
C’est un serpent de mer qui agite depuis des lustres les milieux européens : la bataille du siège du Parlement européen que se disputent Strasbourg et Bruxelles. Une bataille qui ressemble de plus en plus à une défiance grandissante envers la capitale alsacienne où les… « dépités » députés européens - coronavirus oblige - n’avaient pas remis les pieds pendant plus d’an alors que les traités prévoient explicitement que le siège du Parlement européen est à Strasbourg et que son assemblée devrait y siéger au moins une fois par mois.
Si ce n’est que le Parlement européen à Strasbourg, c’est un peu la danseuse des institutions européennes, véritable tonneau des Danaïdes pour la ville comme pour les finances publiques... La transhumance mensuelle entre Bruxelles et Strasbourg de milliers d’élus (fonctionnaires, journalistes et autres traducteurs) coûte cher. En outre, l’hémicycle strasbourgeois reste inoccupé 317 jours par an pour un coût de fonctionnement de plus de 114 millions d’euros par an « auxquels s’ajoutent 5 millions si l’on compte les déplacements des membres de la Commission européenne et du Conseil, lorsqu’ils sont auditionnés par les députés » (selon le magazine Challenges du 31/1/2021).
Alors, Strasbourg, danseuse des institutions européennes ? Certes, mais derrière l’offensive menée contre Strasbourg se profile, en réalité, l’emprise sournoise que la Commission de Bruxelles cherche à étendre depuis toujours sur le Parlement, seule instance européenne issue de la légitimé du suffrage populaire. Au fil des traités européens, de Rome à Lisbonne, le Parlement de Strasbourg s’est en effet octroyé de nouveaux pouvoirs qui vont au-delà de la simple chambre d’enregistrement initiale. Le Parlement de Strasbourg peut obliger la Commission de Bruxelles à se soumettre et même la démettre, via une motion de censure. C’est la voix des peuples et de leurs élus qui s’exprime à Strasbourg et c’est la seule raison qui justifie, à mon sens, le maintien du Parlement européen à Strasbourg.
Vouloir remettre en cause le siège strasbourgeois du Parlement européen, inscrit dans les traités, procède en fait d’une volonté délibérée d’étouffer toute véritable renaissance européenne sur les bords du Rhin.
22 janvier 2022
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