La lutte contre l’islamisme politique commence mal
L'image, qui vient anéantir tout le baratin séparatiste et autres pinaillages de perlimpinpin, est sidérante : lors d'un bain de foule, à quelques centimètres d'Emmanuel Macron, presque contre lui, se tient une femme intégralement voilée. En parfaite infraction avec la loi, tranquillement, sans qu'aucun membre de la garde rapprochée du Président n'y ait vu problème, cette personne est arrivée jusque-là.
Plutôt que l'interpeller pour lui signifier son délit, montrer sa détermination à en finir avec l'obscurantisme islamique par une altercation improvisée qui ferait la une des médias, enfin du concret, du convaincant (en pleine campagne électorale, la scène serait payante), notre annonceur de mesures semble feindre de ne pas voir la dame avec son cache-visage inspiré des cow-boys attaqueurs de diligence. Après tout, il se tourne peut-être un western alsacien dans les parages ?
Cachez ce voile que je ne saurais voir et détournons le regard de ce contre quoi nous sommes venus discourir à l'aide de moult enfumage lexical. Un monologue à écouter en imaginant la voix de Bourvil dans son sketch de l'eau ferrugineuse : Commaunu, communautarisme non... Sépéra, séparatisme oui ! À la manière de l'homme alcoolisé venu vanter les mérites de l'eau minérale, Emmanuel Macron fait celui qui n'a pas vu ce qu'il prétend pourfendre. Est-il besoin de symbole plus convaincant du volontarisme gouvernemental ?
Il va sans dire que BFM et consorts tentent, tant bien que mal, de ne pas trop ébruiter l'affaire. Christophe Barbier aurait mangé la photo pour son repas de midi. Ni vu ni connu. Elle était là, elle n'y est plus. Accompagnée d'un bon verre d'eau ferrugineuse. Ça passe tout seul.
Dans ce concert d'infos à pas feutrés, La Dépêche réussit l'exploit de publier la photo en illustration d'un article dans lequel pas un seul mot ne vient souligner l'aberration de la promiscuité montrée dans l'image. Ironie ou négation du réel ? Le quotidien titre le plus sérieusement du monde : « Emmanuel Macron à Mulhouse : chez nous l'islam politique n'a pas de place. » Le lecteur aura compris dès le premier regard.
Macron roi de la com', ou comment détruire en trois secondes deux heures d'un discours déjà parfaitement aérien ? Par chance, les Français ont échappé à une invitation au restaurant de la jeune fille, une visite en diligence de Paris by night et autres attentions destinées à lutter contre le sépapa... séparara... séparatisme ! Enfin la lumière jaillit. Emmanuel Macron voulait parler de ses conseillers en communication dont il voulait se séparer. Allez, vous reprendrez bien une petite coupe de champagne électoral ?
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