Lundi soir, un campement sauvage de migrants, place de la République à Paris, a été démantelé par les forces de l'ordre. Des associations et des journalistes présents sur place se plaignent des violences policières. Gérald Darmanin lui-même demande des comptes au préfet Lallement.

Que s'est-il réellement passé ? Alors qu'ailleurs, en France, les dégradations se multiplient, quelle est la stratégie du ministère ?

Réponse de Michel Thooris au micro de Boulevard Voltaire.

 

 

Hier soir place de la République, des migrants et les associations qui les encadrent ont organisé un campement sauvage. L’évènement a bien sûr été couvert par la presse. La police est intervenue pour disperser les migrants, les associations et toutes personnes présentes. Dans la mêlée, certains journalistes ont été pris à partie par des policiers. Concrètement, que s’est-il passé hier soir ?

 

Il ne s’est rien passé de nouveau sous le soleil. Les collègues ont été envoyés pour un maintien de l’ordre et ils ont agi sur instruction du préfet de police Lallement qui encadrait les manifestations. Nos collègues ont eu ordre de disperser la foule par la force. Ils ont donc évacué la place de la République pour appliquer les consignes du préfet de police.

 

 

Il y a eu les paroles et les intentions et maintenant il y a les actes. Ce qui s’est passé hier soir, est-ce une application des velléités de Gérald Darmanin ?

 

Aujourd’hui, on ne voit plus vraiment clair dans le paysage politique français. Ce matin, nous avons été un peu étonnés de la position du ministre de l’Intérieur. Il demande une enquête et a désavoué le préfet de police de Paris. Nous avons le sentiment qu’il va encore y avoir un jeu de chaises musicales qui va s’opérer au niveau de la préfecture de police de Paris et probablement un préfet de police plus proche des réseaux sarkozystes qui devrait logiquement remplacer monsieur Lallement. Je ne vois pas comment monsieur Darmanin, après le tweet qu’il a fait, ne pourra pas prendre une sanction qui conduira à l’éviction du préfet Lallement.

 

 

Êtes-vous convaincu qu’à l’issue de cette crise, Lallement sera contraint à la démission ?

 

Cela me paraît inévitable, sinon cela voudrait dire que le ministre Darmanin le désavouerait. Je suppose qu’il a publié un tweet dans la précipitation. S’il a effectivement positionné cette demande d’enquête et qu’il a condamné l’action de son préfet, le ministre de l’Intérieur ne peut pas conserver dans ses effectifs un préfet qui ne lui obéirait pas ou qui ne suivrait pas les consignes sécuritaires. Je ne vois pas comment aujourd’hui, la tête du préfet de police de Paris pourrait être épargnée.

 

 

On ne comprend pas vraiment la stratégie du ministère…

Il n’y a pas vraiment de stratégie. Depuis une trentaine d’années, tous les moyens sont mis pour sécuriser les lieux sensibles et notamment protéger la capitale pour plein de raisons. C’est là où se trouvent les touristes. C’est là où se trouvent les bobos qu’il faut traiter de manière privilégiée par rapport aux petites gens de la province. On a toujours eu un taux de policiers beaucoup plus important à Paris qu’en province. Aujourd’hui, vous avez par exemple la maire Anne Hidalgo qui est sur des positions pro migrants. Elle défend les migrants, mais elle ne supporte pas de les avoir dans la capitale. Parallèlement à cela, nos collègues à Montbéliard ne peuvent pas faire grand-chose quand des dizaines de dealers sont déchaînés dans les rues et qui s’en prennent aux caméras de vidéo surveillance. Si les collègues étaient intervenus, il y aurait eu ouverture du feu de la part des dealers et ouverture riposte de nos collègues. On aurait évidemment eu des morts. La police aurait été mise en cause et aurait été accusée d’avoir provoqué les dealers. Dans la situation sécuritaire et judiciaire actuelle, les collègues ne pouvaient rien faire d’autre que de laisser passer l’orage.

La défenseur des droits vient encore de demander des sanctions contre les collègues dans l’affaire Théo. Je ne sais pas si elle a bien regardé les vidéos, mais ces dernières attestent que les collègues n’avaient absolument pas commis de faute dans cette affaire. Pourtant la défenseur des droits réclame des poursuites disciplinaires contre les collègues. On marche sur la tête !

 

Pour un policier, faire son travail et incriminer des criminels est une provocation ?

 

C’est évident. Dans le cadre de l’affaire Théo, les collègues sont intervenus pour déranger le trafic de stupéfiants. Théo a été blessé et on ne sait même pas s’il a réellement été blessé par un collègue ou si la blessure était liée à un autre évènement. Aujourd’hui, la défenseur des droits accrédite le fait que les collègues n’ont commis aucune violence malgré les vidéos surveillance. Et aujourd’hui, on demande quand même des sanctions contre les policiers. On est dans une situation où tout a été inversé. Les policiers ne peuvent plus intervenir. À la moindre intervention, ils sont immédiatement accusés de provocations et de violences policières.

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24 novembre 2020 à 12:09

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