Macron à Jérusalem : la France des croisades se rappelle à nous…

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On va dire qu’il en a encore trop fait, comme d'habitude, qu’il a voulu mettre ses pas, non pas dans ceux du Christ, mais de Jacques Chirac, qu’il en a rajouté en prenant l’accent anglais de son prédécesseur, alors que son anglais est réputé impeccable, bref, qu’il a fait un coup de com’. Un pâle remake de ce qui se passa, le 22 octobre 1996, lorsque Jacques Chirac interpella des policiers israéliens qui étaient entrés dans le domaine de l’église Sainte-Anne de Jérusalem : « What do you want, me to go back to my plane and back to France ? » On dit tout cela, aujourd’hui, et Yann Barthès n’a pas pu s’empêcher de se moquer d’Emmanuel Macron faisant sa scène dans les vieilles rues de Jérusalem, devant la porte de cette même église Sainte-Anne. Peut-être. Mais il n’empêche...

Il n’empêche que l’église Sainte-Anne à Jérusalem, sur laquelle le drapeau tricolore flotte, c’est la France, et que les policiers israéliens n’ont rien à y faire. Que cette église, avec trois autres sites - l’Eléonora, le Tombeau des rois à Jérusalem-Est, le monastère d’Abou Gosh à l’ouest de la ville -, fait partie du domaine national français en Terre sainte. Comme un rappel du passé croisé de notre pays. Curieusement, la très laïque République française sait, à l’étranger, se rappeler les racines chrétiennes de la France ! Certes, ces quatre bouts de terre française en Terre Sainte ne sont pas la propriété de la France depuis les croisades mais seulement depuis le milieu du XIXe siècle. Mais ils ont été donnés à notre pays par les sultans d’Istanbul, souverains à l’époque en Palestine, dans la tradition des capitulations accordées pour la protection des pèlerins.

Sainte-Anne, située à l’entrée de la via Dolorosa, est dédiée à la mère de la Sainte Vierge. Elle fut construite par les croisés vers 1140. Selon la tradition, Marie serait née ici. Toujours dans ce domaine Sainte-Anne, on y trouve aussi la piscine de Bethesda où le Christ guérit un paralytique, épisode raconté par Jean dans son Évangile. Le site de l’Eléonora, lui, est situé au sommet du mont des Oliviers. C’est là qu’on y trouve la grotte du Pater où Jésus venait se réfugier et où il aurait enseigné la prière du Notre Père à ses disciples. Abou Gosh est une ancienne commanderie croisée bâtie au XIIe siècle, abandonnée aux musulmans en 1187 et offerte à la France par le sultan ottoman à la fin du XIXe siècle. Enfin, le Tombeau des rois. Ce monument, qui ne relève pas de la tradition chrétienne et qui serait, en fait, le mausolée d’une princesse originaire du Kurdistan convertie au judaïsme vers l’an 30 de notre ère, fut acheté par les banquiers français d’origine israélite Pereire, à l’époque où des archéologues français entreprirent des fouilles. Les frères Pereire l’offrirent à la France en 1886.

Pour revenir sur ce passé chrétien de la France, assumé, ici à Jérusalem, par la République, évoquons la célébration des « messes consulaires ». En effet, tout nouveau consul général, dans les trente jours suivant sa prise de fonction, assiste à une messe au Saint-Sépulcre, selon un privilège remontant à 1535, sous François Ier. À cette occasion, un protocole très strict est appliqué avec les honneurs liturgiques accordés au consul général : offrande de l’eau bénite, prie-Dieu, encensement du consul général immédiatement après le célébrant, lequel s’incline devant le consul général après avoir quitté l’autel, chant du Domine salvam fac rem publicam à la fin de l’office, etc. Le Te Deum est ensuite entonné à Sainte-Anne.

Alors, on peut se féliciter qu’Emmanuel Macron ait voulu défendre la souveraineté de la France sur ce petit bout de terre française et chrétienne. De là à ce qu'il voie les choses en plus grand, on n'en est pas encore là...

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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