Quand l’Angleterre et la France pillaient les richesses archéologiques de la Grèce

Parthénon_Athènes,_Grèce_-_panoramio

Depuis déjà plusieurs centaines d'années, les frises du Parthénon exposées au British Museum sont source de conflit entre le Royaume-Uni et la Grèce… Une controverse que j’ai eu l’occasion d’évoquer ici même, avant qu’elle ne revienne ces jours-ci sur le devant de la scène. Selon la correspondante en Grèce des Dernières Nouvelles d’Alsace, des discussions secrètes seraient en cours, depuis un an, entre le British Museum et le gouvernement grec pour tenter de réunifier le célèbre monument hellène. Ces frises, représentant des batailles mythiques entre les Grecs et des centaures, ont en effet été extraites sur le site du Parthénon au début du XIXe siècle (1801) par le diplomate britannique Lord Elgin, avec l’autorisation des autorités ottomanes qui occupaient la Grèce à l’époque.

Avec le feu vert de la Porte ottomane, l’Angleterre et la France ne se sont pas privées en se livrant tour à tour à un véritable pillage des sites archéologiques, emportant un grand nombre de chefs-d’œuvre de la Grèce antique. Balayons d’abord devant notre porte : en 1788, le comte de Choiseul, ambassadeur de France à Constantinople, ordonnait à son agent à Athènes, le peintre, archéologue et diplomate Fauvel (1753-1838), « de piller dans Athènes et son territoire tout ce qu’il y a de pillable ». Une part importante de sa collection se trouve au Louvre, où l’on peut admirer également, acquises par ailleurs, la Vénus de Milo et la Victoire de Samothrace.

Quant aux Britanniques, en 1806, l’ambassadeur de Sa Gracieuse Majesté, Lord Elgin, ne fut pas en reste. Il ramena à Londres tout ce que n’avait pas osé démonter son collègue français, en particulier les fameuses frises en marbre blanc du Parthénon, ainsi qu’une cariatide du temple d’Athéna sur l’Acropole, que les Turcs avaient transformé en dépôt de munitions…

Le destin des plaques de marbre les plus convoitées au monde, celles qui composent la frise du Parthénon, célèbre trésor grec sur le rocher de l’Acropole, à Athènes, se jouerait donc en coulisses depuis plusieurs mois, selon la presse grecque. Si les Grecs obtiennent gain de cause, la boîte de Pandore risque de s’ouvrir pour les grands musées occidentaux. Peut-être Paris, Rome, Berlin, Madrid se verraient-ils alors contraints à leur tour d'étudier le retour de leurs collections coloniales...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2023 à 22:14.
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José Meidinger
Journaliste - Ancien grand reporter à France 3 Alsace, il passe son temps entre l’Alsace et la Grèce.

Vos commentaires

18 commentaires

  1. Dans son article, Monsieur Meidinger nous dit que « peut-être Paris, Rome, Berlin, Madrid se verraient-ils alors contraints à leur tour d’étudier le retour de leurs collections coloniales… ». Je pense que dans cette déclaration, il glisse une grave erreur. Parce le fait est que l’oeuvre de l’Espagne dans ses domaines n’avait rien à voir avec cette proie impitoyable qui a joué dans Elgin ou Choiseul. L’Espagne a construit un empire, et l’Amérique qui a émergé sous la domination espagnole faisait autant partie de l’Espagne que Tolède ou Séville. Et bien la preuve les universités, cathédrales, hôpitaux, etc., qu’elle y a laissé.
    Ne me compare pas, monsieur Meidinger, l’oeuvre de l’Espagne aux Indes avec ce que d’autres pays ont fait.

  2. Bravo Monsieur Bernard Guilhon, il est bon de rappeler ces détails importants, il suffit de se souvenir de ce qu’ont fait les Talibans il y a quelques années sur ces fameuses et admirables sculptures de Bouddhas de la falaise de Bamyam en Afghanistan en les faisant sauter.
    Avant de parler de pillage, évoquons les raisons, employons un vocabulaire adapté au lieu d’avilir sans preuves, sans raison.

  3. Ah j’oubliais ! Macron va sûrement faire repentance du passé qui re-civilisait les peuples asservis par l’islam!
    C’est le seule chose qu’il sache faire : tenter en pure perte de dramatiser le passé en feignant d’ignorer le présent et en préparant sournoisement le futur des oligarques mondialistes. !

  4. Et en même temps les islamistes de Constantinople, aujourd’hui Istanbul transforment Ste Sophie en mosquée ! Difficile à comprendre : quand on est instruit et civilisé, on ne refait pas l’histoire, on s’en inspire pour éviter le renouvellement des erreurs.
    Et puis pour les mondialistes effrénés, Paris et Londres, c’est comme Athènes, non?

  5. Il y a quelques années, des rigolos demandaient même qu’on rende l’obélisque de la Concorde à L’Égypte. Avant d’apprendre que c’était un cadeau des Égyptiens…

    • Un vrai cadeau du peuple egyptien, ou un cadeau fait par un politicien corrompu ?
      Apparemment ce ne sont pas les grecs qui ont donné la frise du Parthénon aux anglais, mais les autorités ottomanes . Si les allemands pendant l occupation avaiebt donné la tour Eiffel à des étrangers , on serait peut être en droit de demander qu’elle revienne à Paris , même si elle a été « donnée « ?

