La charrue avant les bœufs sur le périphérique parisien
La voiture est la bête noire d’Anne Hidalgo et de ses angelots bienfaiteurs de planète. Nous le savions déjà. Après les voies sur berge, le second cauchemar de la mairie de Paris est ce satané périphérique qui pollue, fait du bruit, tracasse les riverains, nuit gravement à la santé des Parisiens. Rouler tue. L’inscription de cet avertissement au bas des portières ne saurait tarder.
Quinze élus ont été appelés à la rescousse pour réfléchir à la manière de « faire évoluer » ce terrible périph'. « Faire évoluer », en novlangue hidalguesque, signifie réduire, voire anéantir la bête. Qu’on n'en parle plus. Dans cet esprit de « no future » du déplacement, la commission a produit le fruit de sa réflexion dans un rapport qu’elle remettra à la déesse piétonne de la mairie, le 21 mai. Le temps d’arriver jusqu’à la place de l’Hôtel-de-ville en trottinette. Le contenu du rapport mérite cette longue attente car, cette fois-ci, les conseilleurs se sont lâchés. Tout d’abord, au diable les réductions de vitesse de 10 en 10. Pour le bienfait des oreilles et des poumons des Parisiens, la limitation doit passer de 70 à 50 km/h. Le panneau 60 est hors de prix. Le revêtement antibruit aussi.
Pour des bouchons plus compacts, les commissionnés suggèrent également de supprimer une voie. Les tronçons à 4 et 5 voies seraient, ainsi, réduits à trois, dont une consacrée aux véhicules propres (qui ne signifie pas qu’ils viennent d’être lavés), aux transports en commun, aux véhicules de secours et au covoiturage. Sur ce dernier mode, des annonces pourraient fleurir : « Recherche retraité en vue figuration dans voiture pour huit kilomètres sur le périphérique sur la voie non bouchée. »
Hors cette échappatoire astucieuse, la circulation se déroulerait donc sur deux files. Chaos assuré. Dépressions en série. Suicides collectifs aux portes de Paris. Par bonheur, grâce à la voie qui leur est réservée, les services de secours pourront arriver rapidement sur les lieux.
Selon les penseurs écolos, le bitume laissé vacant pourrait être aménagé pour laisser place à la végétation. À plus long terme, le périphérique parisien deviendrait un chemin de terre emprunté exclusivement par des cadres sup se rendant à leur travail en tracteur. « Crévindiou ! le CAC 40 a encore baissé. »
« Ce rapport ne fait l’objet d’aucune étude d’impact », fait remarquer Pierre Chasseray, de 40 millions d’automobilistes, à un membre de la commission. Sur BFM TV, le débat fait rage. À cette objection, l’interpellé ne sait qu’émettre des vœux pieux. « Oui, il faut investir dans les transports en commun, des pistes cyclables, etc. » Un jour, peut-être. En attendant, l’automobiliste devenu piéton peut tenter de monter à bord d’une voiture de RER archi-bondée aux heures de pointe, essayer de chasser le voyageur d’une ligne de métro pour prendre sa place ou encore se lever à 5 h du matin pour trouver une place sur le parking d’une gare de banlieue. De son côté, sur le chemin de terre entourant Paris, l’élu écolo mènera ses bœufs qu’il aura, hélas, pris soin de placer derrière la charrue.
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