José Maria Ballester fait le point sur les arrestations et les mandats d'arrêt lancés par la justice espagnole.

Les leaders sont tout d'abord M. Puigdemont, l'ancien président de la generalitat et qui a été destitué vendredi dernier, ensuite les membres de son gouvernement, madame Forcadell, ancienne membre du Parlement, et enfin les membres du bureau du Parlement régional catalan.
Monsieur Puigdemont se trouve en ce moment à Bruxelles avec quatre de ses anciens ministres régionaux. Un mandat d'arrêt européen a été lancé contre eux. Le reste des membres du gouvernement restés en Espagne a été placé en détention provisoire. Parmi eux, il y a monsieur Junqueras, le vice-président de monsieur Puigdemont.

A votre avis, monsieur Puigdemont va-t-il être condamné ?

En tout cas, il va être jugé. Il faudra voir son attitude dans les prochaines heures. Il est désormais engagé dans une guerre d'usure politique et médiatique avec les autorités espagnoles. Il est en train de jouer au chat et à la souris. L'image qu'il donne en ce moment est pitoyable. S'il ne rejoint pas ses cinq anciens ministres désormais en prison, et qu'il reste à Bruxelles, cela ne sert pas sa cause. C'est une stratégie très risquée.

Après l'indépendance de la Catalogne, joue-t-il désormais plutôt sa propre liberté ?

Oui et non.
Oui, dans la mesure où les autorités espagnoles ont repris la main avec la mise sous tutelle de la Catalogne vendredi dernier, la loi est appliquée et les juges ont commencé leur travail.
Cependant, la capacité de mobilisation du mouvement indépendantiste reste extrêmement puissante. De plus, il y a des élections dans un mois et demi. Nous sommes le 2 novembre, des élections régionales ont lieu en Catalogne le 21 décembre.
Dans les médias madrilènes, il y a une certaine euphorie parfaitement perceptible.

Le climat social en Catalogne est-il encore tendu ?

Il n'y a pas eu d'agitations dans les rues ces derniers jours, mais je ne vous garantis rien pour les jours à venir.
Si je peux me permettre une opinion personnelle concernant le traitement judiciaire, je n'aurais pas mis la quasi-totalité des anciens ministres en prison. On ne peut pas dire que ce soit un traitement en douceur. J'aurais plutôt fait comme pour l'ancien ministre de Puigdemont le plus modéré, monsieur Santi Vila. Il a obtenu une mise en liberté contre une caution de 50.000 euros.
M. Santi Vila était le dernier contact qu'il restait à Madrid dans l'ancien gouvernement Puigdemont. Il est le favori pour être tête de liste pour le parti démocratique catalan, le parti qui était au pouvoir jusqu'à la semaine dernière, lors des élections du 21 décembre.

Les indépendantistes catalans ont-ils l'intention de mettre un modéré à leur tête pour calmer le jeu ?

Ils ont jusqu'au 11 novembre pour présenter une candidature. S'il ne va pas en prison, il sera probablement tête de liste. Les 9 jours qui restent vont être déterminants.
Il faudra regarder avec attention l'attitude de la Belgique. Cette affaire est en train d'avoir des répercussions là-bas. La Nouvelle alliance flamande est en train de faire pression sur le Premier ministre Gerard Michel pour que le mandat d'arrêt à l'encontre de monsieur Puigdemont ne soit pas mis à exécution.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:09.

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03 novembre 2017 à 8:18

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