Robert Ménard, qui, par une affiche imagée très parlante, avait accusé les reporters du Midi libre d'être "tenus en laisse", était poursuivi pour diffamation. Il vient d'être relaxé et exprime sa satisfaction, tant de maire de Béziers que d'ancien patron de Reporters sans frontières, la première indépendance du journaliste étant de ne pas avoir de lien avec le pouvoir en place.

Robert Ménard, vous venez d’être relaxé par la cour. On vous reprochait d’avoir parlé de médias "aux ordres". Êtes-vous satisfait de cette décision de la Justice ?

Je suis satisfait parce que nous avons simplement dit la vérité. Nous parlions d’un journal appartenant à un ministre en exercice, en situation de monopole dans une ville. Cela s’appelle une république bananière. Et le dire revient juste à décrire la réalité.
Je ne comprenais vraiment pas l’attitude des journalistes de Midi libre. Ils s’étaient emportés contre nos propos alors qu’ils devraient nous applaudir. Nous les défendons. Nous mettions en garde contre le fait qu’un journal soit tenu par un homme politique en exercice et que ces journalistes soient menacés de ne pas pouvoir faire leur métier en toute liberté. Ils devraient être d’accord avec nous. J’ai été sidéré de leur attitude. J’espère que cela servira à une prise de conscience. On ne peut pas accepter qu’un journal en situation de monopole soit la propriété d’un homme politique du gouvernement.

Est-ce le fondateur de Reporters sans frontières qui a parlé ?

C’est d’abord le maire de Béziers. Celui qui, tous les deux jours, découvre dans Midi libre des propos qui relèvent plus de la prise de position politique que du journalisme. Mais c’est aussi l’ancien patron de Reporters sans frontières qui rappelle que la première indépendance des journalistes est de ne pas avoir de lien avec le pouvoir en place.
Quand le propriétaire de votre média est un ministre en exercice, c’est une menace pour votre liberté. Quand votre journal est largement subventionné par les fonds publics, c’est une menace sur votre liberté. Je ne comprends pas, d’ailleurs, que Reporters sans frontière ne se soit pas associé à nous pendant cette campagne d’affichage. C’est un clin d’œil de ma part, évidemment !

Ce n’est pas le premier procès. Combien vous en reste-t-il ? Espérez-vous que ce premier non-lieu soit annonciateur d’autres bonnes nouvelles ?

Je l’espère. À ma connaissance, il ne doit pas y avoir moins de trois plaintes qui ont été déposées par des journalistes ou le directeur de publication ou encore le directeur de la rédaction de Midi libre. Peut-être que cela va les calmer un petit peu.
J’espère, aussi, qu’ils comprendront ainsi qu’on a le droit d’être élu avec une autre sensibilité politique que le journal du coin. Si nous ne plaisons pas à tel ou tel journaliste, eh bien, tant pis pour eux ! Nous sommes élus démocratiquement et il faudra bien qu’ils s’y fassent.
Concernant les autres procès, j’espère effectivement que nous finirons par en gagner un certain nombre.
Nous disons juste la vérité. Le problème est que cette vérité déplaît à tout un tas de gens.

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17 février 2018 à 0:51

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