Réchauffement du climat social : la cote d’alerte bientôt atteinte ?

Assez colère poing

En France, il n’aura échappé à personne que le climat général n’est pas exactement en voie d’apaisement.

Il y a la délinquance, évidemment. En 2021, selon le service statistique ministériel de la sécurité intérieure cité par Les Échos, on constate un bond de 12 % des agressions crapuleuses et intrafamiliales. Dans le même temps, viols et tentatives de viol augmentent de 32 %, tandis que trafic et consommation de stupéfiants retrouvent leur niveau d’avant le confinement, avec une hausse conséquente de cette dernière. Bref, les compteurs sont au rouge.

Ce qui se vérifie également dans la rue, lors de manifestations de plus en plus propices aux débordements, qu’ils soient le fait des manifestants ou des forces de l’ordre. Avec une différence, toutefois : CRS et gendarmes ont la matraque autrement moins lourde dès lors qu’il s’agit de contenir écologistes radicaux et Black Blocs, surtout quand s’y mêlent des élus de la République, telle Sandrine Rousseau, défilant le 29 octobre contre le projet de méga-bassines, à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres. Résultat ? Trente blessés chez les trublions et 61 chez les gendarmes. En revanche, les forces de l’ordre prennent moins de gants dès lorsqu’il s’agit de contenir d’autres manifestants, peut-être parce qu'ils ne bénéficient pas des mêmes soutiens politiques et médiatiques.

La preuve par la manifestation parisienne de ce samedi 19 octobre.

Les gilets jaunes fêtaient le quatrième anniversaire de leur mouvement : la retenue était déjà moins de mise. Ces représentants de la France périphérique ont malheureusement l’habitude : ils n’ont pas oublié les yeux crevés et les mains arrachées. D’où cette vidéo où l’on voit une horde d’argousins, casqués et bottés, se ruer contre quelques centaines de manifestants (680 exactement, selon la préfecture de police). Un homme sortant d’un immeuble se fait gratuitement frapper au visage par une sorte de Terminator en armure. Pourquoi, alors qu’il ne présente manifestement pas le moindre danger ?

Si telle est la stratégie du gouvernement pour apaiser la situation, alors que cette jacquerie n’est toujours pas éteinte, il est à craindre que la concorde civile ne soit pas pour demain.

C’est en tout cas l’avis de Jérôme Rodrigues, l’un des leaders historiques du mouvement, éborgné par un tir de grenade à Paris, le 26 janvier 2019 : « La situation est dix fois pire qu’en 2018. Nous sommes sortis pour protester contre l’essence à 1,40 euros. Aujourd’hui, le carburant avoisine les 2 euros le litre. » Et le même de dresser la liste des produits alimentaires de première nécessité de plus en plus inabordables pour les plus modestes de nos compatriotes.

Loin des revendications sociétales d’enfants gâtés ne sachant plus très bien s’ils sont hommes ou femmes tout en exigeant de devenir femmes ou hommes – voire un truc entre les deux –, on voit bien que l’incendie couve toujours.

Ainsi la réforme de l’assurance chômage est-elle attendue avec inquiétude par nombre de Français. Sans négliger celle, tout aussi légitime, des agents de Pôle emploi qui redoutent de se trouver en première ligne. C’est d’ailleurs ce que révèle le très officiel site France Info de ce lundi : « De l’insulte aux coups de poing, en passant par les crachats, depuis le début de l’année, onze mille signalements ont été réalisés dans les agences Pôle emploi. »

Pis, un fonctionnaire témoigne : « J’ai eu droit à des menaces de mort, menacé d’être brûlé vivant, que l’agence Pôle emploi soit brûlée. Et je ne suis pas le seul dans ce cas… » Et les syndicats de s’alarmer à leur tour : « Entre 2019 et début 2022, les agressions liées à des radiations ont augmenté de 63 % et de 57 % concernant l’étude des droits. […] Ça correspondant exactement à la modification du calcul des allocations chômage, avec le durcissement d’accès à ces allocations. »

Les enfants ne sont pas censés jouer avec les allumettes. Les présidents de la République non plus.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

29 commentaires

  1. J’aurais toujours du mal à comprendre ces gens qui s’en prennent aux exécutants, employés de Pôle Emploi ou Policiers….plutôt qu’aux décideurs ou du moins ceux qui leur ont confié les clés….Si un jour je prenais un coup de matraque indu, je considèrerais comme coupable toutes mes connaissances ayant voté Macron….Et discrètement, elles me le pairaient d’une de ces vengeances sans témoins mais bien stipulées à la « victime ». « tu as voté Macron, c’est le prix du préjudice que j’ai subi »

  2. Bientôt l’histoire confondra les CRS avec les chemises brunes du passé pour ne pas dire les chemises noires de 39/45.
    Grassement payé par notre gouvernement ils peuvent se permettre tout type de débordement contre les citoyens français, mais il faut savoir que leurs salaires et primes est de l’argent publique du contribuable qu’ils tabassent et non de la poche des incompétents qui nous gouvernent. Arrivera le jour ou ces CRS devront rendre des comptes au peuple français.

    • Ils ne font que répondre aux ordres de leur hiérarchie… Les CRS ont été créé en 1944 par le Général de Gaulle et sont parfois bien utiles lorsque la police « de base » semble dépassée !

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