Plus fort que les Beatles, la Sarkomania s’abat sur les plages !

sarkozy

On dit que la nature a horreur du vide. La droite française camperait plutôt sur des positions inverses, tel qu’en témoigne l’actuelle Sarkomania estivale. À l’instar du « Podium RTL » de jadis, grâce auquel se produisaient gloires fanées et en devenir, notre Président multiplie les séances de dédicace de son livre, Passions, qui se serait déjà vendu à plus de 220.000 exemplaires.

En effet, si les carnets de commandes des imprimeurs sont pleins, quid du vide qu’incarne cet homme dont il faut se pincer pour imaginer qu’il ait pu, un jour, franchir les marches de l’Élysée tout en excipant de sa filiation gaulliste. Mais l’être humain a besoin de croire, même en l’incroyable. D’où les régulières apparitions sarkozyennes qui font dire à ses fans, à en croire Le Parisien du 6 août dernier : « Je le compare à Zidane » ou « C’est un lion, il dit les choses telles qu’elles sont ». C’est beau, non ?

Plus fort encore, toujours à propos de ces nouveaux Dix Commandements tombés, pas du Sinaï, mais de Neuilly, non point signés du Buisson ardent mais de la main de Sarkozy, cette déclaration définitive d’un lecteur ébahi, empreinte d’une piété populaire ne pouvant laisser le commentateur que sceptique, ou admiratif, selon l’humeur du jour : « C’est bien écrit et on apprend plein de trucs. » Pas de doute, la réforme intellectuelle et morale est en marche, et pour la droite, l’avenir s’annonce radieux.

Plus fort que la médaille chiraculeuse qui fit croire à des générations d’électeurs de droite que le Grand Jacques allait terrasser l’hydre socialo-communiste, il y a aujourd’hui le Petit Nicolas venu expliquer, dix ans après, ce qu’il ferait pour la France, alors qu’il a déjà été aux commandes. Par nature, la foi est irrationnelle, mais tout de même. Autrement, comment expliquer que ses sectateurs aient pu le placer en une humiliante troisième position, lors du premier tour des primaires de la droite et du centre, en 2016 ? Premier, François Fillon (44,08 %), devant Alain Juppé (28,56 %) et Nicolas Sarkozy (20,67 %).

Depuis, il est vrai que cette droite tenue pour être de « gouvernement » n’en finit plus de descendre aux enfers, tel qu’en témoigne le score de François-Xavier Bellamy aux dernières élections européennes (8,48 %). D’où l’impérieuse nécessité d’un phénix potentiel, capable de la ressusciter de ses cendres. Comme toujours, le tout est d’y croire.

Pour demeurer dans le registre de la communication de masse destinée aux juilletistes et aux aoûtiens, on notera que Carla Bruni, nouvelle reine mère du sarkozysme, ne ménage pas ses efforts. Ainsi, dans la dernière livraison de Voici, notre première dame affirme-t-elle : « On a une vie sexuelle fantastique. » Il est sûr qu’en ce domaine, Tante Yvonne ou la mère Bernadette n’auraient peut-être pas pu en dire autant.

Quoi qu’il en soit, l’électeur de droite, éternel cocu de toutes les élections, pourra au moins se consoler en se disant qu’à défaut d’avoir fait don de sa personne à la France, Nicolas Sarkozy aura offert la sienne - et ce, sans retenue - à Carla. Les patriotes seront heureux d’apprendre que ça jambonne velu dans les cabines de plage.

Ces choses écrites, il paraît que le dernier bouquin de Sarko n’est pas mal ; mais que le tout récent album de Dave serait plutôt bien, aussi.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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