Les cartes sont-elles rebattues pour 2022 ?

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Beaucoup de bavardages journalistiques évoquent les résultats du premier tour des élections départementales et régionales en faisant l’impasse sur le fait essentiel : l’abstention de plus de deux électeurs sur trois. Que les sortants soient pour la plupart confortés n’a pas beaucoup de sens, même si cela aura des conséquences dans l’année qui vient en vue des présidentielles. Il est primordial que les « représentants » élus par les électeurs en représentent effectivement le plus grand nombre, sous peine de voir gravement altérée leur représentativité, et donc leur légitimité. Les élections d’hier posent à l’évidence ce problème.

Les médias vont faire comme si rien ne s’était passé et comme si, maintenant, on pouvait parler de la présidentielle tranquillement sans considérer que la priorité est de rendre aux Français le désir d’être des citoyens et non les sujets de la Macronie. Or, l’un des principaux enseignements du 20 juin est que la Macronie n’est qu’un village Potemkine dessiné par les médias, un décor que rien ne prolonge dans le pays. La fanfare médiatique, les projecteurs braqués ont pu créer l’illusion. La débâcle de la liste présidentielle dans les « Hauts-de-France » n’est pas sociologique, comme peut l’être le résultat décevant du RN. Elle est politique : la Macronie ne correspond pas à une famille politique. Nombre de ses électeurs de rencontre sont rentrés au bercail en abandonnant leurs élus. La gifle électorale infligée à cinq ministres, et non des moindres, devrait les conduire à démissionner s’il leur restait un minimum de la dignité imposée au début de la Ve République. Celui qui a fait le meilleur score des sortants est Wauquiez, sans compromission avec LREM, et affichant des positions clairement à droite. Bertrand, qui a refusé tout accord avec LREM et qui en est débarrassé pour le second tour, se voit déjà à l’Élysée et, pour cela, se présente comme « l’ennemi » de Marine Le Pen, en pensant cette fois au second tour de la présidentielle. Muselier qui, au contraire, a esquissé un pas de deux avec la Macronie se fait devancer par Mariani, ex-sarkozyste qui a moins changé d’idées que de parti, contrairement à d’autres.

Deux questions se profilent donc. La première occupera les médias. Les cartes sont-elles rebattues pour 2022 ? On a vu combien les sondages pouvaient être trompeurs. Est-il si sûr que le duel Macron-Marine aura lieu ? Si les électeurs qui l’avaient rejoint dans le brouillard médiatico-judiciaire de 2017 retournent à leurs familles, le sortant peut très bien en être absent. Si les électeurs du RN sortent de leur léthargie sociologique, Marine Le Pen en sera, mais peut-être face à une « droite » ressuscitée une fois encore malgré ses flottements et ses errements. Mais qui ? Aucun, peut-être, s’ils sont trop nombreux. Or l’Histoire a montré que la concurrence était parfois salutaire. Wauquiez requinqué par son succès régional et représentant le courant de droite qui monte dans toute l’Europe ? Bertrand, le candidat de la fausse droite qui plombe le pays depuis si longtemps ? La seconde question est infiniment plus cruciale : est-il possible de reconstruire la nation française, de refaire de notre pays une démocratie avec des citoyens, d’en finir avec l’archipel communautaire et le jeu qu’en tirent les politiciens ?

Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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