Le spectacle, un brin hystérique, qui agite les jurys de bac, actuellement, ressemble à une partie de catch cabotin, auquel on assiste, soit avec un amusement distancié, soit avec le dégoût qu'inspire un jeu histrionnesque.

Les uns voudraient, au nom de la défense d'un monument de notre Histoire, persévérer dans l'acharnement thérapeutique destiné à maintenir en vie un corps quasi trépassé, les autres voudraient débrancher les tuyaux et changer de chambre d'hôpital.

Dans tous les cas, ce sont les faits qu'il faut saisir. Si l'on écarte, en effet, les chiffres mirobolants (77 % cette année, avant le rattrapage), seul un tartuffe peut nier l'évidence : le niveau réel des élèves n'a cessé de se dégrader dans tous les domaines. Ce constat empirique, invisible dans le résultat final, car le système incite à la « bienveillance » et, de toute façon, a prévu, tout le long du cursus, un panel de dispositifs optionnels apte à combler les lacunes les plus flagrantes, est durement appréhendé en première année d’études supérieures. Le taux d'abandon y est souvent de plus de 50 % dès la première année et les professeurs d'université se lamentent, au point qu'on met maintenant en place, comme aux USA, des protocoles de remise à niveau. C'est pourquoi la solution désespérée d'orienter les élèves en fonction de leur dossier, et en tenant compte du niveau acquis dans les disciplines qui concernent le choix du lycéen, est la mesure la plus sensée qu'on pouvait prendre, bien qu'elle signe la mort du baccalauréat en tant qu'examen final et qu'elle cache mal le fait que l'élite envoie ses rejetons ailleurs qu'à l'université.

Comment en est-on arrivé là ? Il faut quand même rappeler que les enseignants qui brandissent leur stylo rouge ne mettent pas en question les causes qui sont à l'origine du désastre actuel. Ils continuent à être intoxiqués par l'égalitarisme démagogique qui fait qu'un élève de maternelle a automatiquement, en se laissant conduire par le courant, 80 % de chances d'échouer sur les rives marécageuses de terminale. Le vœu des familles suffit comme viatique pour cette croisière sans histoires. Ces professeurs, dont près de 40 % ont voté pour Macron dès le premier tour des présidentielles, n'ont jamais contesté le délire dangereux d'une pédagogie vide de contenu qui s'est évertuée de démolir une École qui était encore, avant le collège unique, l'une des meilleures du monde. Pire : le corps enseignant lui-même, désormais, issu d'un système qui a pratiqué avec méthode le nivellement vers le bas, est l'un des piliers idéologiques du système libéral-libertaire. Il est de tous les combats pour défendre ce qui tue notre nation.

Au fond, ces élèves dont on souligne l'ineptie, le vide existentiel, l'inculture, l'absence complète de maîtrise de la langue et de la pensée, le manque de curiosité et d'énergie, de goût pour les travaux intellectuels et pour les livres, par qui ont-ils été formés ? Ou déformés ?

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06 juillet 2019 à 9:55

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