Mais c’est une révolte ? Non, Sire, c’est Didier Raoult !
Devinette. Sur le plateau de BFM TV, Patrick Cohen, Jean-Michel Aphatie et Alain Duhamel sont assis autour d'une table et vous confrontent en chœur au cours d'un débat. D'expérience, quelle serait la probabilité que les arguments que ce trio avancerait collent le mieux à la réalité ? Petit indice : Christophe Barbier se joint à la meute. Deuxième indice (et c'est le dernier) : Daniel Cohn-Bendit entre dans la danse et vous balance un « ferme ta gueule ».
Inutile de vous faire un dessin, il en est presque ainsi pour de nombreux débats ; quand les pasteurs de l'inquisition cathodique se trouvent unanimement confédérés contre leur interlocuteur, lorsque vous rajoutez quelques experts triés sur le volet, saupoudrez d'un chouia de regards dubitatifs, quelques rictus circonspects, c'est qu'il y a anguille sous roche et que, foi de Pavlov, vraisemblablement le bouc émissaire en question est dans le bon. Mais l'inverse peut-il être également vrai, toute personnalité adoubée par le cheptel devrait-elle, jusqu'à preuve du contraire, être digne de la plus grande méfiance ?
Dans ce contexte, le cas Didier Raoult ne devrait pas faire exception et ne déroge manifestement pas à cette règle tacite des us et des coutumes de la propagande officielle. Bête exemple, l'émérite Patrick Cohen, en deux semaines de confinement, s'autoproclame bible de référence en virologie et a l'outrecuidance de contredire un professeur bac +12 (au bas mot) avec 42 ans de bouteille à son actif et ayant participé à plus de 3.000 publications scientifiques recensées à ce jour (source PubMed).
Comment expliquer cette ostensible « raoultophobie » émanant de la caste dominante - médiatique, scientifique et politique - en opposition manifeste à une « raoultophilie » populaire ? « Mais c’est une révolte ? - Non, Sire, c’est Didier Raoult ! » Alors que, par les faits, les gestions de crise du coronavirus par la République apaisée et la Corée du Sud sont ce que le Minitel 1re génération est au dernier smartphone dernier cri, alors que la dangerosité du coronavirus résiderait principalement dans le fait qu'il fait le jeu du populisme ou que l'effet secondaire le plus néfaste de la chloroquine semblerait que celle-ci soit une molécule peu rentable, un engouement à l'égard d'un toubib à la dégaine et aux manières peu conventionnelles vient contrecarrer le cynisme chronique d'une classe politico-médiatique dont la courbe de crédibilité commence à croiser durablement celle des chroniques satiriques du Gorafi.
Cet engouement pour Didier Raoult ne traduit-il pas également - et peut-être surtout - cette recherche inconsciente d'un peuple oublié pour un homme providentiel qui mettra à mal cette caste républicaine, le synonyme d'une révélation sur les failles et la faillite collectives de nos élites autoproclamées. Éric Zemmour, à ce sujet, décrypte un conflit entre Didier Raoult, qui ne fait qu'appliquer le serment d'Hippocrate et un traitement efficace, et la technostructure médicale, sans compter les susceptibilités et les querelles d'ego ainsi que des conflits d'intérêts avec Yves Lévy (Monsieur Agnès Buzyn) et ancien président de l'INSERM. Cette polarisation autour de Raoult traduirait un clivage entre les modernes et les « populistes » sous-tendant un conflit sociologique économique et politique, sans alternative crédible. Dans cette actualité épidémique, Raoult, en plus d'être iconoclaste et dire tout le contraire des médias, fait figure de Gaulois réfractaire et incarnerait, à juste titre, cette alternative pour tous ces gens rebelles et irrévérencieux en France, ceux qui se méfient des élites et des discours révélés.
Cette « raoultophilie » ne serait-elle pas le symptôme révélateur d'une colère qui n'arrive pas à trouver son incarnation politique. Et si l'homme providentiel était, tout simplement, un quidam qui ne serait pas issu de la caste politique ? Les paris sont ouverts.
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