Nous y sommes ?
Qui pourra encore faire croire que les élections régionales ne sont pas, avant tout, un enjeu national qui n’a rien à voir avec l’élection de la rosière du village ? La preuve par Jean Castex qui annonce, ce dimanche, dans le JDD, que « la majorité présidentielle répond très favorablement à l’initiative de Renaud Muselier ». Le baiser de la mort !
En clair, la liste de la secrétaire d’État Sophie Cluzel en PACA n’aura fait qu’un petit tour et puis s’en va pour intégrer quelques éléments dans celle conduite par le président sortant de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Une annonce que l’on pourrait qualifier, en termes militaires (puisque c’est la mode, actuellement), de « surprise stratégique ». En effet, on ne s’attendait pas à ce débouché du Premier ministre au petit matin dominical à travers le marigot politique du moment. Un déboulé qui prend de court et crée une certaine sidération, pour ne pas dire la discorde, chez les LR. Cet accord devenait un secret de polichinelle, mais on ne voyait pas l’annonce venir de si haut. Chapeau, Jeannot !
Sophie Cluzel, qui n’a jamais été qu’un second couteau dans cette bataille qui a commencé avant l’heure, doit se contenter d’un tweet à la hauteur de son destin national : « Notre région doit rester la ++ belle de France. Provence-Alpes-Côte d’Azur symbolisent la Lumière, l’audace créatrice, l’ouverture et le vivre ensemble. Ces valeurs sont incompatibles avec le repli, la haine de l’autre que porte le RN. » Il ne manque rien, tout y est. Si, peut-être : le retour aux « heures les plus sombres »… La petite-nièce d’un chef du secrétariat général du maréchal Pétain à Vichy ne pouvait pas moins en ralliant la liste d’un petit-fils de compagnon de la Libération ! Donc, le seul « projet politique » pour cette néophyte en politique est de battre le Rassemblement national. Peut-être un peu court, aujourd’hui, pour envoyer du rêve.
Chez beaucoup de LR, c’est la consternation. On parle des hiérarques, les électeurs, on verra en juin. Éric Ciotti : « Jusqu’au bout, j’ai espéré leur sursaut, celui d’amis qui se perdent. Ils ont osé l’inacceptable. » Des mots très durs. Et si on les met en parallèle avec sa déclaration à Valeurs actuelles (« Ce qui nous différencie globalement du Rassemblement national, c’est notre capacité à gouverner »), on se dit qu’il n’y a pas loin de la coupe aux lèvres, si tant est que l’on érige la cohérence en vertu politique. Nadine Morano : « Ce sera sans moi. » Et Julien Aubert, député de Vaucluse, président des LR de ce département depuis quelques jours et conseiller régional sortant, réagit ainsi sur sa page Facebook : « Si cet accord devait être acté, il signerait la fin des Républicains comme parti d’opposition à Macron. Il ne serait pas seulement un accord à portée régionale mais bien une expérience à portée nationale. »
Mais ne faisons pas semblant de découvrir la Lune. Cet accord crevait les yeux depuis des mois. Il suffisait de se pencher un peu sur la politique locale - d’où tout part, finalement - pour voir qu’il était écrit en filigrane. Un exemple ? Dans le Vaucluse, une ancienne socialiste, reconvertie chez les LR depuis quelques années, conseillère régionale sur la liste de Renaud Muselier (ex-Estrosi), était élue adjointe au maire de Carpentras, en juillet 2020, sur une liste soutenue par La République en marche. Renaud Muselier l’a ensuite propulsée à la présidence du tout nouveau parc régional du Mont-Ventoux. Durant ces mêmes élections municipales, elle faisait face au suppléant de Julien Aubert à l’Assemblée nationale, Julien Aubert son collègue de liste LR au conseil régional ! Vous suivez ? Pas très clair, quand même.
Si. Depuis ce dimanche 2 mai. En tout cas, si l’on en croit l'ancien ministre Thierry Mariani, tête de liste Rassemblement national-Droite populaire aux élections régionales, qui réagit à l’annonce de Jean Castex : « Maintenant, c’est clair et incontestable », illustrant son propos du logo des LR et de LREM fusionnés…
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