Le service national universel est arrivé : un dispositif qui n’est pas sans arrière-pensées

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La « génération SNU » est arrivée, ce dimanche 16 juin. Pour sa première édition, ce dispositif, cher à Macron, concerne 2.000 volontaires de 15 et 16 ans, répartis sur 13 départements. Il est destiné à être généralisé. Quatre objectifs, apparemment pertinents : « Transmettre un socle républicain, renforcer la cohésion nationale, développer une culture de l'engagement, accompagner l'insertion sociale et professionnelle. » Belle ambition pour un service qui comprendra une « phase de cohésion » de deux semaines et une « mission d'intérêt général », de deux semaines également ! Voici qu'avec les meilleures intentions du monde – ou, peut-être, les pires –, notre Président s'est laissé tenter par une mainmise sur la jeunesse.

À lire le programme, on pourrait être alléché : les jeunes recrues vont habiter dans des « maisonnées » par groupes de 10 personnes « venant d'horizons différents » (les dortoirs ne sont pas mixtes, cependant). On se lève à 6 h 30 : la journée débute par le lever des couleurs, le chant de la « Marseillaise ». Extinction des feux à 22 h 30. On aura le droit à des modules collectifs, sous la forme d'activités pratiques et mises en situation, portant aussi bien sur le Code de la route que la formation aux premiers secours, des activités sportives de cohésion, le développement durable et la transition écologique, la défense et la sécurité nationales, la citoyenneté et les institutions nationales et européennes...

Le soir, il pourra y avoir des débats sur les enjeux de société, par exemple sur « les discriminations liées à l’orientation sexuelle, le handicap, la radicalisation » et, bien sûr, « une discussion sur l'égalité femmes-hommes », confie Gabriel Attal au Parisien. Tout cela en moins de quinze jours. Debout, les gars, réveillez-vous, il va falloir en mettre un coup ! Certes, ces formations ne sont pas toutes sans intérêt, mais on ne voit pas quel profit la plupart des jeunes peuvent tirer d'une période aussi courte. Pour le moment, on en est au stade du volontariat. L'an prochain, 40.000 jeunes devraient être concernés. À terme, ce sera toute une classe d'âge, soit environ 800.000 adolescents.

On attend avec impatience de savoir comment se comporteront les jeunes de certains quartiers, qui n'ont pas spécialement l'habitude de respecter les valeurs de la République, ni de saluer le drapeau national. Et ne vous dites pas que vos enfants pourront être exemptés de ce service. Le secrétaire d'État est formel : « On ne pourra pas être réformé du SNU. C’est le sens du mot “universel”. »» En fait, le SNU prévoit déjà toute une série d'exemptions et de dérogations, comme c'était autrefois le cas pour le service militaire.

Nous connaîtrons, bientôt, les premiers résultats de l'opération. Les mauvaises langues estimeront qu'on ne peut guère attendre grand-chose de bon d'un secrétaire d'État, ancien militant du Parti socialiste avant de se rallier à La République en marche. Ni d'un Président, chef des armées, qui n'a jamais insisté pour faire son service militaire, bien qu'il eût pu le faire. Sans doute en faites-vous partie, si vous jugez que le SNU, bien loin de vouloir renforcer le sentiment patriotique de la jeunesse, tente de mettre en place une période de conditionnement et de soumission à l'idéologie macronienne.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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