L'Assemblée nationale a voté, ce vendredi 27 septembre, l'ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples de lesbiennes, malgré une vive opposition.

Réaction du député Joachim Son-Forget, qui dénonce des « discussions de comptoir » lors des débats, malgré l'ampleur du sujet traité.

L’ouverture de la PMA pour toutes les femmes a été votée aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Quelle est votre réaction ?

Nous étions nombreux à défendre ce pourquoi nous étions opposés à cette partie du projet de loi. Les gens qui s’opposent à ce projet de loi s’étaient exprimés de manière très argumentée et posée dans un calme et une réflexion vraiment poussée.
Les arguments que nous avons reçus étaient essentiellement dogmatiques. Quand ils tentaient d’être scientifiques, c’était de manière tout à fait abjecte. Ils utilisaient la médecine et la science pour leur faire dire ce qu’elles ne disaient pas ou pour discréditer l’Académie nationale de médecine par des propos du type : « ce sont tous de vieux mâles blancs ». Je vous résume les propos à peine grossis.
C’est une nouvelle triste pour beaucoup de raisons. Ce texte n’a pas été discuté dans de bonnes conditions. C’est une discussion à peine meilleure qu’une discussion de comptoir. Elle reste au niveau des rapports humains, du couple, de l’amour ou du droit à être parent. On n’est pas du tout dans la bonne dimension pour une décision de cette ampleur.

En tant que médecin, on vous sent amer...

En tant que médecin, j’estime que la médecine doit être avant tout une science du traitement, un art du traitement et doit s’occuper de pathologies. Aujourd’hui, on sort du cadre de la pathologie. On va même jusqu’à l’inscrire dans cette façon de prendre les soins en charge à la française. La société va prendre en charge cette volonté de concevoir. C’est pour moi de la convenance. Elle nous éloigne de ce qui nous reste d’humain et d’égalité réelle entre les hommes, riches ou pauvres. Ce rapport au charnel nous est offert à tous. C’est notre dernière liberté, notre dernier rempart contre les inégalités. En technologisant la naissance, on creuse davantage les inégalités. En réalité, cette espèce de bonne intention de vouloir faire entrer des sous-couches de la société et des minorités dans une sorte de norme va créer encore plus d’inégalité.

Ce projet de loi a été débattu de manière extrêmement rapide. Richard Ferrand a fait passer un amendement, alors même que les voix n’avaient pas été prises en compte. Est-ce normal ?

J’ai eu la même sensation originelle que mes collègues LR. Je suis assis de ce côté-là dans l’hémicycle. Nous avons été surpris en regardant le nombre de députés En Marche qui ont levé la main dans le même sens que l’opposition.
J’aurais aimé que le vote soit refait. Cependant, du point de vue du perchoir, la perception sur les votants peut être tout à fait différente. Je veux bien laisser le bénéfice du doute, mais vu que le doute s’était installé dans les esprits, il était sans doute meilleur de procéder au vote. Les esprits se sont échauffés. De plus, cela touchait un point particulier. Un député LREM nous vendait son concept du projet parental en le mettant au centre de la PMA. Or je pense que lorsque vous faites des enfants, vous n’êtes pas dans ce délire de projet parental.
J’ai entendu beaucoup de délires sociologiques d’une certaine idéologie de gauche à la française. Quand Jean-Luc Mélenchon dit que l’individu est juste une culture et une éducation, cela n’a rien à voir avec son personnage. On se doute bien de quelle école cela provient…
Concernant le projet parental, cela procède du même ordre.
Je suis choqué d’entendre le rapporteur, citant madame Dolto, dire : « Les enfants qui n’ont pas de père vont aussi bien que les autres. Ils n’expriment jamais qu’ils vont mal. » Circulez, il n’y a plus rien à voir. De nombreux enfants adoptés se sont posé des questions identitaires. Les enfants qui ont perdu un de leurs parents pour des raisons diverses sont choqués par des affirmations comme cela. Nous sommes dans le dogme pur de gens qui pensent savoir mieux que les concernés.
La question identitaire est déjà compliquée quand on a des parents biologiques, alors, imaginez la situation pour les cas où on ne peut pas faire cette quête des origines. Monsieur Touraine vous dira que la résilience des enfants est telle qu’on s’en fiche !

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27 septembre 2019 à 15:16

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