Le communiqué est tombé ce jeudi matin. Le maire socialiste de Lille, ancienne secrétaire du PS et jusque-là restée silencieuse, vient apporter son soutien à une union avec La France insoumise. Celle qui a toujours combattu « les extrêmes » met un mouchoir sur ses convictions pour s’asseoir du côté de Jean-Luc Mélenchon. Elle encourage sur Twitter cet « accord pour s’opposer à la droite et l’extrême droite, il implique que chacun fasse des pas vers l’autre. Depuis trop longtemps à gauche, nous n’en avions plus l’habitude, décourageant beaucoup de celles et ceux qui plaçaient en nous leurs espoirs d’un avenir meilleur. »

Pourtant, rien ne prédisposait l'ancien ministre à rallier la cause insoumise, tant Jean-Luc Mélenchon et Martine Aubry n’ont jamais feint leurs désaccords. Les petites phrases assassines prononcées de part et d’autres ont, semble-t-il, été oubliées ; le camp patriote pourrait bien s’en inspirer. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon traitait le maire de Lille de « mante religieuse » (Franceinfotv, 25/3/2011). De son côté, cette dernière n’hésitait pas à déclarer, en 2019, devant 500 personnes réunies lors du meeting de campagne des européennes de Raphaël Glucksmann : « Avec Jean-Luc Mélenchon et sa stratégie plan A, plan B, on ne sait plus où on va... On sait qu'on va dans le mur, c'est certain » (Europe 1, 22/5/2019). Et lors du défilé du 1er mai 2021, lorsque le candidat insoumis s’était déplacé à Lille, Martine Aubry, restée en marge du cortège, cinglait : « Ici, c’est le 1er Mai, c’est pas la fête à Mélenchon. On est là pour soutenir les travailleurs. S’il veut nous voir, il sait où on est. » Ajoutant : « L’union nationale sera possible le jour où ces messieurs ne se regarderont pas le nombril et regarderont les gens qui ont besoin d’eux » (Libération et AFP, 1/5/2021).

C'est donc sans se regarder le nombril, mais avec quelques précautions tout de même, que Martine Aubry a communiqué son soutien : « Chacun imagine que cet accord ne correspond pourtant pas en tout point à mes convictions profondes. » La fille de Jacques Delors se décrit « profondément européenne », elle insiste sur cet ADN des socialistes, tout en étant contrainte de soutenir un parti qui prône la désobéissance à l’Europe. Car in fine, quels que soient les points de divergence (question européenne) ou de convergence (pouvoir d’achat, retraite à 60 ans, défense des services publics, égalité hommes-femmes, climat…) entre Martine Aubry et Jean-Luc Mélenchon, pour Arnaud Benedetti, « c’est une question de survie. Le Parti socialiste se trouve dans une situation anomique, il est obligé de négocier pour tenter de continuer à exister et maintenir un groupe parlementaire. » Le politologue souligne la réussite de Jean-Luc Mélenchon, qui « a imposé son rapport de force à la gauche, enjambant le second tour de l’élection présidentielle en demandant aux électeurs de l’élire Premier ministre. Il a transformé l’élection législative en une élection de déprésidentialisation du régime. » Si Arnaud Benedetti évoque un « objet politico-médiatique qui fonctionne pour l’instant indéniablement », il rappelle toutefois qu’une « dynamique médiatique n’est pas forcément synonyme de dynamique électorale ».

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05 mai 2022 à 19:51

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52 commentaires

  1. Une partie de l’electorat d’Aubry à Lille est islamo gauchiste elle a été réélue avec les voix des musulmans fort nombreux à Lille avec qui elle est en attitude de soumission. Le PS aurait du se presenter seul comme le PRG car il aurait recuperé tout ceux qui chez EELV le PC et le PS sont refractaires à la dictature Melenchon. Au lieu de cela pour le deuxieme tour des appels à voter contre Melenchon et ses soumis seront lancés ils perdront leurs sieges et leur honneur.

  2. Couleuvres fraiches à vendre ! Qui en veut ? Madame ? je vous en sert un bon bol ? Extraordinaire ! Sous Mitterand, le PS faisait l’union de la gauche, mais en position de force. Là? C’est le contraire ! Le PS est obligé de le faire en se vassalisant à Mélanchon !

  3. La « mère tape-dur » aurait des convictions ? A part sa suffisance et sa morgue, je ne lui connaît pas grandes qualités. Enfin, ce que j’en dis, j’abomine cette clique socialiste qui a largement contribué à notre déclin.

  4. Elle critiquait et détestait Mélenchon ? et la voilà qui le rejoint ! serait elle de nouveau dans la « chopine » et aurait elle peur de perdre sa place en or ???

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