Les boursiers sont fébriles car ils ont des difficultés pour évaluer l’impact du coronavirus sur les résultats à venir des entreprises. Ces dernières devront probablement faire face, dans les mois prochains, à une diminution de la demande pour certains produits et services, avec des circuits d’approvisionnement et de logistique perturbés en amont. De plus, l’indice PMI américain, qui mesure l’évolution de l’activité, est tombé à son plus bas niveau depuis 2013, s’établissant à 49,6 points en février, tous secteurs confondus, contre 53,3 points en janvier. Quant à l’indicateur PMI des services, il a plongé de 53,3 à 49,4. Ce chiffre est particulièrement inquiétant car les services sont à l’origine des deux tiers de la croissance du PIB aux États-Unis

Selon Patrick J. O’Hare, de Briefing.com, le marché bousier est « surpeuplé, surévalué, prêt pour une correction, ce qui alimente une ruée vers les valeurs refuges », ajoutant : « La question est de savoir qui, du marché boursier, du marché obligataire ou de l’or, va céder le premier. » D’autres boursiers plus pessimistes prétendent que le coronavirus va s’étendre avec des effets qui seront alors beaucoup plus catastrophiques et prolongés pour l’économie.

Un autre fait inquiétant est que les États ne veulent plus de la dette américaine avec, pourtant, des taux d’intérêt positifs et un dollar qui se revalorisait jusqu’à présent, alors qu’en Europe, les taux sont négatifs. Quant au rendement du T-Bond américain à 10 ans, il est tombé, vendredi, à 1,459 %, au plus bas depuis juillet 2016, tandis que le taux du T-Bond à 30 ans a, lui, chuté à un plus bas historique de 1,92 %. Il y a donc, de nouveau, inversion de la courbe des taux d’intérêt, annonciatrice de récession, aux États-Unis (taux à court terme 1,5 % - 1,75 %).

Le problème est de savoir si l’épidémie aura des effets maîtrisables, temporaires et réversibles. Si ce n’est pas le cas, un hyper-krach dans une économie mondiale aussi fragile, interconnectée et hyper-endettée, serait inévitable. Et il n’y aurait, une fois de plus, comme ultime solution que tous les pays émettent sans cesse plus de monnaie jusqu’à ce que la plupart des devises perdent complètement leur valeur.

C’est la raison pour laquelle l’or, valeur-refuge, a bondi, vendredi, de 1,8 % pour atteindre 1.649,75 dollars l’once sur le marché du COMEX à New York, son plus haut niveau depuis 7 ans. Les stratèges de Goldman Sachs estiment que le métal jaune pourrait dépasser 1.850 dollars l’once si le coronavirus ne peut être maîtrisé d’ici la fin du deuxième trimestre.

En Chine, les ventes de voitures ont chuté de 92 % au cours des deux premières semaines de février. Les contrats d’achat de cuivre au Chili et au Nigeria sont annulés pour cas de force majeure, ce qui fait plonger les cours. Une récession chinoise paraît inévitable malgré les injections de liquidités par la Banque centrale de Chine, avec des facilités de crédit et l’abaissement des taux d’intérêt. Les problèmes de dépendances stratégiques pour des médicaments ou certains biens vont, enfin, se poser d’une façon bénéfique pour l’avenir d’une Europe irresponsable qui a délocalisé pour enrichir les seules multinationales au lieu d’établir des barrières douanières protectrices et maintenir l’emploi industriel en Europe.

La récession couve dans une Allemagne qui exporte deux fois plus (1.377 milliards d’euros) que la France, les ventes de biens d’équipement n’étant pas éternelles. Tandis que le Japon, avant même le coronavirus, se dirigeait vers une récession, la consommation ayant diminué de 3 % et le PIB de 1,6 % pendant le dernier trimestre 2019. La banque HSBC prévoit une diminution de ses effectifs de 35.000 personnes en trois ans, et Cathay Pacific et Singapore Airlines sont pratiquement à l’arrêt. L’Argentine, elle, va tout droit vers le défaut de paiement. En France, contrairement aux cocoricos de Macron, à partir des seuls échantillons de l’INSEE, le chômage ne diminue pas et reste stable à 6.500.000 chômeurs effectivement inscrits à Pôle emploi !

Les marchés vont-ils enfin devenir réalistes ? Goldman Sachs croit à une correction. L’hyper-krach et l’effondrement du Système, suite à l’hyper-endettement, ne devraient pas encore avoir lieu, sauf en cas de pandémie incontrôlable, d’autant plus que Trump, pour se faire élire en novembre, et les chefs de gouvernement de la zone euro, pour éviter une révolution populiste, seraient prêts à ouvrir les vannes de la fausse monnaie, quitte à doubler le bilan de la Fed ou de la BCE !

4429 vues

23 février 2020 à 17:14

Partager

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.