La France à l’heure des razzias

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« Et si le pillage avait à voir avec la pauvreté ? » Cette proposition de la députée EELV Sandrine Rousseau a fait réagir un maire avec colère, tant elle est en dehors de toute réalité. Relisons Jules Monnerot : « À la suite des psychanalystes, toute une école de psychologues, de sociologues, ont répandu l'idée que l'agression était toujours consécutive à la frustration. Nous n'avons pas de peine à retrouver les utopies rousseauistes derrière cette façon de voir. »

Dans l’Histoire, le pillage est la manière la plus économique, pour un chef de guerre, de rémunérer ses troupes après le siège et la prise d’une ville. En 1453, s’apprêtant à prendre Constantinople, Mahomet II s’en réserva les murailles, laissant les biens à piller aux troupes. Nous n’en sommes pas encore là. La chute de l’Occident n’aura pas lieu sous cette forme, exactement : il n’a plus de murailles. Même pas de frontières.

Nous ne sommes pas, non plus, en présence de pillage de famine : ces « jeunes » et leurs familles n’ont pas faim. Les supermarchés ont davantage été incendiés que pillés, et quand ils l’ont été, c’était par effet d’aubaine et non par besoin vital.

Les pilleurs ont surtout ciblé les marques : chaussures Nike™, smartphones Apple™, vêtements Lacoste™ et Hugo Boss™, produits de beauté Sephora™. « Et si les marques [avaient à voir] avec le sentiment de relégation ? » ajoutait Sandrine Rousseau. Là encore, la pauvre frappe à faux. Ces marques ont à voir avec l’appartenance des « jeunes » à la société de consommation. S’ils n’étaient majoritairement monothéistes, Nike™ et Apple™ seraient le nom de leurs idoles. Effet d’aubaine, encore, que de pouvoir se procurer sans payer les précieux biens.

Tout cela a si peu à voir avec la pauvreté ou la relégation que bibliothèques et médiathèques n’ont pas été pillées. On n’a pas vu de « jeunes » repartir les bras chargés de livres, l’occasion d’avoir enfin tout Balzac ou de se procurer des manuels scolaires qui coûtent si cher. Elles ont été saccagées ou incendiées, ou bien ont failli l’être. Elles ont subi le même sort que des commissariats ou des mairies. Elles représentent la même chose : la France. Mais pour le « monde de la culture » et le ministre qui préside à ses destinées, le danger, ce sera toujours « l’extrême droite ». C’est le RN qui a « un problème avec la culture », aime-t-on répéter, et mi-janvier, le ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, s’inquiétait : « Pour la culture, la vague du populisme sera très violente. » Elle n’a, d’ailleurs, pas élevé la moindre protestation contre ces destructions.

Mais alors, pourquoi ces pillages dans les magasins ? Et pourquoi ne pas les nommer razzias ? Razzia, « invasion faite sur un territoire ennemi ou étranger pour enlever les troupeaux, les grains, faire du butin », dit le Larousse. L’origine du mot est un indice, même si, lorsque les médias énumèrent avec une gourmandise toute xénolâtre, les mots français d’origine arabe, ils oublient en général celui-là : les razzias musulmanes en Méditerranée sont restées tristement célèbres. Plagions Sandrine Rousseau : « Et si les razzias avaient à voir avec un fait culturel ? » Si l’on suit la définition du Larousse, étant admis que les « jeunes » qui pratiquent ces razzias ne sont pas en territoire étranger (on nous répète assez qu’ils sont français), c’est donc qu’ils se considèrent… en territoire ennemi. Mais ça, on s’en doutait un peu.

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

26 commentaires

  1. D’un revers de la main nos chers ministres se gargarisent en avançant que seulement 10% des émeutiers n’étaient pas français , ce qui veut dire dans l’esprit de ces dirigeants que le phénomène migratoire n’a aucun lien avec les émeutes (ceci pour contredire les propos de ceux qui en font un ) ; d’autre part si l’on considère que la majorité des émeutiers était de nationalité française , on est en droit de penser que la nationalité n’a plus les vertus que nous ont enseignés et inculqués nos anciens , ces jeunes voyous ne méritent pas d’être représentants de notre Nation , un document administratif ne fait pas nécessairement un citoyen. Comme nombre de français je suis totalement désabusé par la désinvolture de nos élites politiques , des discours creux sans aucune initiative et ce n’est pas la vision de ces joutes verbales à l’Assemblée Nationale qui nous confortent dans l’espoir de grands bouleversements , et des bavardages incohérents sur les plateaux de télé.

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