent plus de deux minutes, cela ne me semble pas très crédible… À Béziers, personne ne s’en est plaint. Cette décision a interpellé comme toujours notre bonne société parisienne. Ce n’est pas à eux que j’ai à rendre des comptes !

Toutefois, les gens ont la permission de sortir faire un petit tour. Ne craignez-vous pas de priver les personnes âgées d’un repos autorisé sur ces bancs ?

Je crois que la vieille dame qui a besoin de se reposer peut aller faire des courses. Mais je crois surtout que si vous aimez vraiment cette vieille dame, vous lui demanderez de rester chez elle. Demain, comme je l’espère, je pourrai lui fournir un masque en tissu et elle pourra, à ce moment-là, prendre moins de risque. Je me soucie de la vieille dame en question. Je veux simplement qu’elle soit en sécurité. Quand un certain nombre de gens passent deux heures sur les bancs en fumant des cigarettes et en buvant des bières, honnêtement je ne crois pas que leur place soit en ville.

Aujourd’hui, il faut que tout le monde respecte le confinement. Mon travail est de le faire respecter. Premièrement parce que ceux qui ne le respectent pas se mettent en danger. Deuxièmement, ils mettent en danger les autres. Et troisièmement, je n’ai pas l’intention que ce confinement dure des semaines et des semaines. Or, on sait que moins on le respecte plus il va durer. C’est aussi simple que cela. Je me donne les moyens de faire respecter ce confinement pour qu’il dure le moins longtemps possible.

Vous avez parlé de masques en tissus que vous distribueriez éventuellement aux Biterrois.
Plusieurs maires prennent ces dispositions et certains interdisent de sortir sans masques. La situation n’est-elle pas un peu ubuesque ? Les Français ne vont-ils pas payer doublement les incuries de ce gouvernement ?

Je n’interdirai aux gens de sortir dans ma ville que si, dans le même temps, je suis capable de leur fournir des masques. Si vous ne fournissez pas de masques et que vous dites aux gens qu’ils ne peuvent pas sortir sans masques, c’est inacceptable et insupportable.

Je m’étonne des propos de certaines personnes. Ces dernières disent qu’en huit jours, elles auraient fourni des masques à toute la population. Ce n’est pas si simple. Savez-vous la difficulté de trouver des masques dignes de ce nom protecteurs et en tissu ? Comment les distribuons-nous ?

À Béziers, il y a 80.000 habitants, il me faut donc trouver au minimum de 80.000 masques. Il en faudrait même deux fois plus pour que les habitants en aient au moins deux.

Avec les moyens que nous avons mis en œuvre, nous arriverons à en fabriquer 3.000 en une semaine. Il faut donc 30 semaines pour fabriquer 90.000 masques. Il faut donc trouver d’autres moyens.

J’ai tapé à d’autres portes dans certains pays étrangers, mais on interdit l’exportation de masques, car les gens veulent les garder pour eux à juste raison. Je ferais exactement la même chose si j’étais eux. On essaie de taper à la porte de certains fabricants en leur disant « plutôt que de faire cela, pourriez-vous faire des masques ? »

Une énorme logistique devrait être mise en place pour que chacun ait son masque. C’est donc très compliqué. Je souhaiterais, bien sûr, pouvoir offrir des masques à tous les Biterrois pour qu’ils puissent sortir en étant protégés. Mais là encore, ce n’est pas garanti à 100 %.

Si on ajoute toutes les précautions qui sont le port du masque, être à un mètre l’un de l’autre, de ne pas avoir de bancs et respecter le couvre-feu, c’est une protection plus importante.
Lorsque le directeur du centre hospitalier me téléphone pour me donner les bons chiffres, il ajoute qu’il faut que je continue à faire respecter scrupuleusement le confinement.

Éric Zemmour a déclaré, sur CNews, que le gouvernement s’attendait à une boucherie politique. Après cette crise, le peuple viendra demander des comptes à ce gouvernement. Pensez-vous que c’est mérité ?

Aujourd’hui, ce n’est pas mon problème. Je ne fais pas de la politique en chambre. Je fais de la politique dans les rues à Béziers. Mon seul souci est de faire en sorte que mes concitoyens soient plus en sécurité. Je prends toutes les mesures qui s’imposent et j’en prendrai encore d’autres dans les jours à venir. La politique, je la réserve pour après. Pour l’instant, l’urgence absolue est d’assurer la sécurité des Français. Aujourd’hui, ma seule préoccupation est la santé de mes concitoyens.

Robert Ménard
Robert Ménard
Maire de Béziers, ancien journaliste, fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire

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