Anastasie, c’était le petit nom donné à la censure naguère. Un prénom tellement ringard que l’on pourrait croire que la censure, c’est dépassé, ça a rejoint les dinosaures au cimetière des pratiques abolies. Et pourtant, il y a des surprises.

Acte I : le 2 janvier, Alliance VITA lance une campagne d’affichage. Les quatre visuels sont sobres et les slogans simples : la société progressera à condition de respecter la maternité (cliché d’une jeune femme)/la paternité (d’un jeune homme)/la vie (d’un ovule)/la différence (d’un handicapé). Rien de trash, tout est logique et coule de source.

Acte II : à 15 h 30, le troll de compétition LGBT Claire Underwood (@ParisPasRose) balance un tweet dénonçant la campagne en lui imputant un délit d’entrave à l’IVG et dénonce une atteinte à la PMA sans père (qu’elle désigne comme une PMA pour toute). Elle invite à écrire à la régie MEDIATRANSPORTS. Elle ira même jusqu’à informer, à 17 h 50, la patronne de cette régie que des vandales seraient en instance de customisation du mobilier urbain. Si ça n’est pas une menace, ça y ressemble bigrement !

Acte III : à 17 h 37, Anne Hidalgo affirme, sur Twitter, être profondément choquée et indignée par une campagne anti-IVG et anti-PMA. Elle reprend trois visuels, dont celui sur la maternité : est-il dans son programme d’approuver la GPA et de le faire savoir sous peu ?

Acte IV : Valérie Descamp, de MEDIATRANPORTS, indique retirer les visuels et impute un dysfonctionnement aux grèves.

Acte V : Twitter, le réseau social de l’oiseau bleu, devient une volière où est dénoncée cette nouvelle censure avec force pépiements.

Alors oui, c’est lassant de voir le camp du bien auto-proclamé, de la bien-pensance incarnée, qui n’hésite pas à user de tous les moyens même les plus déloyaux pour faire taire les odieux dissidents, ces déviants qui osent ne pas abonder dans son sens. La référence qui vient à l’esprit de ceux qui ont quelques vagues souvenirs d’histoire, c’est le « pas de liberté pour les ennemis de la liberté » d’un certain Louis-Antoine de Saint-Just, guillotiné aux cotés de Robespierre.

Vous souvenez-vous de l’affaire du concert des prêtres censurée par cette même régie en charge de l’affichage dans les transports en commun parisiens, en 2015 ? Un concert qui était donné au profit de l’Œuvre d’Orient. Au nom d’une vision ayatollesque de la laïcité, la régie avait censuré la mention « Pour les chrétiens d’Orient » qui figurait sur les affiches. Un « very bad buzz » s’en était suivi, heureusement. Manuel Valls, parfois capable d’une réaction inspirée par le bon sens, avait sifflé la fin de la récréation dans un tweet un brin autoritaire. La RATP avait battu en retraite.

Je ne sais pas quelle sera la réaction d’Alliance VITA vis-à-vis de la régie publicitaire, mais j’imagine que la rupture sauvage d’un contrat d’affichage doit induire un droit à dédommagements très conséquents. Peut-être qu’il pourrait, en outre, être mis fin à l’anonymat de @ParisPasRose qui diffame Alliance VITA en imputant un délit d’entrave qui n’a aucune consistance juridique.

Mais face à cette censure que ne renierait pas un régime totalitaire, il y a une réplique possible : le scandale qui devrait révolter chacune des personnes ayant connaissance des faits et qui serait attachée à la liberté d’expression. Internet est fait pour propager rapidement ce genre de tollé. Comptons-nous ! Et bonne année à tous ceux qui me font l’honneur de me lire.

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03 janvier 2020 à 9:26

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