Richard Ferrand, ou la tyrannie de la transparence…

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Transparence et tous pourris ! Tel est le leitmotiv du jour. À cet étal, il y en a pour tout monde, sachant que les magasins de délation ne sont pas près de mettre la clef sous la porte. Hier, François Fillon et Marine Le Pen ; aujourd’hui, Richard Ferrand, député socialiste du Finistère et ministre de la Cohésion des territoires.

Ce qu’on lui reproche ? Une carambouille à l’évidence légale, mais judiciairement immorale. Ainsi va le monde…

Dans la foulée, mille histoires de petits accommodements avec la justice touchant tous les partis politiques en lice pour les élections législatives prochaines. Et c’est ainsi que va la France, puritaine en son Nord et, au sud, singulièrement plus décontractée.

À Amsterdam, il n’y a pas de rideaux aux fenêtres et tout un chacun peut observer ce qui se passe dans le salon. Logique, chez les protestants : on ne cache rien parce qu’il n’y a rien à cacher. Passé le sud de la Loire, c’est une tout autre affaire et les persiennes y sont reines. Et les saloperies se font en famille, alors qu’on les exhibe en Europe du Nord, vaste ensemble mou et tiède nous ayant donné, de manière concomitante, pornographie de masse et pudibonderie de confort, droit d’être « gay » tout en interdisant l’usage du mot « pédé ». Bref, ce monde est à gerber, au contraire du nôtre, destiné à être dégusté sans modération aucune, nonobstant ses vilains petits travers.

Pour en revenir à Richard Ferrand, sujet qui nous occupe, que dire de plus ?

Déjà qu’avant de grimper cul nu au cocotier, Emmanuel Macron aurait mieux fait de passer la culotte de ses ministres au scanner. Parce que là, ça la fout un peu mal.

L’incriminé doit-il ou non démissionner ? Ma foi, la majeure partie des Français n’en a que foutre. Et l’auteur de ces lignes un peu aussi.

Faut-il poursuivre cette quête inquisitrice de la pureté parfaite ? Attention, les plus grands génocideurs ayant ensanglanté la planète étaient généralement tenus, à juste raison, pour être « incorruptibles ». Après, Richard Ferrand, un voyou de plus ou de moins, la France a toujours survécu aux aigrefins de tous bords…

Certains affirmeront encore que cette rafle aux arnaqueurs ne concerne que les « grands » et les « puissants ». Mais que font les femmes de ménage payées au noir, les patrons de bistroquets qui ne déclarent qu’un demi sur deux ou les maçons qui vous facturent le ciment au prix de l’or fin ? Il y en a qui, toujours, affirmeront que la puissance médiatique, de « gauche », forcément de « gauche », ne persécute que les gens donnés pour être de « droite » ; l’actualité immédiate nous dit que non, bien au contraire.

Alors oui, certains élus sont moins irréprochables que d’autres et d’autres s’en mettent plus dans les fouilles que certains. Tête haute et mains propres, slogan naguère clamé par le Front national ? Présomptueux qu’ils sont ou qu’ils furent, sachant que dès lors que l’on fouille dans un placard, il est rare qu’on n’y déniche point un semblant de cadavre…

Tout bien pesé et réfléchi, mieux vaut notre traditionnel laisser-aller méditerranéen que la pudibonderie protestante, sachant que la débauche est généralement sœur jumelle ou enfant naturel du puritanisme.

Au fait, et ce, histoire de résumer : rien à foutre de Richard Ferrand et de ses possibles entourloupes ! À condition, toutefois, de laisser le reste des Français vivre en paix ; ce qui à l’évidence, sur les routes et les avis d’imposition, n’est pas encore gagné.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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