Petite musique wokiste : la sœur de Mozart, victime de misogynie, vraiment ?
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Au creux de l’été, faute d’actualité, les médias s’arrachent les cheveux pour trouver des sujets. Geo en a dégoté un : « Maria Anna Mozart, sœur aînée prodige de Wolfgang, éclipsée par son frère et une société misogyne ». Il y a quelques mois, La Flûte enchantée a été soumise à une sévère réécriture wokiste. Au tour de la famille Mozart de s’allonger sur le lit de Procuste ! À vrai dire, l’histoire de « Nannerl invisibilisée » est si peu neuve qu’on la trouvait déjà sur un site féministe en 2017. Et dans un livre au titre explicite, Mozart était une femme, paru en 2022 (Stock).
« Dès son plus jeune âge, écrit Geo, la sœur aînée de Wolfgang captive les audiences européennes. Mais ses triomphes sont rapidement éclipsés par ceux de son frère… » Douée comme son père, Maria Anna, dite Nannerl, a alors 12 ans, elle est sensible au succès de Wolfgang, 7 ans, avant de modérer sa jalousie. « Nannerl ne souffre plus de la comparaison avec son frère, car elle joue si bien que tout le monde parle d’elle et admire sa virtuosité », écrit Leopold à son ami Hagenauer (août 1763, lettre 18 de l’édition française Flammarion).
Il n’échappe pas au père que Mozart n’est pas seulement un enfant prodige, phénomène destiné à cesser avec la croissance. Il est d’un tout autre talent que sa sœur, et que lui-même. Il est de son devoir de père d’aider Wolfgang à cultiver ce don. Quand il part avec lui à Vienne en septembre 1767, Nannerl, 16 ans, reste à Salzbourg avec sa mère. Elle est une musicienne douée mais pas destinée à devenir une concertiste. Ainsi en va-t-il des jeunes femmes alors, sans que la société ne soit pour cela « misogyne » (« qui hait ou méprise les femmes »).
Geo compte les messes
Fin 1767, Wolfgang puis Nannerl ont la variole. Le nombre de messes dont bénéficierait Wolfgang est, pour Geo, un « indice révélateur » de son « traitement de faveur » : « Leur père ordonne de faire dire six messes pour le rétablissement de Wolfgang… et seulement une pour celui de Nannerl ! » Primo, Leopold Mozart n’ordonne rien. Il prie son ami de faire dire des messes.
Deuzio, est-ce bien significatif ? L’année précédente, Nannerl, 14 ans, a eu la fièvre typhoïde. Au plus mal, elle reçoit l’extrême-onction. « Si quelqu’un avait pu entendre la conversation que nous avions tous les trois, ma femme, moi et ma fille, certains soirs où nous cherchions à la convaincre de la vanité du monde et de la mort bienheureuse des enfants… », écrit Leopold à Hagenhauer (lettre 42). Nannerl guérit, mais Wolfgang, 8 ans, déclare un typhus le 15 novembre. En action de grâce pour la guérison de Nannerl, le père demande cinq messes. Et pour Wolfgang, sorti d’affaire mais pas encore rétabli, neuf messes (lettre 43). Et alors ? Geo voit de la misogynie là où se révèle la piété des parents Mozart.
Des invisibilisés
Cette fautive relecture rappelle le film Camille Claudel, où l’on tenta de faire accroire au public que Rodin n’avait aucun talent jusqu’à sa rencontre avec Claudel, qu’il aurait dépouillée du sien. Ou la relation entre Robert et Clara Schumann, « invisibilisée », comme on dit, par son mari. Clara, jeune musicienne virtuose, épouse Schumann sans le consentement paternel mais avec l’accord de la cour royale de Leipzig - c'est assez libéral, pour une société « patriarcale ». Après la mort de son époux, elle sillonne l’Europe pour donner des concerts. De nos jours, elle n’est pas connue du grand public mais des gens cultivés : ce n'est pas être « invisibilisée ».
