Quand Geneviève de Fontenay quitte le plateau de Cyril Hanouna

Geneviève de Fontenay

On aime ou on n'aime pas Geneviève de Fontenay, l'ancienne directrice du Comité Miss France, mais il faut reconnaître qu'elle n'a pas la langue dans sa poche et n'hésite pas à dire ce qu'elle pense. Invitée de l'émission « Touche pas à mon poste », ce mardi 7 mai, elle a redit publiquement son opposition à la PMA pour toutes, qui doit être débattue par le Parlement, dans le cadre du projet de loi de bioéthique, avant de quitter le plateau.

Auparavant, elle a confié qu'elle échangeait des SMS avec Emmanuel Macron depuis deux ans et expliqué « ne pas le ménager ». Mais peu de chances qu'elle parvienne à convaincre un Président qui répète qu'il ne reculera pas et que cette mesure fera bien partie du projet de loi. Encore que la crise des gilets jaunes et la proximité des élections européennes aient retardé le calendrier parlementaire : preuve que le gouvernement sait que cette extension de la PMA ne passera pas comme une lettre à la poste, bien qu'il dispose d'une large majorité à l'Assemblée.

La célèbre dame au chapeau noir et blanc, prenant en exemple la PMA, déclare avoir cherché à en détourner notre Président : « Parce que », précise-t-elle, « je pense qu’il est content d’avoir un père, que Brigitte [Macron] a des enfants qui ont un père, et quand on veut faire une loi pour dire qu’à la naissance, l’enfant n’aura pas de père, à la demande des lesbiennes, je pense que ça ne peut pas marcher. » Imaginez le malaise sur le plateau ! Cyril Hanouna d'expliquer qu'il faut « être ouvert » et « vivre avec son temps », ajoutant : « S’il y a deux femmes qui ont envie d’avoir un enfant... Il y a des enfants qui ont deux papas ou deux mamans et qui sont très heureux. »

Il aurait pu ajouter que deux parents qui s'aiment, fussent-ils du même sexe, valent mieux que deux parents de sexe opposé qui se chamaillent et que l'important, c'est le bonheur de l'enfant, tous ces arguments qu'on a déjà entendus et qui tendent à justifier le mariage homosexuel et à nier ses conséquences sur la filiation. Dommage qu'il n'ait pas abordé le cas de deux hommes, pour lesquels la PMA ne peut manifestement pas s'appliquer et auxquels il ne reste, comme recours, que la GPA. Marc-Olivier Fogiel, qui vient d'être nommé directeur général d'une chaîne concurrente, pourrait lui donner des leçons.

La dame au chapeau n'est pas femme à se laisser clouer le bec. Et quand un chroniqueur lui lance que « la seule chose dont a besoin un enfant, c’est d’amour, point barre », elle décide de s'en aller, non sans avoir rétorqué : « On ne fait pas une loi pour dire à un enfant, d’office, à la naissance, qu’il n’a pas de père ! C’est quand même pas normal ! Après, la vie fait qu’on peut ne pas en avoir, mais pas à la naissance ! » Les bien-pensants doivent trouver qu'elle est bien sectaire, mais admettent qu'elle a « le droit » de ne pas être d'accord, comme s'ils lui faisaient une faveur, alors qu'elle ne fait qu'exprimer la voix du bons sens – qui n'est pas, de nos jours, la chose du monde la mieux partagée.

Après cet incident, il est peu probable que Cyril Hanouna invite un autre opposant à la PMA pour toutes. En tout cas, certainement pas Agnès Thill, cette députée LREM qui n'en finit pas de subir les mises en garde de son parti. Ne vient-elle pas de déclarer qu'elle est prête à descendre dans la rue en cas de mobilisation contre le projet de loi bioéthique ? Voilà deux femmes courageuses auxquelles on ne peut reprocher que de s'être laissées embarquer, pour l'une dans une émission de bobos parisiens, pour l'autre dans un parti où hommes et femmes ont, indifféremment, le doigt sur la couture du pantalon. Que diable allaient-elles faire dans cette galère ?

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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