Louis Boyard, héros solitaire face à l’empire Netflix

Louis Boyard

La nouvelle série Netflix s'annonce passionnante. Boyard's Scream en est le titre. Dans un couloir, un homme s'avance en gesticulant. C'est l'unique héros de cette fiction hors du commun. À tout moment, un monstre d'extrême droite peut surgir et le dévorer tout cru. Gardant son sang-froid, l'homme continue sa marche lente vers la sortie. Arrivera-t-il à temps ? C'est un résumé de la saison 1. Dans ce court extrait, Louis Boyard pousse un cri déchirant. Le géant Netflix, qui est également à ses trousses, a décidé de mettre un terme aux partages de comptes. Du jour au lendemain, des millions de jeunes qui bénéficiaient d'un partage de compte gratuit avec une tierce personne vont se retrouver privés d'intrigues policières, d'histoires d'amour, de comédie sociétales et moult scénarios haletants. Que vont-ils devenir ? Livrés à eux-mêmes, ils pourraient venir troubler l'immense sérénité qui règne en ce pays, lancer des mortiers d'artifice sur les commissariats, agresser les passants... Brrrr... Avant d'arriver à la porte qui le délivrera du mal, le héros annonce qu'il a décidé d'estourbir le géant américain par une de ces techniques dont il a le secret. Quelle est-elle ? Vite la saison 2.

Nous retrouvons l'inspecteur Boyard. Il s'apprête à révéler les détails de l'assaut meurtrier qu'il compte livrer contre la multinationale. Le suspense est intenable. Sur les canapés de France et de Navarre, les jeunes en question piaffent d'impatience de découvrir son plan machiavélique. Dans le couloir, diverses explosions retentissent. « Explosion de l'inflation, explosion de la pauvreté », explique l'agent 007 Boyard. Par chance, il n'a pas été touché par les déflagrations. Alors qu'elle s'est produite à quelques mètres de son QG, il n'a pas entendu l'explosion de violence qui ravage le pays. Pas vu non plus. C'est à cela qu'on reconnaît les plus fins limiers de la gauche. S'adressant directement à l'ennemi qu'il tutoie familièrement, l'insoumis dévoile le coup de massue qu'il va assener sur sa tête : « Tu veux interdire le partage de comptes. Je vais déposer une loi pour t'empêcher de le faire. » Y a plus de saison. Joe Boyard est incontrôlable. À ce stade d'insoumission, il peut déclencher l'arme nucléaire pour détruire une fourmilière. Le suspense monte d'un cran. La porte par laquelle il peut parvenir à sortir de ce couloir infesté de fantômes zemmouriens n'est plus qu'à quelques pas. Il a encore le temps d'annoncer qu'il va déposer des projets de loi pour en finir avec la multiplication des attaques à l'arme blanche et les fusillades qui touchent désormais les petits bourgades. Il peut le faire, il va le faire. Oui ? Non ? Trop tard. La séquence s'arrête, laissant le pauvre Boyard à son sort funeste. La série se termine sur un écran noir symbole de l'avenir que nous réserve l'inanité ambiante. Lors de la saison 49.3, nous verrons le navrant Boyard tenter de sortir du long couloir étroit de sa pensée. Les pronostiqueurs sont pessimistes.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

Vos commentaires

18 commentaires

  1. Ce « petit » monsieur a un ego inversement proportionnel à son talent. Ds qqs mois plus personne ne parlera de lui.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois