Républicains : la grande débâcle

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Depuis que, laissés et distancés par ceux qui se sont mis en marche, ils sont restés sur place, lesdits Républicains, résurgence de l’UMP, n’en finissent pas d’agoniser, empêtrés dans leur contradiction fondamentale, écartelés dans leur pari stupide qui consiste à vouloir mélanger l’eau et le feu, réunir dans un même parti la droite orléaniste et la droite bonapartiste, la droite d’affaires, centriste et libérale, et la droite populaire. La première, en effet, les ramène à Macron, la seconde les ramène à Marine Le Pen, c’est à dire le diable en personne, la diablerie faite femme, et tout ce qu’on lui fait incarner, le fascisme, le racisme, le populisme, la xénophobie, bref, toutes les horreurs et les épouvantails que les médias agitent quotidiennement.

Ce parti écartelé, miné de l’intérieur, est donc depuis longtemps destiné à imploser et à disparaître. C’est chose faite, ou en train de se faire. Entre la ligne Juppé-Raffarin, et autres ventres mous, faux durs et mollassons, et ceux qui tentent encore de tenir un propos plus vigoureux, mais sans vouloir entendre parler d’une quelconque alliance avec le RN, qui pourtant dit la même chose, et reprend ce qu’ils ont toujours dit mais jamais fait, la cohabitation n’était plus possible : l’avènement de Macron leur a porté le coup de grâce. Comme le PS, autre figure du marécage politique, mort peu avant lui de n’avoir jamais été socialiste, il s’enfonce lentement dans un néant d’où il n’aurait jamais dû sortir tant il fut, comme son frère ennemi, inutile et nuisible à notre pays.

Mais la tragi-comédie de sa débâcle, et de sa lente agonie, il faut bien l’avouer - et tant pis, je réciterai plusieurs actes de contrition pour n’éprouver aucune compassion -, est un spectacle des plus divertissants, tant il est digne des meilleures clowneries, telles qu’ont a pu en connaître sous Hollande, avec les duettistes Coppé/Fillon, leur COCOE (Commission de contrôle des opérations électorales) et leur CONARE (Commission nationale de recours). Oui, quelle franche rigolade que de voir tous ces vieux politicards bourrés d’argent public, rassis d’ambitions et de combines rances, tenter désespérément de recréer une vague dynamique pour aller à la soupe Macron, quitter comme des rats le navire en perdition ou bien, se dressant sur leurs ergots, jouer au capitaine du navire qui sombre mais qu’on va sauver du naufrage…

Et le pauvre Wauquiez, dont la présidence ne tenait plus qu’à un fil depuis que, zigzaguant entre les contraires, il a fini par s’écraser dans le mur, acculé à la démission. Et la très bourgeoise Valérie Pécresse, sorte de reine sorcière de Blanche-Neige et qui veut qu’on lui dise qu’elle est la plus belle. Et les deux gros gavés de soupe sénatoriale Larcher et Raffarin, le pourfendeur du Saint-Esprit et du lundi de Pentecôte, caricatures pitoyables de ce monde en perdition. Et les jeunes aux dents longues qui, soudain, se voient en sauveurs de la République et se mettent à convoiter les postes fantômes de leurs aînés. Et les déjà partis et recasés, tels Xavier Bertrand au conseil régional ou Juppé au Conseil constitutionnel. Et l’empereur déchu Sarkozy, dont on évoque le retour de l’île d’Elbe, avant on ne sait trop quel nouveau Waterloo ! Et dire que cela fut, un jour, le parti gaulliste… Quel châtiment hugolien pour le grand homme ! Car le spectacle de cette débâcle n’a rien de napoléonien ni d’héroïque, ce n’est qu’un grand moment de théâtrocratie burlesque…

Mais aussi de morale et de justice. Car, enfin, et même si d’autres ont pris leur place, qui ne valent pas mieux et contribuent, à leur tour, au déclin de notre pays, la débâcle de tous ces imposteurs et ces carriéristes qui, pendant trente ans et plus, ont pillé et ruiné la France et l’ont mise, avec leurs frères ennemis du Parti socialiste (la fameuse « UMPS »), dans l’état de déliquescence ou elle se trouve, oui, cette débâcle est aussi, pour ses acteurs, un retour de bâton bien mérité.

Au théâtre Guignol, à qui le tour ?

Jean-Pierre Pélaez
Jean-Pierre Pélaez
Auteur dramatique

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