Nouveau coup d’État au Venezuela : info ou intox ?

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Mercredi 26 juin, en fin de journée, le ministre de la Communication et de l’Information, le docteur Jorge Rodríguez, annonçait qu’un nouveau coup d’État militaire orchestré « par des militaires retraités et en exil » avec l’aide des États-Unis, de la Colombie et du Chili avait été déjoué ! Il ajoutait même que l’assassinat du président Nicolás Maduro faisait parti de ce plan, évoquant, de plus, ce qui ajoute à la confusion, « une incursion d'agents terroristes spéciaux israéliens, nord-américains, colombiens »...

Cette nouvelle déclaration assortie d’aucune preuve tangible est en fait révélatrice, non seulement de la tension qui règne actuellement à Caracas dans les sphères du pouvoir, mais aussi de l’intense activité diplomatique secrète qui règne après l’échec du coup d’État prévu le 2 mai dont nous avions décrypté ici les causes.

Depuis, malgré les nombreuses déclarations à l’emporte-pièce de Juan Guaidó comme celles d’une partie de l’entourage du président Donald Trump sur le thème « Todas las opciones están sobre la mesa » (toutes les options sont sur la table), il semblerait que Washington ait écarté dorénavant la tentation d’une action militaire, même chirurgicale, complexe à mettre en œuvre, compte tenu de la configuration géographique du pays, du poids de l’armée, de la présence de forces supplétives type collectivos, de la présence russe et surtout cubaine, qui pourrait non seulement échouer mais peut-être conduire à un Cuba bis !

À l’encontre des solutions préconisées par le duo de choc, le secrétaire d’État Mike Pompeo et le conseiller à la sécurité John Bolton (dont les jours pourraient être comptés après les événements d’Iran), à la manœuvre depuis des mois mais qui ont échoué à imposer une solution efficace et rapide, malgré la mise sur orbite de Juan Guaidó.

D’autant plus que Washington se méfie maintenant de l’entourage de Guaidó, après les révélations, le 14 juin dernier, du journal PanAm Post sur des détournements de fonds de deux de ses collaborateurs destinés à couvrir des dépenses occasionnées par les défections de militaires vénézuéliens lors de la tentative d’entrée de l’aide alimentaire en février et leur accueil en Colombie ...

De fait, en dehors des réunions quasi officielles de « médiation » qui se sont déroulées sans résultat, en mai, à Oslo, entre les représentants de Nicolás Maduro et ceux de l’opposition, selon certaines indiscrétions, d’autres rencontres, plus secrètes celles-là, continuent de se dérouler sous l’égide de Washington, en République dominicaine. Avec, pour objectif, de tenter de trouver une solution négociée de « transition » avec toutes les composantes politiques, sociales et militaires du Venezuela, en particulier les chávistes historiques qui se sont écartés progressivement de Maduro, mais aussi les « partisans » de l’actuel président Maduro actuellement aux commandes d’un certain nombre d’institutions dont, bien entendu, l’armée.

En perspective, le départ de Nicolás Maduro dont l’exil est demandé, la création d’un gouvernement de transition le plus ouvert possible pour préparer des élections à court terme et la préparation d’un plan de sauvegarde financier auprès des institutions financières afin de commencer à résoudre la crise vénézuélienne.

C’est dans ce contexte, où les Cubains ne semblent plus avoir la main, que ce nouveau coup d’État vient d’être annoncé...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:59.
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Jean-Marie Beuzelin
Écrivain et journaliste

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