[RÉACTION]« Culture, médias, politique : les catholiques doivent se réengager »

À l’occasion de la conférence organisée par l'Institut du Bon Pasteur, qui se tiendra le 11 juin à Paris sur le thème « Agir en chrétien pour le bien Commun », l’abbé Matthieu Raffray nous présente les enjeux de cette soirée.
Iris Bridier. Pourriez définir la notion de « bien commun » ? C’est un terme que Jean-Luc Mélenchon utilise régulièrement… Jean-Luc Mélenchon- Abbé Raffray, même combat ?
Abbé Matthieu Raffray. Je ne sais pas ce que Jean-Luc Mélenchon entend par « bien commun ». Ce qui est sûr, c'est que ce sont les valeurs, l'héritage, l'identité que tous les membres d'une nation partagent. Donc, une histoire commune, des racines communes, des ancêtres communs, une culture commune.
I. B. Cette notion de « bien commun » peut-elle remédier à notre société fracturée et en voie de libanisation ?
A. M. R. Tout à fait. C'est dans ce sens que nous voulons parler du « bien commun » et nous mettre à son service. C’est la seule façon de « faire communauté », puisque la communauté, c'est ce qui possède un bien en commun. Le meilleur exemple, c'est l'équipe de foot. La victoire du PSG n’est pas la victoire de Dembélé ni même de l'entraîneur, de Luis Henrique, etc., c'est la victoire d'une équipe. Pour gagner, il faut être une équipe. Il faut que chacun soit à sa bonne place et que chacun joue son rôle dans la société, au service de la communauté. Si chacun veut, de façon individualiste, revendiquer son intérêt propre, ce sera au détriment de l'intérêt commun. Celui qui, sous prétexte de s'amuser, va détruire la maison du voisin ou l'Abribus™ qui sert à tous œuvre contre le bien commun. Et justement, quel est le bien en commun que je possède avec mon voisin, même d'origine algérienne, qui habite dans un HLM, avec le paysan du fin fond de la Beauce, avec le Parisien bobo ? Qu'avons-nous en commun ? Le fait de vivre dans un pays dont nous ne sommes pas les auteurs mais dont nous avons hérité, cet héritage culturel, historique. Et une identité chrétienne. Que l’on soit d'accord ou pas, nous l’avons tous en commun.
I. B. Comment promouvoir cette identité chrétienne, qui défend la dignité de la personne humaine dans une société sécularisée qui brandit la laïcité à tout va ?
A. M. R. Dans l'Histoire de France récente, la laïcité s'est toujours exprimée au détriment de l'Église catholique, puisque le catholicisme est dans l'ADN de la France. Les chrétiens ont quelque chose à annoncer à toute la société, et c'est là le motif de notre engagement politique, social et culturel.
I. B. D'aucuns aimeraient que la doctrine de l'Église évolue avec son temps. Les discussions sur les sujets sociétaux en général et sur la fin de vie en particulier ont montré que les chrétiens ne sont plus entendus. Comment tenir un discours performatif ?
C'est aux chrétiens, précisément, d’aiguiser leurs arguments et d'être capables de défendre ce qu'ils ont à dire. Défendre la vie, défendre les plus faibles est une urgence contre les points de vue individualistes et les intérêts économiques et mortifères sous-jacents. Aux chrétiens de se former à la doctrine sociale de l'Église et d'être capables de la défendre. Ensuite, il faut reconquérir le terrain médiatique, ce que j’expérimente très concrètement sur les réseaux sociaux. Il est urgent de ne pas le laisser à ses ennemis, à des gens qui, sous prétexte de laïcité, ont exclu la religion du champ de la réflexion humaine, ce qui est une amputation de l'homme.
Il faut reconquérir le terrain culturel qui a été trop longtemps abandonné par une fausse idéologie de l'enfouissement, selon laquelle le christianisme devait disparaître de l'espace public. C'est un problème de fond philosophique. Et notre conférence a pour objectif d'encourager, d'inciter et de montrer qu'il est possible, de façon efficace, de reconquérir l'espace culturel, que ce soit sur les réseaux sociaux. L’abbé Cottard, par exemple, va parler de Credo, cette chaîne YouTube d'évangélisation qui fonctionne très bien, auprès des jeunes.
Il faut reconquérir également la politique. Yann Bompard, le maire d’Orange, met en œuvre une politique très édifiante et témoignera du sens de son expérience. Gabrielle Cluzel, évidemment, illustrera l'aspect médiatique grand public, pour prouver que, quand on parle, les gens entendent. Mais encore faut-il parler et ne pas avoir peur du débat public. Enfin, Pierre-Édouard Stérin [qui interviendra en visioconférence pour des raisons de sécurité, NDLR] montrera qu'on peut engager des moyens, qu’il y a de nombreux chantiers à mettre en œuvre et que les catholiques sont appelés d’urgence à œuvrer pour le bien commun.
