Le SDF végan malgré lui

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Les bouchers vont pouvoir dormir tranquille, les végans semblent vouloir changer de stratégie d'endoctrinement des populations à leur diktat alimentaire. Ils étaient violents, les voilà doux comme des agneaux. Ils saccageaient des vitrines, ils offrent désormais des repas aux SDF. À Nice, l'ONG Million Dollar Vegan en a distribué une centaine à ceux qui n'ont rien, car aujourd'hui, on n'a plus le droit, ni d'avoir faim d'un bon sandwich au jambon, ni de rêver d'une escalope de veau. Charité bien ordonnée commence par la promotion de sa propre idéologie. Les collations dénuées de tous produits d'origine animale ont, sans aucun doute, apporté du réconfort aux sans-abri. Il n'est pas question, ici, de préférer l'abstinence alimentaire à une distribution gratuite de repas, fussent-ils végans.

L'opération s'inscrit de toute évidence dans un plan marketing où la détresse du SDF est utilisée à des fins de propagande. Au méchant végan tartineur d'hémoglobine factice succède l'abbé Pierre du steak végétal. Bien joué ! Le responsable français de l'ONG ne dément pas : « En même temps, cela nous permet de communiquer sur les bienfaits d’une alimentation 100 % végétale. »Le SDF, vecteur de communication. Fallait y penser.

Pour les besoins de la cause, le maître restaurateur Willy Berton, chef du restaurant niçois Vegan Gorilla (garanti sans aucune trace de gorille), avait mis les petits plats dans les grands : blanquette de champignons aux légumes accompagnée d'une polenta de purée. Une centaine de barquettes de 400 grammes. L'offrande ne fut pas symbolique.

L'objectif de l'association serait de distribuer un million de repas, d'ici décembre 2021. Sur ce modèle, le marketing des bons sentiments pourrait voir les nécessiteux abreuvés de produits divers et variés. Et le sans-abri de crouler sous les offres. Tout d'abord la lessive : mon SDF avant lavage avec Ariel. Le voici après. Puis les croquettes pour le chien (accessoirement végans, elles aussi). Les marques de vêtements. Et enfin les maisons Phénix. Et la surenchère : mon punk à chien a retrouvé la joie de vivre depuis qu'il mendie à bord d'un cabriolet Mercedes.

En attendant la généralisation de ce mode de communication, il va de soi que, pour l'instant, l'ONG n'est pas à l'abri d'une riposte de la chaîne de restaurants Buffalo Grill. Une tournée générale de steaks tartares dans les rues de Nice viendrait anéantir les efforts de Million Dollar Vegan. Le statut de SDF préférable à celui de smicard ? Ce serait vachement injuste.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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