Marine Le Pen pour la suppression du passe sanitaire !

Certains, pas toujours bien intentionnés, ont parfois reproché à Marine Le Pen une sorte de silence quant à l’actuelle pandémie. Invitée par Pascal Praud sur CNews, ce mardi 7 décembre, la candidate a rappelé quelques faits tout en levant autant d’incertitudes.

Oui, elle était pour le premier confinement. Oui, elle était pour le port du masque. Oui, même si cela n’a pas été évoqué lors de cette émission, elle était pour la fermeture des frontières. Il y a donc eu confinement, même si mis en place de manière foutraque – les grandes surfaces demeuraient ouvertes, au contraire des petits commerces, autrement moins propices à la propagation du virus. Il y a eu masques, mais tardivement, sachant qu’il était désormais impossible de les fabriquer en France, délocalisation mondialisée oblige. Quant aux frontières, voilà qui venait contredire la doxa dominante exigeant la libre circulation des marchandises, des capitaux et des êtres humains.

Pour le reste, Marine Le Pen se dresse contre d’autres interdictions à venir, tout en proposant la suppression du passe sanitaire, devenu passe vaccinal à l’en croire, tout comme elle est opposée à la vaccination des enfants, sauf pour cas de comorbidité - l’asthme, par exemple. Et c’est là qu’interrogée sur de simples mesures administratives, elle tente de tirer le débat vers le haut, refusant la « caporalisation » du pays : « Vous êtes un peuple adulte, mettez le masque quand c’est utile. […] Les gens doivent faire preuve de bon sens. » Il est un fait que, contrairement à ce que tendrait à laisser croire la propagande gouvernementale, les Français ne sont pas que des enfants.

L’écueil, pour la candidate, est évidemment d’éviter de tomber dans le piège médiatique tendu : antivax à tendance paranoïaque contre tyrannie sanitaire à tous les étages. Un Florian Philippot, lui, en a fait son cheval de bataille, sachant que politiquement, il n’a plus rien à perdre, tel un autre électron libre - Jean-Marie Bigard, pour ne pas le nommer. Car cette histoire est vite passée du semi-rationnel au demi-émotionnel, si ce n’est au tout-irrationnel, avec implantation de puce 5G téléguidée par compteur Linky et Reptiliens à la manœuvre.

Pour sortir de ces polémiques ayant souvent le don de ruiner l’ambiance des repas familiaux et tenter d’analyser la situation de plus haut, on constatera qu’à l’occasion de son meeting dominical de Villepinte, Éric Zemmour a réussi à troquer sa défroque de commentateur politique pour une tenue présidentielle, revenant même sur ses sorties inconsidérées sur l’islam, assurant aux Français de confession musulmane que si la France était leur mère, ils avaient vocation à devenir ses frères ; soit ce que Le Pen, père et fille, s’acharnent à répéter depuis des décennies.

De son côté, Marine Le Pen, de simple candidate à l’élection présidentielle, a démontré chez Pascal Praud qu’elle avait tout d’une possible présidentiable ; la nuance n’est pas mince.

Et c’est là que cette campagne présidentielle pour de bon entamée – même si l’actuel Président n’est pas encore officiellement candidat – commence à devenir bigrement intéressante. D’un côté, les électorats d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen, distincts mais complémentaires. De l’autre, ceux de Valérie Pécresse et d’Emmanuel Macron, se situant dans les mêmes eaux sociologiques (bourgeoisies de centre gauche et de centre droit) ayant, par nature, vocation à se cannibaliser l’une l’autre. Puis, la grande inconnue : quid des voix s’étant portées sur Éric Ciotti au premier tour de la primaire des LR ? Son adversaire aurait dû, tous suffrages confondus, les siens et ceux de ses soutiens, atteindre les 75 %. Elle n’en a fait que 60 % : une victoire, certes, mais qui n’a rien non plus d’un triomphe.

Cela, Zemmour et Le Pen paraissent l’avoir compris, se ménageant maintenant l’un l’autre. Bref, si la vie est souvent faite de surprises, le jeu n’a jamais été aussi ouvert. Suite au prochain épisode…

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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