Léon XIV : on le dit dans les pas de François, mais son style rompt déjà

Habemus papam. Les spéculations vont bon train.
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Habemus papam. Robert Prevost, aujourd’hui Léon XIV, est un Américain de 69 ans, de père d'origine franco-italienne et de mère espagnole, Il a été longtemps missionnaire au Pérou, puis a rejoint Rome, pour devenir supérieur de son ordre religieux, les Augustins.

Les spéculations vont bon train. On le décrit volontiers comme un épigone de François, en plus discret et à l’écoute. Ce qui est déjà, en soi, une différence de taille.

Sur X, des posts sont exhumés pour montrer triomphalement à quel point le nouveau pape s’oppose, en matière migratoire, à Trump et Vance : ce choix des cardinaux serait donc politique, une volonté très claire de tacler Donald Trump. C’est confondre un peu vite le Saint-Esprit, censé souffler sur ce conclave, avec une vulgaire Kamala Harris. Les intéressés, pas rancuniers, ont du reste félicité le nouveau pape sans restriction, y voyant, selon les mots de Donald Trump, « un honneur » fait aux Américains. Peut-être, au fond, le pragmatique président se frotte-t-il les mains, pas fâché de cet inattendu outil de soft power : il rêvait d’annexer le Groenland et le Canada ; c’est finalement le Vatican qui est tombé du ciel.

Fatalisme 

Du côté des conservateurs, on est au choix fataliste - le pape François ayant, en multipliant les cardinaux, bourré les urnes, il était difficile d’espérer un autre résultat - ou raisonnablement optimiste : après tout, en revêtant les ornements traditionnels - et notamment la mozette rouge dédaignée par son prédécesseur - pour se montrer à la loggia, en ne souhaitant pas bourgeoisement « bonsoir » comme François mais en parlant aussitôt du Christ, en s’inscrivant, numéro parmi d’autres, dans une lignée de Léon, il renoue avec la tradition et rompt donc avec son prédécesseur.

Et puisqu’on parle de tradition, ceux qui y sont attachés, en matière liturgique, s’interrogent sur son avis en la matière et se consolent en constatant… qu’on ne le trouve pas : il ne s’est pas exprimé, preuve à tout le moins qu’il n’en est pas un opposant véhément. Les premiers mots du pape ont été, à plusieurs reprises, pour la paix. La paix dans le monde, mais aussi sans doute la paix dans l’Église, abîmée sous le dernier pontificat. Notons, enfin, que le nouveau pape a parlé du « mal », qui ne prévaudrait pas. En un temps de relativisme absolu, cette seule évocation est rassurante.

Un détail touchant : il avait relayé, en 2022, via son compte X, un post sur sœur André, l’humble petite religieuse française devenue, en 2022, doyenne de l’humanité. Elle est, depuis, décédée mais, là-haut, doit veiller.

La vérité est que nul ne le connaît vraiment. Une seule chose est certaine, que montrent cette effervescence, ces hypothèses, ces analyses, ces propos observés à la loupe, ce passé disséqué au scalpel : l’influence de l’Église est immense. Ceux qui prenaient la barque de Pierre pour le radeau de la Méduse peuvent aller se rhabiller.

N'ayez pas peur

L’incertitude effraie. N’ayez pas peur, disait Jean-Paul II. Les papes passent, l’Église reste. Il est frappant de voir à quel point les jours qui ont suivi la mort du pape François semblent opposés en tous points, dans la forme, à l’impulsion que celui-ci avait voulu donner : surplis, pourpre cardinalice, barrettes, encens, latin, Veni Creator, litanie des saints, Te Deum… on se serait cru plus volontiers à Saint-Nicolas-du-Chardonnet que dans n’importe quelle paroisse ordinaire.

Les successeurs de Pierre, l’Histoire l’a montré, ne sont pas tous faits du même bois. Mais qu’ils soient atrabilaires ou effacés, saints ou avides de pouvoir, machiavéliques ou innocents, désireux de tout changer ou au contraire de tout préserver… l’essentiel demeure. Et c’est le principal.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

100 commentaires

  1. Ce qui m’a fait plaisir dans cette manifestation heureuse qui accompagnait l’élection du pape c’est l’absence de drapeau avec étoile et croissant!

  2. Trump 1 – Macron zéro!
    Le candidat de macron à la ramasse, et c’est l’américain qui l’emporte. Normal!
    Dire que le pape coopté est politique, c’est un pléonasme. Tous sont des hommes politiques,
    qui travaillent pour conserver leur pouvoir.
    Et l’inculture grandissante des petits peuple gavés de télé, n’est pas pour déplaire aux clergés de toute les obédiences. On le voit dans les quartiers « nord » conquis par l’islam politique.
    Il est vrai que pour « faire » dealer ou grand-frère, une centaine de mots suffisent pour se faire comprendre.
    Le zonnard-globish en verlan suffit. Alors le latin d’église….

  3. Encore un pape venu des Amériques , il ne va rien comprendre à notre problème migratoire et à l’islam qui va avec .
    Et il va nos donner des leçons pour nous obliger à accueillir le plus de migrants possible .
    Amérique du sud et Amérique du nord , très peu de musulmans dans les populations , et le flux migratoire qui va du sud vers le nord est composé de latinos de culture et de religion chrétienne .
    Je lui conseille de lire les réflexions de saint Thomas d’Aquin sur l’immigration .

    • Le pape est généralement très érudit et instruit très au fait de l’Histoire et de la géopolitique et le Vatican tire les ficelles de la diplomatie mondiale mieux que la CIA. Le pape qui parle plusieurs langues a lu Saint Thomas d’Aquin avant vous et en bon chef d’Etat il a une charge énorme dont il est fort conscient. Vous n’ignorez pas j’espère l’influence politique active de Jean Paul II sur les événements cruciaux de son temps..

      • François était aussi très érudit , il était jésuite , et on a vu qu’il nous exhortait d’accueillir les migrants . il a nommé la majorité des cardinaux électeurs de ce conclave , façon vaticane du bourrage des urnes .
        Il a abandonné l’Europe aux migrations musulmanes , et il était en parfaite harmonie avec l’UE , son impératrice et son féal Macron .
        Et le 14 décembre dernier , François a considérablement durcis les conditions d’accès à son micro-Etat (par sa superficie) , qui était déjà difficile d’accès pour un migrant.

  4. « on le dit dans les pas de François » Prions plutôt pour qu’il soit dans les pas du Christ !

    • C’est ce que j’espère.. qu’il nous guide jusqu’à Jésus Christ
      Dans la lumière Éternelle. ..

      • @BreizhAtao
        L’affirmation « tous les chemins mènent à Dieu  » contredit fortement la proclamation de Jésus à Thomas et aux chrétiens : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » Jésus précise aussi « si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père … » (Jean 14). Ce qui me fait penser que les puissantes paroles de Jésus révèlent qu’il serait bien périlleux d’emprunter un autre chemin .
        Amicalement Phil.

  5. Tweet de Robert Prévost, du 3 février 2025, à JD Vance :  » Jésus ne nous demande pas de hiérarchiser notre amour pour les autres. »
    Il ne nous l’interdit pas non plus, ce serait impossible, et il ne peut empêcher que je prioriserai toujours mon amour pour ma famille, mes proches et mes amis.
    Ceci dit, il semble être à sa place et de bonne constitution. Il fera du bien à l’Eglise je pense.

    •  » : ” Jésus ne nous demande pas de hiérarchiser notre amour pour les autres.” .
      Si il le dit , textuellement : il nous enjoint d’aimer notre prochain , pas notre lointain . Et plus trivialement , aimer tout le monde c’est n’aimer personne .Aimer c’est choisir , donc hiérarchiser et aussi exclure . On aime davantage son épouse que n’importe quelle autre femme , on aime ses parents que ses voisins ; on aime davantage ses enfants que ceux des autres etc … C’est l’inverse qui serait anormal et même inhumain .

      • D’ailleurs, celui qui prétend le contraire n’est pas crédible à mes yeux.
        Je prends toujours un exemple, sordide mais très parlant : si votre maison brûle et qu’à l’intérieur se trouvent votre enfant et l’enfant de votre meilleur ami, et que vous ne pouvez en sauver qu’un seul… Alors, pensez donc s’il s’agit d’un lointain, qui qu’il soit.

      • C’est exactement ce que disait Jean-Marie Le Pen…
        Et c’est très naturel..

  6. Le fait qu’il ait été nommé par François ne veut rien dire. Thomas Becket et Thomas More furent nommés, l’un par Henry II, l’autre par Henry VIII, et dès qu’ils eurent pris leur fonction, s’opposèrent au roi.

      • Le pape est généralement très érudit et instruit très au fait de l’Histoire et de la géopolitique et le Vatican tire les ficelles de la diplomatie mondiale mieux que la CIA. Le pape qui parle plusieurs langues a lu Saint Thomas d’Aquin avant vous et en bon chef d’Etat il a une charge énorme dont il est fort conscient. Vous n’ignorez pas j’espère l’influence politique active de Jean Paul II sur les événements cruciaux de son temps..

      • @Ré-zo- ré 11h48
        Ah bon ? Non je ne savais pas que les papes étaient tous érudits…
        Plus personne n’ignore la puissance diplomatique du Vatican, et le poids pour faire basculer l’Histoire.
        J’habite, depuis l’arrivée de F.H., une région d’Italie (un village de 1000 hab. mais 5 églises !) qui a des accords très particuliers avec le Vatican, et j’ai remarquer que, en général, dans cette région en particulier, l’Italien moyen est très connaisseur de affaires « vaticanesques », bien plus que certains « spécialistes » en France.

    • Merci de rapporter une touche d’Histoire …comparaison n’est pas raison ..mais il y a des similitudes dans le comportement humain.

  7. Léon XIV semble suivre le chemin tracé par François et c’est bien là l’essentiel.
    Nous espérons qu’il poursuivra la réforme de notre institution catholique menée par son prédécesseur.

  8. A vrai dire, j’accorde plus à la tradition qu’à la dévotion l’élection de tous ces papes. Je souhaiterais tout de même, vu leur influence, qu’ils gardent la sagesse comme principe, à savoir ne pas se mêler de la politique des hommes. On voit ce que cela a donné avec le pape François qui sous une vêture simple voulait y montrer de la modestie. Mais l’habit ne fait jamais le moine et une fausse modestie peut très bien se révéler sous des dehors trompeurs. A Léon XIV de démontrer le contraire et qu’il en possède réellement la vertu.

  9. « Le mal ne l’emportera pas. » C’est une déclaration pour le moins insidieuse et qui ne trompe personne. Elle caractérise la pensée politique de ce pape, si tant est que l’on puisse imaginer qu’un pape s’autorise une opinion politique personnelle comme tout un chacun.

    L’église d’aujourd’hui suivra donc la doctrine du pape François en matière d’attitude à adopter à l’égard des migrants, mais aussi l’attitude à adopter contre les présidents des régimes et des pays considérés comme « mal-pensants ». Pour faire court, François et Léon XIV même combat !

  10. La pléonasme – sans doute involontaire – de Gabrielle CLUZEL définit cependant bien la situation: qui vivra verra! Notamment, ce climat de guerre où l’Amérique tient une part importante dans sa résolution prendra-t-il un autre ton grâce à Léon XIV?

  11. Pour un athée convaincu, toute cette « agitation » et ces commentaires surréalistes paraissent bien « éloignés » des réalités du quotidien. Moi aussi je peux appeler à « la paix et la fratenité », etc. A chaque déclaration on a envie de dire : « vous pourriez développer ?  » tellement les discours sont éthérés, alambiqués et sans sens commun. Y compris pour GCluzel… que je salue et que j’aime beaucoup ! bravo madame.

  12. Oui, et bien je demande à voir.
    Je n’ai d’ailleurs jamais compris pourquoi l’Eglise catholique (universelle), et non la Chrétienté dans toute sa beauté, quels que soient les rituels.
    Pour l’instant je regrette le cardinal Sarah.

  13. A quoi sert ce clergé chez les catholiques ? A ma connaissance, musulmans et juifs n’en ont pas. Est-il véritablement nécessaire d’avoir cette hiérarchie pyramidale, qui coûte un pognon de dingue, et croit utile de nous imposer leur bien-pensance ? Pour moi, si les curés et abbés sont localement utiles, les évèques, cardinaux et papes ne le sont pas.

    • A vous écouter il faut laisser le « bas clergé » bricoler à son aise la doctrine et le morale à l’ instar des 10 ooo dénominations protestantes qui pullulent depuis Luther, ce  » polisson des latrines  » comme il fut surnommé en son temps.
      L’islam chiite dispose d’un clergé.
      Le titre de Grand Rabbin ne vous dit rien par ailleurs ?

    • Au rayonnement international de l’évangile que n’ont ni les juifs ni les musulmans

    • le clergé constitué par le Pape et les évêques est essentiel car il réunit, il fédère, évite les dérives; regardez les autres religions: les musulmans, les protestants etc , ça part dans tous les sens et les groupes, sectes se combattent, le catholicisme rassemble les blancs, les noirs, les jaunes

      • voui, tu oublies les protestants, les orthodoxes, ls jansennistes, les calvinistes, les luthériens, les adventistes, les saints des derniers jours … j’arrête, y’en encore plein.

    • Un premier article dubitatif, le second négatif…la lecture commence bien. Heureusement il fait beau.
      Il me semble que ne nouveau pape a une allure de pape, il va avoir du travail pour réparer la machine, il va être rassembleur suite aux dégâts du précédent, il est bien disposé côté divorce, les conservateurs pourraient le suivre et les progressistes y trouveraient leur compte, j’estime qu’il commence bien.
      Pour les détails, j’ai bien rigolé avec TF1 lors de ses commentaires, on voit qu’ils n’y connaissent pas grand!chose genre raconter qu’il y a 1.500.000.000 de catholiques aux USA, ou bien St Augustin qui est né en Tunisie, ou encore Leon XIV qui va tenir tête à Trump, comme si il était élu pour cela et autres fadaises…Il n’a pas été dit que les médias se sont une fois de plus trompés et les journalistes évitent tout de même d’évoquer leur macron avec son ingérence (inutile et malvenue) dans l’élection vaticane.

    • Vous avez raison. Seul le clergé local est utile. L eveque oui mais pas cardinaux et pape

  14. N’en déplaise à Archicomte, merci de cette chronique de bon sens après tout ce que nous avons entendu après l’élection de Léon XIV. Mettre son pontificat dans le registre de la Paix, si nécessaire, et de Marie, qui montre le chemin, est de bonne augure qui ne contredit en rien Saint Jean-Paul II et Benoît XVI. Augustinien et thomiste, il est bien charpenté dans une tradition de l’église qui le place dans un continuum multi-centenaire. Ce Pape ne devrait pas bousculer, mais rassurer. N’ayons pas peur, il ne videra pas les églises, bien au contraire.

    • Prôner la paix et la bienveillance, c’est tout-à-fait normal pour un pape. mais tendre la main de manière « soumis », la joue et oublier de protéger ( quand est-ce l’Eglise de Rome « proteste avec vigueur quand des chrétiens se font massacrés? N’est-ce abandonner lâchement ses fidèles? Malheureusement, si les chrétiens continuent de cette « tendre la joue » avec soumission et pacifisme ( ce n’est pas en allant dans les églises et les pélérinages) qu’ils seront sauvegarder sur notre belle petite planète bleue! et le nouveau pape, à part prôner dans sa tour, ne fera rien pour les protéger contre une religion envahissante, massacrante et sans scrupules!

    • « Mettre son pontificat dans le registre de la Paix, si nécessaire, et de Marie, qui montre le chemin..;  » tu peux « développer?.. toujours ces mêmes affirmations péremptoires qui n’ont aucun sens.

    • Je suis totalement d’accord avec vous.
      Ce Pape va rassembler tous les Chrétiens.
      Sa prière à Marie est rassurante..

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