Marlène Schiappa, c’est pour quand, le sacre à Reims ?
Emmanuel Macron devrait peut-être dire à Mme Schiappa de ne pas trop en faire. Ça va finir par être gênant. Invitée de France Culture, le 7 mai midi, la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes nous a livré une explication de l’engouement des Français pour Brigitte Macron : "Le besoin d’incarnation de quelque chose qui nous dépasse." Réaction d’un des journalistes qui ne devait pas s’attendre à celle-là : "Pour Brigitte Macron, ce serait l’incarnation de quoi ?" Réponse de notre psychanalyste ministérielle : "Je pense que les Français ont besoin d’avoir un couple à leur tête. Alors, je sais que c’est politiquement incorrect de dire cela, mais je crois que l’explication est quasi freudienne. On est un peuple romanesque, romantique, et qui aime avoir un couple à sa tête."
Durant des siècles - tout du moins, depuis Descartes ! -, on nous a dit que les Français étaient un peuple cartésien – ce dont on peut douter, parfois, faut l’admettre. Mais ça, c’est fini. Désormais, les Français sont un peuple romanesque. Ainsi en a décidé Emmanuel Macron : "En réalité, je ne suis que l’émanation du goût du peuple français pour le romanesque" , déclarait-il dans son interview récente à la NRF. Et Mme Schiappa, qui est un bon petit soldat, lorsqu’elle va à France Culture, répète tout simplement les propos de son maître. Elle en rajoute même : "romantique", maintenant. Bon petit soldat ? Disons plutôt, pour rester dans le ton, une parfaite dame de la Cour. Attention : pas une courtisane ! Chacun sait, en effet, que si le féminin du faisan est la faisane, celui du courtisan n’est pas la courtisane.
À ce sujet — Le beau roman d’Emmanuel Macron
Alors, comme ça, les Français ont besoin d’un couple à leur tête ? Notons que la secrétaire d’État se garde bien de nous dire de quel type doit être ce couple : homme-femme, femme-homme, homme-homme, femme-femme, etc. Mais d’où nous sort-elle cela ? Des sondages auraient-ils été commandés sur ce sujet ? Une nuée de politologues de plateau télé a-t-elle observé puis théorisé la chose ? Que nenni. Pas besoin de tout cela. Marlène Schiappa nous apporte les preuves sur le plateau radio. Elles sont d’une évidence et simplicité quasi bibliques : "Et c’est la vérité." Et si c’est la vérité, dans ce cas… "C’est ce qu’on observe. Il suffit de voir le nombre de courriers et la popularité de Brigitte Macron." Pourquoi aller chercher plus loin. L’avenir des sciences politiques est décidément dans les magazines people. Si j'étais un journal du soir considéré comme sérieux jusqu’à pas longtemps, je me ferais du souci grave.
Mais allons plus loin. Si ce besoin est donc avéré – et il l’est, puisque Mme Schiappa l’a dit -, pourquoi ne pas imaginer une énième modification de la Constitution. Une vraie, cette fois-ci, une qui a de la gueule et intéresserait ces Français si romantiques. Pour le coup, on la leur soumettrait par voie référendaire et le bon M. Larcher n’aurait qu’à aller bouder dans son coin de palais du Luxembourg. L’article 1 de la Constitution pourrait devenir : "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et romantique" (l'adjectif "romantique" remplacerait avantageusement celui de "sociale", décidément daté). Mais ce n’est pas tout. Évidemment, on « constitutionnaliserait » le conjoint du chef de l’État. Ainsi, l’article 5 du titre II s'écrirait : "L·e·a Président·e de la République et s·on·a conjoint·e sont élu·e·s pour cinq ans au suffrage universel direct." Célibataires s’abstenir…
Après ? Après, on passera à l’étape suivante. Et on trouvera bien une petite place pour Mme Schiappa dans l’un des carrosses du cortège qui se rendra à Reims.
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