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À une époque où les repères se troublent, s’effacent et finissent même par disparaître, il est opportun, voire urgent, que des livres – si tant est qu’ils soient lus, ne serait-ce que par un petit nombre qui, répondant aux imprécations de leurs auteurs, ne craindra pas ensuite de chevaucher dans l’orage et d’affronter les éléments les plus impétueux – exhortent à revenir aux racines.

L’opus de Julien Langella est de ces livres qui claquent, fouettent, giflent et laissent KO debout tous les timorés, les pusillanimes et autres bourgeois capitulards et faisandés.

Julien Langella est aussi le cofondateur de Génération identitaire – récemment dissous par décret en Conseil des sinistres –, porte-parole d’Academia Christiana et chroniqueur au quotidien catholique Présent.

Dans ce livre de plus de trois cents pages, l’auteur s’élance, sabre au clair, à l’assaut des ennemis du peuple. Il avertit : son livre est un manifeste « d’idées brutes et sans concessions » destiné à « extirper les racines du mal ». Il défend le peuple et en tient pour un populisme « radical » contre le « populisme de contrefaçon » ou la « camelote populiste ». Le tout sous les auspices décapants de Dominique Venner, José Antonio Primo de Rivera, Charles Maurras, Gustave Thibon, Karl Polanyi… Du brutal !

Les bonnets de nuit et autres siroteurs de tisanes vespérales trouveront certainement à redire devant cette fougue explosive d’une jeunesse indocile, insolente, impétueuse et impavide. Mais nous l’aimons comme cela, cette jeunesse, parce qu’en faisant le pari courageux et himalayen de conserver l’héritage reçu indivis de nos aïeux, elle se porte aussi au secours, sans atermoiement, de « la petite fille Espérance », « car on ne travaille jamais que pour les enfants », rappelait Charles Péguy dans un beau texte célèbre de 1912. « Qui tient la jeunesse tient l’avenir ! » assenait Léon Daudet.

Servi par un style vigoureux et un humour pince-sans-rire alternant avec de caustiques sous-entendus, l’essai est une petite bombe à fragmentation qui explose à chaque page. Natif de la décennie quatre-vingt-dix, Langella fustige, néanmoins, quarante années de compromissions en tous genres, d’abandons multiples, d’idéologies mortifères, d’amoralisme et de corruption politique, de forfaiture, de turbo-capitalisme de prédation, de libéralisme laxiste, de dévoiements libertaires, de bouleversement anthropologiques, de marchandisation du monde, de paupérisation et de tiers-mondisation de notre Vieux Continent, d’abêtissement et d’avachissement intellectuel et moral, de déspiritualisation, de déracinement, de haine de soi, de cancel culture

Langella, comme tous ceux de sa génération, a été sacrifié sur l’autel de cette idéologie orwellienne qui embrasse tous ces maux : le mondialisme, soit cette équation infernale du progressisme, du transfrontiérisme et du christianisme messianique déthéologisé. Mais il n’existera jamais de Nuremberg des crimes de la modernité contre la civilisation, l’identité et les communautés naturelles.

Toutefois, notre nouveau du Gesclin, ne se laissant pas aller à l’aboulie ni au défaitisme, s’empare à bras-le-corps des problèmes du moment et suggère de reconquérir nos libertés en menant une authentique révolution populiste. « Soyons des éveilleurs de peuples », exhorte-t-il ; réinvestissons du sens dans nos vies et nos choix du quotidien. L’auteur plaide pour une éthique du radicalisme, seule manière de sauver le peuple. Il faut créer les mythes mobilisateurs et désigner les ennemis.

Un essai revigorant et roboratif. En un mot, révolutionnaire-conservateur.

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04 mai 2021 à 9:30

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