Alors, Leopold Mozart a-t-il sacrifié Nannerl ? Il a surtout sacrifié sa propre carrière pour se consacrer à celle de son jeune fils. Qui sait que Leopold Mozart a, à son actif, quelque 550 œuvres ? Qui les joue ? Qui les écoute ? S’il y a une œuvre « invisibilisée par l’Histoire », c’est celle de ce mâle blanc (de plus de 50 ans, à partir de 1769). La lecture wokiste n'est pas un prisme mais un miroir déformant.
11 commentaires
Les wokistes sont des gens qui conduisent en regardant dans le rétroviseur, et encore, un rétroviseur déformant, c’est pour ça qu’ils vont droit dans le mur. A nous de ne pas nous laisser entrainer.
Pour le coup, sans faire le woke à déterrer une génie à chaque coin de rue, n’est-ce pas misogyne d’avoir empêché Fanny Mendelsohn et Clara Schumann d’avoir une carrière, que la société « c’est comme ça » les ait poussées à simplement aider leur mari/frère ? Pour la soeur Mozart, je ne sais pas mais l’invisibilisation des femmes au 19e dans l’art est assez certaine. Je pense qu’un peu de modération ne peut nuire à nos idées.
Le wokisme a ceci de navrant qu’à défaut de proposer des modèles de société d’avenir au profit des femmes (qui, reconnaissons-le, en ont encore largement besoin), se contentent – ce qui est plus facile – de fustiger le passé et son patriarcat.
Mais oui, c’est certain, Mozart a tout volé à sa sœur, et j’affirme aussi que les légions romaines, les tribues gauloises, les troupes d’Alexandre le Grand,les armées de Napoléon étaient en majeure partie composées de femmes et que les hommes ont falsifié la vérité au détriment des femmes.Et puis allons plus loin donc, ces mêmes armées citées, étant composées de femmes étaient elles aussi composées en majorité de femmes africaines, mais là,je pense que nos féministes blancs et blanches ne seront peut être pas d’accord car ça devaluerait fortement la place des femmes ( blanches) dans leur esprit.Heureusement que le ridicule ne tue pas.
Les parents Mozart ne sont plus là pour se défendre, l’intention d’utiliser l’histoire a des fin idéologiques est insupportable.
« En Histoire, le politiquement correct se traduit par trois symptômes principaux.
– En premier lieu l’anachronisme, le passé étant jugé, selon des critères politiques, moraux, mentaux et culturels d’aujourd’hui.
– En deuxième lieu le manichéisme, l’Histoire, étant conçue comme la lutte du bien et du mal, mais un bien et un mal définis selon les normes actuellement dominantes.
– En troisième lieu l’esprit réducteur, la complexité du passé étant gommée au profit d’un ou deux facteurs explicatifs qui, en occupant tout le champ de la connaissance, faussent l’interprétation de la réalité » (Jean Sévilla, Historiquement incorrect).
Excellent
Patriarcale serait peut-être mieux choisi que « misogyne » pour qualifier la société, mais l’anecdote du nombre de messes peut bien être un témoin de l’ inégalité sociale des sexes.
Le nombre de messes offerte est un marqueur de l’attachement, et visiblement le père Mozart était plus attaché à Wolfgang qu’à sa grande sœur. Reste à savoir pourquoi. Cela peut être purement financier, la différence de sexe et de talent musical des enfants se rejoignant pour assurer au mieux les vieux jours du père. Cela peut avoir une autre raison, et Wolfgang était peut être par exemple plus affectueux avec son père que sa sœur, ou plus fragile….
Clara Schumann : Oui/ femme douée, courageuse, et excellente et ingénieuse compositrice en plus de ses talent de concertiste. Mais son mari, génie (les Kreslerianas), comme les autres cités .Il est vrai que le génie a besoin d’être libéré de soucis domestiques pour s’épanouir, mais nonobstant : cerveau mâle = cerveau matheux ( en principe) . La musique est , entre autres, une forme de mathématiques : voyez Bach !
Le wokisme a le don de tout déformer , de tout salir , le wokisme est laid et vulgaire , envieux de ce qui est beau et talentueux , deux choses qu’il n’aura jamais .
Normal, c’est un des enfants naturels du socialisme.