Pendant la guerre en Ukraine, le conflit du Haut-Karabakh continue… et modifie les équilibres
Les chaînes d'information en continu n'en parlent pas, sans doute parce que la Turquie ne fait pas partie, officiellement, de l'axe du Mal. Pourtant, la guerre du Haut-Karabakh, guerre à épisodes qui oppose l'Azerbaïdjan à l'Arménie pour le contrôle de la région éponyme, ne s'est pas arrêtée. Mais que voulez-vous, l'Arménie est un petit pays, la Turquie un pays puissant, l'Azerbaïdjan son vassal, et (surtout, serait-on tenté d'écrire) les uns sont chrétiens, les autres musulmans, et on sait bien que seul l'un des deux camps est autorisé à se battre. Saturés d'émotion facile, d'éditions spéciales hypercaloriques, les Occidentaux n'avaient plus assez de larmes pour le Haut-Karabakh lorsqu'en 2020, au terme d'une guerre hybride pleine d'enseignements, les Azéris ont écrasé les Arméniens.
Ils ont détourné le regard quand les « soldats » azéris, si peu dignes de ce nom tel que nous nous le représentons, ont violé devant la caméra cinq combattantes arméniennes, qu'ils ont ensuite démembrées. Une bouleversante tribune de Simon Abkarian dans Le Figaro a essayé de faire réagir l'Europe - en pure perte, évidemment. Le gaz azéri est le même que le gaz russe, mais on s'en rend moins compte dans l'opinion publique, alors, la condition des femmes, on en parlera une autre fois.
Avec autant d'habileté que de cynisme, les Azéris envoient maintenant des manifestants protester contre « l'exploitation illégale de minerais » au Haut-Karabakh. Ces « manifestations » prétendument écologiques, qui montrent à quel point la Turquie et ses satellites sont forts de nos faiblesses morales et de nos totems du jour, bloquent l'unique corridor qui relie le Haut-Karabakh (arménien, donc) au reste de l'Arménie. Pour mettre un terme à ces pressions, les Azéris exigent l'ouverture d'un corridor symétrique qui relierait, cette fois, l'Azerbaïdjan au Nakhitchevan. Un échange de bons procédés, si on veut, entre deux pays voisins, dont l'un (l'Azerbaïdjan) oppresse pourtant l'autre (l'Arménie), désormais menacé de disparition, depuis plus de dix siècles.
À Bakou, la diplomatie nie toute implication et met ces débordements sur le compte de la force d'interposition russe, présente depuis 2020 pour sécuriser le corridor de Latchine. Plus généralement, la Russie montre en ce moment même son impuissance à tenir deux fronts simultanés (l'Ukraine, en haute intensité, et l'Arménie, en interposition), tandis que la Turquie développe son influence en tant que puissance d'équilibre régionale et que l'Arménie, aux abois, ensanglantée par des persécutions qui laissent, semble-t-il, l'Union européenne totalement indifférente, se rapproche de l'Iran, son puissant voisin, au mépris de tous les schémas traditionnels.
Si l'Europe est absente, la France, on s'en doute, ne lèvera pas le petit doigt pour l'Arménie. Ainsi va le monde.
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27 commentaires
Azerbaïdjan, Arménie, encore une guerre mise sous le tapis, cette fois directement par l’UE et l’Allemagne qui manipule les contrats à son profit, pendant ce temps là on laisse le peuple arménien en souffrance des conneries de ceux qui se baptisent pompeusement des « élites », mais eux mangent à leurs faims, et se chauffent sans restrictions, et notre président se balade, tous les 3 jours un Paris Doha, puis le 4ème jour un Paris Le Caire pour jouer à la bataille navale avec les gars et filles du Charles de Gaulle, pas de danger qu’il aille réveillonner avec nos soldats gars et filles qui sont en Roumanie, là-bas ils sont logés que la misère ne voudrait pas, tout comme nos soldats de l’opération sentinelle qui eux aussi sont casernés dans des greniers sur des lits de camps. On nous a vendu l’UE pour ne pas faire la guerre, mais on la fait par pays interposés, Azerbaïdjan, Ukraine, on livre des armes et on négocie des contrats gaz et électricité pendant ce temps là ukrainiens et arméniens se font massacrer, aucune parole de paix dans les discours occidentaux.
Quelle tristesse ! Pourquoi les valeurs chrétiennes du peuple arménien sont elles jugées superfétatoires par une Union Européenne qui s’empresse de vouloir défendre les pseudo valeurs démocratiques au nom desquelles le peuple ukrainien serait digne de recueillr notre coopération… ???
la politique ne fait pas (ne peut pas faire) de sentiment, mais s’appuie sur des rapports de force …