Les tenues d’Ersilia Soudais, collection 2022-23 : une leçon de dignité façon NUPES

Ersilia Soudais

On se souvient peut-être qu'Ersilia Soudais, députée LFI de Seine-et-Marne, avait déjà donné, à l'Assemblée nationale, une leçon de goût français en se pointant vêtue d'un short blanc peu flatteur et de collants noirs. Récidive, cette semaine, avec un jean troué qu'elle accompagne d'une écharpe tricolore. Le député Karl Olive, ami d'Emmanuel Macron, a tweeté sur ce non-événement. Mathilde Panot lui a vertement répondu qu'il était un troll « vulgaire et sexiste ». Ce pourrait être une non-affaire, mais c'est au contraire quelque chose de capital. Il ne s'agit pas d'une affaire de chiffons mais d'une affaire d'ordre ontologique. Être député du peuple est, pour ceux qui aiment la République, un titre de noblesse : déshonorer cette charge, c'est reconnaître que toute la pompe de Marianne est en carton-pâte. Ce n'est probablement pas l'avis de LFI.

Représenter le peuple est un honneur. Ca ne veut pas dire « s'habiller comme le peuple » et, d'ailleurs, le peuple rêve souvent de pouvoir s'habiller correctement. Les exemples de dignité abondent, et ils ont déjà été largement cités ici sur le même sujet : le puisatier du roman de Pagnol, qui s'endimanche pour aller à la ville ; les paysans qui n'avaient qu'un costume, et le portaient pour aller à la messe ; Cinéas, envoyé de Pyrrhus à Rome, qui disait que le Sénat avait l'air d'une « assemblée de rois »... Désormais, les serveurs sont mieux habillés que les clients, les huissiers mieux habillés que les députés, les juniors mieux habillés que les patrons. S'habiller mal est devenu, à rebours de ce qui se faisait autrefois, un marqueur bourgeois : les prolos s'achètent leur premier costard mal coupé quand ils passent un entretien d'embauche. Les patrons de la « tech », eux, portent de coûteuses baskets blanches et des sweats à capuche.
Au risque de paraître un peu ringard, l'élégance (basique) n'est pas un signe de vanité ni un attribut bourgeois. Au contraire : c'est une marque de respect vis-à-vis des autres, une façon de montrer que la personne que l'on a en face de soi n'est pas n'importe qui et que, pour paraphraser le catastrophique slogan de McDonald's, on n'est pas « venu comme on était ». On ne se marie pas en survêtement, on n'est pas enterré en slip : quand ça compte, on retrouve le sens de la dignité. Simuler la décontraction ou le naturel, par ailleurs, comme le font les tenants du nouveau monde, c'est en faire trop pour montrer quelque chose que l'on n'a pas vraiment en stock (un peu comme les macronistes avec la compassion, les racailles avec la virilité ou les working girls avec l'épanouissement - par exemple). C'est du chiqué.
On s'est beaucoup moqué des députés du Rassemblement national, parfois venus de milieux simples, et à qui on avait demandé de porter des cravates et des tailleurs. On ne rit plus, aujourd'hui. On trouve ça bien. Eux aussi, d'ailleurs, sans aucun doute. Avez-vous remarqué, lorsque vous portez ne serait-ce qu'une veste, comme tout le monde est plus souriant et plus aimable autour de vous ? Ce n'est pas de l'obséquiosité, c'est du respect qui répond à du respect. Faites l'expérience si vous n'y croyez pas.
Pour finir, le point Godwin du sexisme, véritable manière, pour Mathilde Panot, de montrer qu'elle a tort car elle n'a plus d'arguments, est totalement inadapté : un homme en jean troué aurait été encore plus vilipendé. Les femmes ne sont pas assujetties, contrairement aux hommes, au port d'une succession d'uniformes adaptés aux circonstances de la vie. Elles peuvent faire ce qu'elles veulent. C'est un privilège dont Ersilia Soudais aurait dû user avec discernement, plutôt que de s'enlaidir et d'enlaidir sa fonction.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

22 commentaires

  1. L’image de la France en surpoids, en jean troué, baskets et T-shirt informe : pas une faute de goût, mais la volonté de coller aux codes vestimentaires progressistes venus d’outre Atlantique, et qui parle à une population  » wokisee »
    Il ne manque qu’un téléphone dans une main et une part de pizza dans l’autre et le tableau sera complet !
    NUPES a plus d’un tour dans son sac…

  2. Il est des comportements récents autrement plus répréhensibles que la tenue vestimentaire correcte de cette député.

  3. Ah oui, Ersilia Soudais !
    Cette élue Nupes qui ferait presque passer « Sibeth Ndiaye » pour la version française de « Anna Wintour », pour celles et ceux qui connaissent un peu le monde de turpitudes en tous genres de la monde !
    C’est certain, les turpitudes de la mode version Nupes n’ont rien à envier à la vulgarité officielle régnant en Macronie.

  4. Le « laisser-aller » conduit à une mauvaise allure, une vilaine démarche, qui au final renvoie une vulgaire image de soi. Mais pourquoi s’en étonner; nous sommes entrés dans un monde de laideurs qui ne peut choquer que ceux qui ont connu ce qui faisait la France ! Le pire est d’arriver quelque part « habillé «  on fait l’effet d’un « paquet cadeau » ! On éprouve une certaine gêne. Il n’y a plus de mode, jeans et baskets, c’est l’uniformisation !
    alors que paradoxalement ce mot est rejeté pour l’école. Et que les commerçants ne se plaignent pas, pas de souliers, d’escarpins, de tailleurs, de jolies robes… bientôt le chemise de Mao à moins que ce ne soit plus probablement la burqa !

  5. Je disais toujours à mes jeunes collaborateurs lorsqu’ils allaient faire leur premier cours devant des étudiants en médecine,  » si vous voulez être respectés, sdoyez respectables ». C’est un principe de base.

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