Le roman de l’été : La Reconquête (9)
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Trois jours plus tard
Les élections étaient fixées à avril, ce qui laissait un délai d’à peine deux mois aux candidats pour se faire connaître. Le séisme politique provoqué par la démission d’Emmanuel Macron n’avait pas seulement bousculé son parti. Tous étaient ébranlés par les implications induites par la soumission du Président au peuple. Le Rassemblement national était en pleine guerre interne car les sondages ne le favorisaient pas et Marine Le Pen n’arrivait plus à trouver sa place sur la scène médiatique.
Les caciques Républicains s’écharpaient pour représenter leur parti. Les plus centristes, Pécresse en tête, avaient rejoint LREM des mois auparavant. Seuls restaient les élus conservateurs, dont Wauquiez avait réussi le tour de force de reprendre la tête. Il était plébiscité par les adhérents malgré le manque de sincérité que lui prêtait le corps électoral dans son ensemble. Il cherchait donc à devenir le candidat de LR malgré une opposition féroce de la part de certains de ses anciens soutiens.
Mélenchon était inaudible et ses sbires aussi, du fait de leurs positions pro-immigration dont plus grand monde ne voulait, si ce n’est quelques bobos des quartiers riches. Les socialistes avaient disparu de la scène politique, plus personne n’était capable de se rappeler qui en était le chef. La République en marche était laminée par la démission de son fondateur mais Castaner se trouvait paradoxalement en position de force puisqu’il n’avait personne pour lui faire face et qu’il était aux commandes du pays et des institutions.
Il avait annoncé qu’il appelait le président du Conseil français du culte musulman, Ahmet Ogras, à devenir porte-parole du gouvernement. À la surprise générale, les émeutes s’étaient calmées le soir même de cette annonce. Des centaines d’imams avaient appelé à la paix et au calme, relayant efficacement l’appel du chef du gouvernement par intérim et de son porte-parole.
Pour autant, la police et la plupart des services publics quittèrent tout bonnement les zones les plus chaudes, si bien que près de 900 quartiers furent secrètement considérés comme zones de non-droit par le gouvernement. Aucun média ou presque n’en parla, d’une part pour ne pas provoquer une recrudescence des violences, d’autre part car le politiquement correct leur interdisait de montrer que ces quartiers étaient maintenant clairement tenus par des islamistes radicaux.
La seconde surprise fut que Castaner décida de se présenter aux élections présidentielles presque immédiatement après son arrivée au pouvoir, en annonçant, dès le début, son intention de prendre Ogras comme Premier ministre. Il fut très vite appuyé par les partis de gauche. Communistes et socialistes se rallièrent au duo qui alliait les qualités requises à leurs yeux : ouverture d’esprit, symbole de l’égalité des chances, de la fin des discriminations, de l’accueil de la différence. Ogras était, d’ailleurs, fils d’un simple ouvrier et d’une femme au foyer. Il était donc la preuve parfaite que l’ascenseur social n’était pas en panne et qu’une intégration réussie pouvait être possible.
La troisième source de stupéfaction fut que Louis de Bourbon, pour la première fois de sa vie, se rendit visible dans une campagne présidentielle. Il avait toujours refusé de prendre part à ces échéances nationales pour la simple raison qu’il ne pouvait décemment pas être républicain. Mais à circonstances exceptionnelles choix exceptionnels : il avait décidé, avec son équipe, de donner un rendez-vous hebdomadaire d’une trentaine de minutes pour donner son avis sur la situation du pays et les élections en cours. Sa première vidéo qui traitait du « regard d’un patriote sur l’état de la nation » avait été suivie par plus de 100.000 personnes. Un journaliste d’iTélé l’ayant remarqué, il fut interviewé sur la chaîne et put ainsi exprimer son inquiétude quant à la solidité du régime en place. Pour la première fois depuis longtemps, un monarchiste donnait son point de vue sur une élection républicaine.
Les candidats de droite étaient, quant à eux, légion. Quatre caciques républicains se disputaient la première place, persuadés que la chute de Macron leur laissait tout l’espace politique : Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen, Laurent Wauquiez, et… Bruno Le Maire. Tous pensaient avoir une chance dans la course à la conquête du pouvoir et chacun se sentait légitime à représenter l’opposition à Castaner et à son nouveau bras droit.
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