I. B. Pour paraphraser le titre du livre de Rod Dreher, finalement, comment être chrétien dans un monde qui ne l'est plus ?
A. M. R. Il faut revenir à l'essentiel. Être chrétien dans un monde qui ne l'est plus, c'est d'abord être fidèle au Christ, à l'Église, à l'enseignement de la foi. C'est uniquement par cette fidélité que nous pourrons transformer le monde, en étant ferment de spirituel, de divin dans la société. L’exemple de nos ancêtres chrétiens nous le montre. « Le sang des martyrs est semence de chrétiens », écrivait Tertullien. Les premiers chrétiens ont évolué dans des mondes complètement païens et hostiles à la religion. Pourtant, ils ont été à l'origine de la société chrétienne dont nous sommes les héritiers. De la même façon, il faut féconder la société, comme une lumière dans l'obscurité. Dans les plus grandes des ténèbres, si vous allumez une lumière, elle brille !
Pour s'inscrire à la conférence, c'est ici.

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13 commentaires
Bizarre qu’il soit interdit de dire que Benoît XVI n’a jamais renoncé au munus et donc qu’il n’a jamais démissioné.
AIMEZ VOUS LES UNS LES AUTRES ?
« Aimez vous les uns les autres ». « Ouvrez vos frontières » A déclaré Léon XIII.
NON : c’est une idéologie totalitaire de plus, sournoise.
Le vrai commandement, réaliste et tolérant : « Respectez vos différences », ne signifie pas s’aimer, et encore moins se mélanger.
L’histoire enseigne que le christianisme, avec son Amour, a été et reste, avec l’Islam et sa Vérité, une des deux plus grandes idéologies totalitaires du monde.
Un totalitarisme qu’ignorent les Hindouismes, les Bouddhismes, les Shintoïsmes, les Taoïsmes…
L’Occident continue dans la même voie totalitaire avec les « Lumières » mondialistes.
Après Dieu et l’Amour, c’est l’Homme et la Raison. Contre les hommes, leur cœurs et leurs raisons.
Libre au sieur Raffray de se chercher du commun avec un Algérien installé dans un HLM français, mais parler du maire d’Orange dans le contexte du bien commun est une plaisanterie. Son père a été condamné pour prise illégale d’intérêt. L’actuel maire, le fils donc, a été perquisitionné pour emploi fictif. L’enquête est en cours. Alors, franchement… Que vient faire Stérin dans cette galère ?
Bien mais pour se réengager, encore faudrait-il qu’ils s’informent des réalités. Il n’est pas sûr que des approches seulement « humanitaires » voire pseudoscientifiques et même géopolitiques puissent suffire à faire avancer les sujets les plus brûlants. Ai-je besoin de préciser desquels il s’agit ?
Euh…. » un discours performatif » ? Vous êtes sûre…?
Passons sur ce point de style ; non mon pauvre abbé, justement nous n’avons rien de commun avec l’algérien dans son HLM , surtout s’il a laissé la lecture du coran en accès libre à ses enfants .
Re enseigner l’histoire à nos enfants est une tâche primordiale et je ne saurait trop vous inciter à vous inscrire aux cours d’histoire du droit de la faculté d’Assas pour que vous ayez conscience de ce que Léon Blum lui-même avait été contraint de reconnaître à la tribune de l’assemblée : Que même la morale socialiste était fille ( dévoyée, certes ) de la morale chretienne …
Parfait
Avec des Évêques toujours plus wokes, ça ne va pas être facile
Bonjour l’Abbé, toujours aussi perspicace, merci à vous.
Ce curé est un repoussoir. Il représente l’extrémisme religieux dont on la France a connu les méfaits et les pires horreurs au nom de DIEU.
Bonjour Patgic, vos paroles m’étonnent, l’extrémisme religieux donc catholique ont fait des méfaits et les pires horreurs au nom de DIEU, c’est pas faux mais il y a prescriptions de puis tant d’années, de siècles alors qu’actuellement nous connaissons une autre religion qui supporte allègrement la comparaison malgré une humanité qui se doit s’améliorer. La réponse de la religion qui a fait la France se doit d’y répondre dans la limite décente, j’en suis persuadé moi qui malgré avoir dépassé 80 années de vie qui suis de plus en plus non croyant.
Pour faire bref : l’utopie de l’Église du « vivre-ensemble » .On ne peut pas vivre avec son ennemi dans la maison
Les religions n’ont pas à se mêler de politique ! Quand elles le font, ce ne sont que drames et catastrophes. Et je ne parle même d’une certaine religion qui ne fait pas la différence entre le temporel et le spirituel…
Lorsque les politiciens se mêlent de politique c’est toujours drames et catastrophes, il suffit de voir l’état dramatique, catastrophique dans lequel ils ont mis notre France à ce jour.