Michel Thooris : « Les criminels sont galvanisés par un sentiment d’impunité totale et par la mise en cause systématique des policiers »
Deux policiers ont été très gravement blessés par balle dans la nuit de mercredi à jeudi, à Herblay (Val-d'Oise). Ils ont été extirpés de leur véhicule et passés à tabac, puis les trois agresseurs ont ouvert le feu sur les deux policiers après leur avoir saisi leur arme de service. Le pronostic vital d’un des deux policiers est engagé.
Réaction de Michel Thooris au micro de Boulevard Voltaire.
Hier, à 20 h 20, dans la commune d’Herblay, dans le 95, non loin de Cergy-Pontoise, deux individus ont agressé deux de vos collègues. Ils leur ont pris leur arme de service et leur ont tiré dessus. En savez-vous davantage ?
D’après les informations que l’on a et que l’on peut donner à ce stade de l’enquête, c’est que nos deux collègues étaient en planque dans le cadre d’une surveillance pour une affaire criminelle. Ils ont été repérés par trois individus qui, par surprise, leur sont tombés dessus et les ont très violemment agressés. Ils ont réussi à leur dérober leur arme de service pendant leur agression et leur ont tiré dessus à plusieurs reprises. Un collègue a reçu quatre ogives dans le corps et l’autre collègue en a reçu deux. À l’issue, les individus ont pris la fuite avec les armes de service des fonctionnaires, un poste acropole radio et un téléphone portable de l’un des collègues.
On a peine à croire comment des individus peuvent être suffisamment déterminés pour s’attaquer à vos collègues par surprise et aller jusqu’à leur voler leur arme. Est-ce courant ou assistons-nous vraiment à davantage de détermination de la part des délinquants ?
Ce n’est ni du courage ni de l’inconscience ni de la détermination. Ces individus sont galvanisés par un sentiment d’impunité totale du criminel et d’une mise en cause systématique des fonctionnaires de police. Nous demandons à France Police - Policiers en colère une réforme claire de la légitime défense avec la suppression, dans le corps du texte de loi, des notions de proportionnalité et d’absolue nécessité. Aujourd’hui, les policiers ne peuvent pas tirer. C’est un problème majeur !
Nous sommes, jour pour jour, à la date anniversaire de ce qu’il s’est passé à Viry-Châtillon. Pour rappel, des collègues avaient été pris à partie et se sont fait immoler dans leur véhicule, sans qu’ils aient riposté avec leur arme de service. Aujourd’hui, nous sommes dans la même situation. Les fonctionnaires de police se sont fait tomber dessus, mais comme ces individus ne les ont a priori pas braqués avec une arme à feu, ils n’ont pas pu faire usage du feu.
Par conséquent, le législateur demande à nos collègues de se battre avec eux à mains nues, puisqu’ils ne peuvent pas faire usage des armes. Bilan : nos collègues se sont fait voler leur arme, se sont fait tirer dessus et sont gravement blessés. Cette situation n’est plus acceptée par les policiers et ne le sera plus par une partie de la population qui finira, malheureusement, par se faire justice elle-même.
On a un décalage entre ce que fait le législateur et la réalité des policiers.
Malheureusement, la classe politique est complètement déconnectée de la réalité de la société. Nous sommes dans du débat philosophique et sémantique. On est dans des mots et des intentions. Concrètement, sur le terrain, on ne voit rien arriver. Qu'y a-t-il eu de fait depuis l’affaire de Viry-Châtillon ? On a eu un mouvement massif des policiers en colère dans la rue et on nous a promis d’être entendu. Les pouvoirs publics ont dit qu’ils allaient prendre les choses en main.
Pourtant, aujourd’hui, des faits similaires se reproduisent. Des fonctionnaires de police sont violemment attaqués avec la volonté déterminée de les tuer en leur tirant dessus par arme à feu.
Évidemment, M. Darmanin est dans une posture où il condamne. Derrière ces discours de fermeté, on attend les actes. Les discours de fermeté, nous les entendons depuis des années. Concrètement, personne ne prend à bras-le-corps ce dossier de la légitime défense qui doit être réformé de manière urgente. Il faut que les policiers puissent tirer les premiers et qu’ils puissent ne pas être inquiétés lorsqu’ils font usage du feu dans des circonstances dramatiques.
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