Jordan Bardella : « Le gouvernement a menti sur les masques et a failli dans la gestion de l’épidémie »
Dans un ouvrage de 168 pages, Le Livre noir du coronavirus, publié le 28 juillet, le Rassemblement national dresse un bilan très sévère de l’action de l’État dans la gestion de la crise sanitaire du coronavirus afin de « tirer les enseignements de ce qui n'a pas fonctionné ».
Au micro de Boulevard Voltaire, Jordan Bardella évoque cette période et expose ses propositions : port du masque, maîtrise des frontières (« passeport sanitaire »), soutien aux entreprises.
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Le livre noir du coronavirus publié par le Rassemblement national. L’opposition que vous représentez ne joue-t-elle pas à la mouche du coche avec cette publication ?
Non. Plusieurs mois après l’arrivée du coronavirus sur le territoire français, nous avons souhaité faire une analyse de la manière dont cette épidémie a été gérée par le gouvernement et par Emmanuel Macron. Cela fait aussi partie de notre travail de parti d’opposition qui inspire à gouverner et à tirer les enseignements de ce qui n’a pas fonctionné pour éviter que cela ne se reproduise à l’avenir. Le gouvernement a eu tort de ne pas avoir anticipé cette crise sanitaire, à l’heure où nous avions tiré la sonnette d’alarme très tôt.
Je rappelle que dès le mois de janvier, nous avions demandé la fermeture des frontières avec des pays où l’épidémie se diffusait très très largement. Nous avons manqué de masques, de tests et de médicaments. Le gouvernement a menti notamment sur les masques. Il est urgent aujourd’hui que nous prenions la mesure éventuelle d’une nouvelle vague. Gouverner c’est prévoir. Il faut se préparer au mieux pour protéger la population.
Vous évoquez les frontières. Éloge et retour des frontières, méfiance des élites, désignation d’un bouc émissaire. N’est-ce pas là un plaidoyer populiste ?
Populiste c’est défendre le peuple. On accepte volontiers la définition. Notre travail comme parti d’opposition est évidemment de contrôler l’action du gouvernement, mais aussi de faire des propositions. Nous avons fait beaucoup de propositions durant cette crise. Les solutions que nous avions préconisées très tôt ont été mises en œuvre très tard par le gouvernement. C’est vrai sur la simple question des masques. Nous avions préconisé que des masques soient distribués à la population et que le port du masque soit généralisé dans l’espace public. En l’absence de traitement et de vaccin face à un virus de cette ampleur, il est évident que le gel hydroalcoolique et les protections pour les soignants, mais surtout les masques pour la population, étaient la seule solution pour empêcher que le virus ne se diffuse. L’absence de réaction du gouvernement a abouti au confinement strict généralisé sur l’ensemble du territoire. Cette mesure a eu des conséquences économiques importantes pour les chefs d’entreprise. Là aussi, nous avons fait beaucoup de propositions. C’est notre rôle et nous continuerons à en faire. On peut dire que le gouvernement a failli dans la gestion de cette épidémie. Aujourd’hui, tout le monde le reconnaît.
Aux États-Unis, il semblerait qu’un certain nombre de mesures que vous préconisez aient été appliquées. Selon-vous cela a-t-il porté des fruits ?
Je ne sais pas si les États-Unis ont appliqué les mesures que nous préconisions. En revanche, le contrôle aux frontières, la généralisation du port du masque et la multiplication des campagnes étaient des solutions que nous avions proposées et qui ont été mises en place à la dernière minute et que d’autres pays ont faites. La République tchèque a fermé ses frontières dès le début de l’épidémie.
Le fait de généraliser le port du masque en Autriche et dans un certain nombre de pays de l’Europe de l’Est, l’épidémie a été beaucoup mieux maîtrisée.
Je n’ai pas la prétention de dire qu’avec le Rassemblement national, il n’y aurait pas eu d’épidémie, mais je note que si nous avions mis en place les mesures que nous avions préconisées assez tôt, nous aurions probablement empêché la diffusion du virus. Maintenant, il faut éviter que ces erreurs ne se reproduisent en continuant de contrôler nos frontières et permettre un accès du masque à l’ensemble de la population. Aujourd’hui, le masque est assez cher. Les prix ont été plafonnés. C’est une bonne mesure que nous avions soutenue. Nous proposons que le masque soit rendu gratuit et pris en charge par la sécurité sociale. Aujourd’hui, ils représentent un budget. Des études ont été faites par des associations de consommateurs et nous expliquent que le budget peut aller jusqu’à deux cents euros pour une famille de quatre personnes. C’est un coût considérable pour nos compatriotes dans une période économiquement difficile pour beaucoup.
Que faire en cas de deuxième vague ?
Lorsqu’il y a une deuxième vague, il est déjà bien trop tard. En réalité, il faut anticiper en amont parce que gouverner c’est prévoir pour se prémunir de cette seconde vague. Continuer à généraliser le port du masque, appliquer les consignes de l’OMS à savoir s’isoler, tester, traiter. Nous avons ni isolé, ni testé, ni traité, pendant plusieurs semaines. Cela a eu des conséquences dramatiques. Il faut continuer à maîtriser nos frontières parce qu’il est évident qu’avec des frontières ouvertes, le virus circule beaucoup plus facilement.
Durant la période estivale, nous préconisons la mise en place d’un pas de passeport sanitaire pour faire en sorte que les touristes qui arrivent sur le sol français soient en mesure de démontrer à l’entrée de notre territoire qu’ils ont été testés négatifs au départ de leur pays. C’est une condition importante pour se prémunir d’une nouvelle vague.
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