Réforme du brevet des collèges : du rafistolage !

Jeudi 4 janvier 2018 est paru, au Bulletin officiel, un texte signé du ministre de l'Éducation nationale portant sur la réforme du brevet des collèges, appelé diplôme national du brevet (DNB). Ce qui est présenté comme une réforme n'est en fait, pour Gilles Ardinat, que de la communication. Il estime que M. Blanquer, que l'on présente comme un conservateur, quelqu'un qui va remettre du bon sens dans l'Éducation nationale, ne va pas jusqu'au bout puisqu'il refuse de remettre en cause l'égalitarisme.

Gilles Ardinat, jeudi 4 janvier, Jean-Michel Blanquer a inscrit au Journal officiel une réforme du brevet des collèges. En quoi consiste cette réforme ? Sera-t-elle suffisante pour s’attaquer à cette problématique ?

Dans cette réforme, il y a assez peu de choses. C’est essentiellement un moyen de communiquer.
Notre ministre communique énormément, c’est le ministre vedette de l’équipe de monsieur Macron. Monsieur Blanquer présente en ces termes « un brevet équilibré et clarifié » mais, en réalité, pratiquement rien ne va changer. Les problèmes de fond qui plombent ce diplôme sont toujours là. C’est donc, en quelque sorte, un rendez-vous raté. Malheureusement, il est à craindre que la version 2018 du brevet ait toujours de moins en moins de valeur et soit distribuée de manière inconsidérée à des élèves qui n’ont absolument pas le niveau. C’est clairement très décevant.

Est-ce donc du rafistolage ?

C’est effectivement du rafistolage. Il y a, certes, un rééquilibrage en termes de points. Au lieu d’être sur 700 points, le diplôme national du brevet sera dorénavant sur 800 points. De petits aménagements à la marge seront effectués, mais l’effondrement du niveau d’exigence de ce diplôme, qui est le problème de fond, n’est pas traité.
À titre d’exemple, le taux de réussite de l’année dernière était de 89 %. Plus de 70 % des 720.000 lauréats ont obtenu une mention.
Tous les collègues qui enseignent au collège, et notamment en 3e, savent que même des élèves en très grande difficulté décrochent ce DNB. Il perd donc toute valeur et devient pratiquement un diplôme gadget auquel plus personne n’accorde d’importance. C’est dommage, car c’est le premier diplôme décerné dans le cursus. Les Français sont attachés aux diplômes et aimeraient avoir des diplômes avec du contenu.
C’est un vrai gâchis. Sans parler des enseignants qui se mobilisent en fin d’année de 3e pour un diplôme dont ils savent qu’il sera donné à peu près à tout le monde.

Y a-t-il une volonté politique de donner les diplômes à tout le monde ?

Oui, et cette volonté politique a un nom. Elle s’appelle l’égalitarisme. Monsieur Blanquer ne veut pas s’en défaire. Il se présente comme un conservateur, comme celui qui va remettre du bon sens dans l’Éducation nationale. Il se positionne en contraste avec la période calamiteuse de Najat Vallaud-Belkacem, mais il ne va pas jusqu’au bout puisqu’il refuse de remettre en cause cet égalitarisme qui conduit à l’idéologie du bac pour tous. Le bac est distribué à tout le monde. Le diplôme national du brevet précède de quelques années cette idéologie du bac pour tous. C’est "le brevet pour tous".
Ce diplôme n’a, aujourd’hui, plus aucune valeur sur le marché du travail. Il n’a plus, non plus, de valeur au niveau scolaire. Il n’est même pas nécessaire d’obtenir son brevet pour pouvoir passer en seconde. Ce diplôme a été totalement vidé de sa substance.

Peut-on dire que Jean-Michel Blanquer a envie de bien faire, mais qu’il est bloqué par une Éducation nationale très idéologisée ?

C’est très difficile à dire. En l’occurrence pour la réforme du DNB, c’est une petite réforme technique qui permet un « coup de com' » assez facile.
Jean-Michel Blanquer reste dans le politiquement correct du point de vue idéologique. Il peut ponctuellement faire des effets d’annonce qui peuvent aller dans le bon sens, mais il ne va jamais remettre en cause l’ordre établi.
Pour le brevet, il va y aller de son discours, de sa présentation, mais sans s’attaquer au problème de l’égalitarisme. Je pense que beaucoup de gens vont être déçus quand ils vont s’apercevoir que, derrière les effets d’annonce, monsieur Blanquer, par pur conformisme, ne va pas jusqu’au bout de sa logique. Il risque donc de reproduire les mêmes échecs que précédemment.

Gilles Ardinat
Gilles Ardinat
Conseiller municipal d'opposition à Frontignan (34) Professeur agrégé d’histoire-géographie, universitaire et militant souverainiste

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