Nos évêques sont-ils encore les gardiens de la foi chrétienne ?
À entendre le président de la Conférence des évêques, on pourrait croire que la religion catholique n'est qu'une religion parmi d'autres. Quand, dans un entretien au Point, il exprime sa position sur les abus sexuels dans l'Église, sur le déclin des valeurs chrétiennes dans notre société, sur la révision des lois bioéthiques ou sur la réalité de la cathophobie, on a l'impression d'une sorte de fatalisme. Au point qu'on peut se demander si nos évêques, hormis quelques exceptions, sont encore les gardiens de la foi.
Mgr Pontier a raison de souligner la culture de la "discrétion" et du "secret" », qui a longtemps conduit l'Église à traiter avec une prudence excessive les affaires de pédophilie. Mais on peut regretter qu'il ne soit pas plus combatif pour dénoncer la confusion entretenue entre la pédophilie et l'homosexualité. Non pas pour excuser les errements, mais pour démentir les arrière-pensées de ceux qui se servent de ces tristes affaires pour discréditer le catholicisme.
De même, il s'accommode de la disparition de la "matrice catholique" qui a longtemps structuré la société française : moins de mariages, plus de divorces, affaiblissement de la cellule familiale... Il rend bien vite les armes : "Auparavant, en France notamment, la société civile s'organisait par rapport aux repères chrétiens. Ce temps est fini, comme on l'a vu lors des débats sur le mariage pour tous.". L'Église doit-elle considérer ce phénomène comme inéluctable ou chercher à l'enrayer ? Il ne s'agit pas de condamner au nom des valeurs chrétiennes, mais de démontrer que ces valeurs peuvent tendre, sans contrainte, à l'universalité.
Quant à la révision en cours des lois de bioéthique, il ne suffit pas de dire que "l'avis du Comité national d'éthique [est] assez surprenant" ni de "constater que le législateur n'est plus inspiré par l'éthique chrétienne" et que "l'objection de conscience sera [désormais] plus fréquente dans la vie quotidienne". Les évêques doivent montrer l'exemple et ne pas renoncer à faire entendre leur voix dans le débat. Ce n'est pas rompre avec le principe de laïcité que d'y contribuer avec conviction.
Quand Mgr Pontier déclare, à propos des profanations d'églises, bien plus nombreuses que les actes antisémites ou islamophobes, que "nous ne sommes pas victimes de cathophobie", qu'il établit une distinction entre "les vraies profanations" et les "actes imbéciles", ajoutant qu'il faut "connaître les intentions des auteurs autant que possible", on s'aperçoit que l'esprit jésuitique, que critiquait Pascal dans Les Provinciales, reste toujours influent. Cependant, les profanations continuent : la semaine dernière, dans l'église Saint-Vincent de Naintré (Vienne), les hosties consacrées, le ciboire et la lunule qui étaient rangés dans le tabernacle ont été dérobés.
On ne s'étonne pas, dans ces conditions, que le président de la Conférence des évêques ne soit pas gêné par le port d'un "hijab de running". Sans doute n'a-t-il pas compris que le port du hijab, même dans le sport, qu'il soit volontaire ou imposé, est une façon de développer les manifestations extérieures de l'islam dans notre société. On ne s'étonne pas, non plus, qu'il ridiculise les lanceurs d'alerte qui, pour mettre en garde contre l'immigration, invoquent "la défense des racines chrétiennes".
Tout se passe comme si une partie de nos évêques ne considérait plus le catholicisme que comme une opinion parmi d'autres. On aimerait bien que, de temps en temps, ils manifestent leur foi avec moins de tiédeur. Sans même aller à le faire comme les moines de Tibhirine ou les chrétiens d'Orient.
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