  6. Après le pillage des oeuvres d’art de l’Italie par les armées napoléoniennes, la France a dû restituer celles qui avaient enrichi le Louvre. La seule qui ne regagna pas son cadre originel fut le tableau de Véronèse des Noces de Cana que sa taille dissuasive et sa fragilité empêchèrent de bouger. Mais la France donna en échange un tableau de Le Brun

  7. Si on se lance sur ce sujet, il va y avoir de la littérature et des incohérences en tous lieux. Il m’arrive souvent de constater que la France est souvent en retard sur la Belgique dans bien des matières ( age de la retraite, usage de la traction pour les trains, 80km/h sur route, passage de la poste, etc…) et l’affaire des musées n’échappe pas à la règle, en Belgique le retour au Congo des « oeuvres » d’art congolais est une question en cours depuis des années. Les méchants ont résolu la question, qu’ils reprennent leurs affaires, cela nous fera de la place, mais qu’ils en prennent soin chez eux comme on le fait ici.
    La question pour moi est vaste et complexe. Quelle est l’oeuvre pillée et quelle est celle qui a été donnée, offerte etc..?.A qui faut-il rendre l’oeuvre, les propriétaires ayant changé?, Quel est l’Etat responsable de l’oeuvre d’art? « Rendre » aux pays émergés (ahaha) oui,mais quid entre nous, avec les vols de la France en Belgique lors de la Révolution ? Qu’en est-il aussi entre nous, faire des échanges entre Louvre et Prado,est-ce utile ? Les Arabes qui occupent l’Egypte ont-ils vraiment des droits sur l’antiquité égyptienne mise en valeur par nous ? Des tableaux, des masques, des sculptures, c’est facile à transporter, mais qui des batiments ? Et si on s’occupe des oeuvres d’art, que fait on avec les ouvrages d’art, ponts,tunnels, églises, barrages ? La Tunisie ou la Turquie ont elles le droit de percevoir des droits pour visiter les ruines greco-romaines sur leurs territoires ? A qui rendre un Rubens de musée français, à la Belgique ou…à l’Espagne? Est-ce que c’est encore juste un truc pour avilir le monde occidental finalement?
    Bon, j’arrête c’est assez pour ce matin !

  8. C’est curieux cette manie, tellement répandue, d’étudier les faits historiques en les replaçant à notre époque. Vous avez rapidement évoqué l’emprise ottomane, sans insister. Les faits sont pourtant clairs : la Grèce de l’époque était turque, et donc soumise à l’Islam. Le devenir de ses œuvres artistiques était tout tracé : celui des bouddhas de Bamiyan en Afghanistan, dynamités un siècle plus tard. Ce que vous appelez « pillage » n’était autre que de la sauvegarde, car sans leur « pillage » ces fresques seraient actuellement détruites. Définitivement. Mais ça fait tellement plaisir, une dose supplémentaire de repentance.

  9. Avec les extraordinaires méthodes modernes de reproduction ce ne devrait plus être un problème.
    Mais que les Anglais nous rendent les îles des anglo -ormandes…! « territoires barbotés »(dixit de Gaulle) en 1815 par la faute de Napoléon qui a perdu ou vendu beaucoup de nos territoires.

  10. Il faudrait un jour arrêter de juger l’Histoire. Tous ces vestiges ont été reconnus par nos héritiers comme des traces de notre culture. S’ils avaient été laissés en ces lieux qu’en resterait il aujourd’hui, pas grand chose je pense. Aussi, si nous avons su préserver cet héritage, il nous appartient de le conserver car il fait maintenant parti de notre Histoire.

  11. Les biens des musées sont inaliénables. Il faudrait un loi pour changer cette règle. Je vois mal des partis accepter de livrer ce qui est devenu le patrimoine de la France

  12. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque ottomane, les plaques de marbre étaient détachées, pilées pour fabriquer de le chaux. Athènes en 1800 « n’était qu’une médiocre bourgade albanaise », pour reprendre les mots d’un voyageur anglais. La ville se limitait au quartier de Plaka et à Monastiraki avec sa mosquée au pied de l’Acropole. Le reste n’était guère que des pâturages où les bergers arvanites (albabophones) faisaient paître leurs troupeaux de moutons et de chèvres. Les Anglais et les Français ont sauvé les frises et autres de la destruction.
    Ils auraient dû rendre les œuvres dès l’indépendance de la Grèce avec Ioannis Capodistrias. L’État grec s’était engagé à les protéger, avec le soutien du peuple grec libéré. Mais, comme ils méprisaient déjà les Grecs… Capodistria a été assassiné et ils ont imposé le roi bavarois Otton pour tenir la Grèce, pays sous tutelle jusqu’à aujourd’hui avec la dictature bruxelloise.

  13. Pour ces admirables vestiges grecs, comme pour les pyramides d’Egypte ou pour les « arts premiers » (chers à Chirac) des peuplades colonisées, il ne faut pas oublier que leur pillage par les occidentaux aura eu l’immense mérite de les préserver, dans les meilleures conditions possibles. Sinon tous ces vestiges auraient disparu dans l’indifférence totale des descendants de leurs créateurs, ou auraient été vandalisés comme Palmyre par les islamistes ignares. Aussi ignares que les descendants des grecs à l’époque du pillage, qui voient maintenant le pognon qu’ils peuvent en retirer…

  14. Toutes les œuvres objets ces pillages, regrettables, sont autant d’ambassadeurs des pays victimes des faits. Si toutes les œuvres collectées dans le monde devaient rejoindre leurs pays d’origine, le rayonnement des pays concernés serait moins important. Et les musées perdraient beaucoup de leur intérêt.

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