Protocole de rentrée scolaire, une absurdité sanitaire

masque Coronavirus_children_mask

Dans les colonnes du JDD, Jean-Michel Blanquer vient de dévoiler le « protocole sanitaire » qui sera en vigueur dès la rentrée scolaire : masque obligatoire dès le primaire - malgré toutes les alertes des pédopsychiatres sur les difficultés psychologiques et d’apprentissage qui en ont résulté l’année dernière -, gestes barrières, nettoyage des locaux, limites du brassage des classes, interdiction de sports de contact en intérieur. Tout sera mis en place pour que, à aucun moment, les petits élèves n’oublient l’épée de Damoclès posée inutilement au-dessus de leurs têtes. Depuis maintenant dix-huit mois, la précieuse et indispensable insouciance de l’enfance n’existe plus. Sans doute l’un des pires attributs du nouveau monde.

Rien de très nouveau, donc… à part la vaccination des plus de douze ans à laquelle les élèves sont très fortement incités. « Selon les situations, soit des équipes mobiles viendront vacciner dans les établissements, soit nous organiserons le déplacement des élèves volontaires, en lien avec les services de santé, vers les centres de vaccination », explique le ministre.

C’est terrifiant. À aucun moment il n’est question de parents et même si le consentement d’un seul des deux parents est requis - cette récente mesure ne joue d’ailleurs certainement pas en faveur de la paix des familles, déjà bien éprouvée par la chaotique gestion de crise –, comment ne pas être effrayé par cette vision d’enfants « volontaires » convoyés vers les centres de vaccination ?

Sachant que les élèves cas contact et non vaccinés seront soumis à quarantaine chez eux, ce qui ne sera pas le cas des élèves vaccinés dont on sait maintenant qu’ils peuvent être néanmoins porteurs du virus et donc transmetteurs, on se demande bien, outre l’inanité de la logique sanitaire, quelle est la limite du consentement à la vaccination : quel est l’élève qui accepte de perdre des heures de cours même s’il n’est pas malade, hypothéquant sa réussite scolaire ? Quels sont les parents qui accepteraient cela ? Mais le ministre s’obstine dans cette logique discriminatoire : « Un élève non vacciné est dans une situation plus risquée qu’un élève qui a reçu au moins une injection. Lui demander de rester chez lui en cas de contact à risque, c’est le protéger et protéger les autres » : discours lénifiant et trompeur. Le « risque », chez les enfants, d’être gravement malade est quasi nul, et contracter le Covid-19 lui permet d’être naturellement immunisé. Mais surtout, faire porter sur de jeunes enfants la responsabilité de protéger des adultes ressort d’une inversion des valeurs inouïe dans l’histoire des civilisations : imagine-t-on la pression morale et psychologique que la société inflige à des enfants quand elle fait reposer sur leurs épaules la responsabilité de la santé et de la protection des adultes ?

« Il n’y aura pas de passe sanitaire à l’école », répète Jean-Michel Blanquer. Les professeurs, comme les policiers, ne seront donc pas soumis à l’obligation vaccinale. En revanche, un enfant de douze ans ou plus devra être vacciné contre le Covid-19 pour pouvoir pratiquer un sport en club ou en association sportive. Or, conditionner la pratique sportive des adolescents à une vaccination inutile pour leur tranche d’âge est une aberration sanitaire. En décembre 2020, l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (ONAPS) publiait une étude sur les conséquences du manque de pratique sportive pendant le confinement, rappelant les bienfaits de la pratique du sport chez les enfants et les adultes : diminution de 20 à 30 % du risque de développer une pathologie chronique, impact du sport sur le mental et le sommeil. Accessoirement, le temps passé à pratiquer un sport est le meilleur antidote aux écrans. Surtout, la pratique sportive participe d’une meilleure défense du système immunitaire et, donc, d’une plus grande résistance au Covid.

Ce « protocole de rentrée scolaire » a tout d’une absurdité sanitaire et les ministres Blanquer et Véran feraient mieux de revoir rapidement leur copie.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois