Lecornu pour remplacer Borne à Matignon ? La dernière carte de Macron

Le 1^er avril joue parfois les prolongations. Rien que ce week-end : François Hollande se fait piéger par des humoristes russes et, d'après le JDD, une partie du groupe LR à l'Assemblée cherche à publier une tribune appelant à nommer un LR à Matignon. L'histoire ne dit pas si c'est le journal ou la personnalité qui leur manque. Plus intéressantes sont les spéculations sur l'après-Borne. Chaque canard y va de son intuition, le tout étant alimenté par les mots d'Élisabeth Borne elle-même. Il y a deux jours, elle parlait de « convalescence ». Bien trouvé, pour un Premier ministre techno qui n'a jamais « imprimé » et qui est en voie de carbonisation avancée.

Mais voilà que sort du chapeau du même JDD, ce dimanche matin, la tête toute fraîche de Sébastien Lecornu, actuel ministre des Armées. Il cocherait en effet bien des cases pour un Emmanuel Macron en roue libre. Issu de LR, proche à la fois de Bruno Le Maire, son mentor dans l'Eure, et de Gérald Darmanin, il affiche, à 36 ans seulement, un impressionnant CV d'homme politique de terrain, contrairement à une Élisabeth Borne qui n'a découvert l'élection qu'en juin 2022. Maire, sénateur, plus jeune président de conseil départemental, il fut aussi celui qui assura l'opération de com' intitulée « Grand Débat » qui permit à un Emmanuel Macron laminé par la crise des gilets jaunes de se refaire une santé. On comprend, vu le bégaiement de l'Histoire, que son nom ait dès lors intégré la « short list » (comme ils disent) des « Premiers-ministrables ». Ses relations avec les élus, notamment LR ou proches d'Édouard Philippe, lui permettraient d'arrimer le groupe à la majorité. Et puis, en ces temps de guerre, un ministre des Armées dont l'idole est, paraît-il, Pierre Messmer serait du meilleur goût. Et qui plus est, un ministre des Armées qui vient d'obtenir une loi de programmation et un budget historiques après des décennies de destruction de notre outil de Défense.

Mais c'est là qu'il faut bien aborder le passif du CV de Sébastien Lecornu. Tout le monde est bien conscient - et lui le premier - que ce n'est ni sa personne ni son poids politique qui ont permis cette remontada budgétaire pour les armées mais les faits, la dure réalité, le retour de la guerre de haute intensité en Europe alors que ses mentors politiques n'ont cessé d'affaiblir nos capacités de Défense. Sébastien Lecornu n'a jamais été un visionnaire, sauf pour sa carrière politique.

Et, même dans ce domaine, sa rapide ascension s'est accompagnée de dégâts collatéraux qui pourraient le desservir. Dégâts pour la Macronie : aux législatives de juin dernier, alors qu'il s'était engagé fortement derrière les candidats Renaissance, quatre des cinq circonscriptions de son département de l'Eure avaient basculé vers le Rassemblement national. « Un coup de mou dans la stratégie Lecornu », avait titré, par euphémisme, Le Démocrate vernonnais. À l'heure où la hantise de notre Président serait l'arrivée au pouvoir du RN, la carte Lecornu est peut-être l'un de ses dernières, mais pas forcément la meilleure.

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