Napoléon et cet esclavage d’un nouveau genre…

La formule se veut brillante et n’est qu’une libation – une de plus - au wokisme ordinaire du chef de l’État, ce déconstructeur. « Commémorer sans célébrer » Napoléon à l’occasion du bicentenaire de sa mort parce qu’il aurait rétabli l’esclavage et qu’il serait misogyne. Un petit détour par le dictionnaire nous rappelle, s’il en était besoin, que la nuance entre les deux termes est infime, ténue, qu’ils sont synonymes. Mais l’intention est claire, transparente : il faut reléguer aux oubliettes le de mortui nihil nisi bonum[1] pour se démarquer de l’esclavagiste et du misogyne. Ce n’est qu’une relecture inepte et anachronique de notre passé historique.

Qu’Emmanuel Macron le veuille ou non, Napoléon est célèbre. Son œuvre est immense, sa trace incontestable. On peut déplorer qu’il soit le Français le plus connu à l’étranger, le plus emblématique. Peut-être auriez-vous préféré Saint Louis ou Jeanne d’Arc ou, dans d’autres domaines, Blaise Pascal ou Jean Racine ou Georges de La Tour. Ou sainte Thérèse. Ou encore Louis XIV ou même Robespierre. C’est une affaire de choix personnel, mais les étrangers voient d’abord Napoléon. C’est leur droit, et ils sont sans doute moins subjectifs que nous, moins encombrés par nos querelles internes.

Bientôt va retourner en discussion à l’Assemblée nationale le projet de révision de la loi de bioéthique ouvrant la procréation médicale assistée aux femmes seules ou en couple, au nom de l’égalité. La probabilité pour que cette loi soit votée en pleine crise sanitaire qui complique et réduit l’expression d’une opposition légitime est déjà un déni de démocratie (un de plus), mais passons. Parce qu’une prétendue égalité motive que ce nouveau droit soit accordé par la loi, il sera dès lors impossible de refuser aux couples d’hommes la gestation pour autrui. Certes, peu vont l’avouer aujourd’hui, préférant se réfugier dans d’hypocrites dénégations. Qui est dupe ? Faute de sable, l’engrenage du mariage « pour tous » qui entraîne l’adoption « pour tous » entraînera sous peu la PMA sans père puis la GPA. La Manif pour tous le claironne à s’en rendre aphone depuis 2012 et les faits lui donnent raison.

Nous verrions alors ces deux grandes figures morales qui se sont élevées contre l’esclavage, Mme Christiane Taubira et M. Emmanuel Macron, devenir les fourriers de ce triple esclavage d’un nouveau genre qui frappe surtout les femmes. Triple : il fait de l’enfant un objet de commerce, des ovocytes acquis aussi, et il réduit en servitude la mère porteuse. Diantre, quel progrès ! Bêtise ? Hypocrisie cynique ? L’apocryphe de Jacques-Bénigne Bossuet[2] « Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » peut conclure ce propos.

 

[1] Des morts : rien sinon le bien

[2] La citation ayant inspiré cet apocryphe est « Mais Dieu se rit des prières qu'on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s'oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je ? quand on l'approuve et qu'on y souscrit, quoique ce soit avec répugnance » (Histoire des variations des Églises protestantes, 1688).

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