JO Paris 2024 : un judoka serbe suspendu pour… un signe de croix !

© Capture écran France TV
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Sur les réseaux sociaux, l’annonce de la suspension de Nemanja Majdov, judoka serbe et numéro trois mondial dans la catégorie des moins de 90 kilos, a fait abondamment réagir. Beaucoup s’indignent de cette décision prise par la Fédération internationale de judo, après que l’athlète a esquissé un signe de croix avant d’entrer sur le tatami. Une décision jugée injuste, notamment en Serbie où le sportif a pu compter sur un important soutien.

Suspendu pendant cinq mois

« Le cinquième jour des Jeux olympiques de Paris 2024, vous avez montré un signe religieux clair avant d’entrer sur le tatami. » Les premières lignes du courrier de suspension adressé à Nemanja Majdov sont explicites sur les causes de la sanction. Il est bel et bien reproché à l’athlète d’avoir fait un signe de croix - un moment filmé par les caméras de France Télévisions - avant d’affronter le Grec Theodoros Tselidis pour son premier tour de qualification, le 31 juillet dernier. « Il y a quinze jours, j’ai reçu une décision selon laquelle j’étais suspendu pour cinq mois pour violation des codes religieux. Plus précisément, à cause du signe de croix lors de l'entrée dans un match aux Jeux olympiques », a confirmé l’athlète, sur son compte Instagram. Un geste pour lequel le Serbe refuse de s’excuser. « Jamais je ne le ferai. […] Le Seigneur m’a tout donné, tant pour moi que pour ma carrière. Il est le numéro un, j’en suis fier. Dieu m’a donné une belle carrière », explique le judoka. Suspendu, il ne peut donc plus participer ni aux entraînements ni aux compétitions pendant cinq mois. Mais l’athlète promet de revenir : « Nous nous reposerons jusque-là, puis nous reviendrons avec l’aide de notre Seigneur Jésus-Christ vers un nouveau départ et de nouvelles victoires. »

 

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Une publication partagée par Nemanja Majdov (@majdovjudo1st)

Très vite, cette publication déclenche un vif émoi. Nombreux sont ceux qui dénoncent une sanction injuste. L’incompréhension est totale, d’autant plus que le signe de croix a été effectué avant le début du combat.

Face au tollé, la Fédération internationale de judo n’a eu d’autres choix que de justifier publiquement sa décision. Dans un communiqué publié ce 18 septembre, l’organisation explique ainsi que le Serbe a « été accusé d’avoir montré un signe religieux évident en entrant sur le terrain de jeu », ce qui constitue une violation de l’article 3 du Code d’éthique qui interdit de « faire apparaître des objets, signes ou gestes ostentatoires, religieux ou d’autres appartenances avant, pendant et après le combat, ainsi que lors des cérémonies protocolaires ». La Fédération internationale de judo lui reproche également de ne s’être pas « incliné devant son adversaire à la fin du combat ». À noter qu'il a toutefois discuté, en pleurs, avec le judoka grec à la fin du combat sur le tatami. Autrement dit, le signe de croix ne serait pas le seul mobile de la sanction. La Fédération rappelle, enfin, que l’athlète a été plusieurs fois averti par le passé. Par ailleurs, Majdov, agacé par son élimination sur pénalités, a pris à partie les arbitres sur le réseau Instagram.

Quid de l’importation du conflit israélo-palestinien ?

Tout irait bien si la règle de neutralité religieuse était constante. Mais par le passé, la Fédération internationale de judo a déjà cédé à des démonstrations culturelles et religieuses. En 2012, la judokate saoudienne Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shahrkhani, qui concourait dans la catégorie des plus de 78 kilos, avait été autorisée à combattre voilée, lors des Jeux olympiques de Londres. Malgré les réticences de la Fédération internationale de judo, le Comité international olympique (CIO) avait autorisé l’athlète à « couvrir sa tête de quelque chose qui ne compromettra pas sa sécurité ». Le porte-parole du CIO avait alors déclaré : « Nous pouvons confirmer que la Fédération [internationale] et le Comité olympique saoudien, sous les auspices du CIO, sont parvenus à un accord selon lequel l'athlète pourra participer. » Preuve que la Fédération internationale de judo, quand elle le veut, peut fermer les yeux sur les signes religieux ostentatoires. La Fédération internationale de judo prendra-t-elle des mesures à l’encontre des judokas qui ont refusé de serrer la main d’athlètes israéliens lors des Jeux de Paris, alors qu’en 2022, l’organisation déclarait : « Dans le judo, il n’y a pas de place pour la politique, la guerre et les discriminations » ? De la cohérence, que diable !

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

57 commentaires

  1. A lire certains des commentaires à la suite de cet article, il semble que la plupart des auteurs sont des sportifs uniquement devant leur poste de télévision.
    Ils n’ont aucune idée de l’engagement, de la motivation et du rôle du mental dans les compétitions de haut niveau. Les croyances religieuses en font partie.
    Mais ça, ils l’ignorent complètement et feraient mieux de se taire plutôt de développer une idéologie déplacée.

  2. Désolé, Clémence. Je suis catholique pratiquant et pourtant je comprends qu’il y a des règles à respecter dès l’entrée sur le terrain. Sinon demain on va voir un Musulman se coucher par terre et, pourquoi pas, dire Allah Akbar ! Je reconnais pourtant que le jury n’est pas d’une grande… clémence ! sachant que notre civilisation est encore chrétienne, qu’on le veuille ou non.

  3. C’est du grand n’importe quoi ! La Serbie n’a rien à faire, avec les valeurs Wokistes et Sataniques de l’Union Européenne et du camp de l’Occident ! La Serbie ferrait mieux de demander à adhérer aux BRICS et à se rapprocher de la CEI et de la Russie ! Hervé de Néoules !

  4. Il s’ agit de compétitions sportives entre athlètes et nations et non pas entre religions. Il est très bien que le règlement interdise les signes religieux, et qu’ on fasse respecter ce règlement.
    Par ailleurs faire un signe de croix avant une compétition est ridicule. C’est comme vouloir mettre Dieu de son côté. Être plus près de Dieu que son adversaire. Cela assimile la religion à la superstition.

  5. Il y agit de compétition sportives entre athlètes et nations et non pas entre religions. Il est très bien que le règlement interdise les signes religieux, et qu’ on fasse respecter ce règlement.
    Par ailleurs faire un signe de croix avant une compétition est ridicule. C’est comme vouloir mettre Dieu de son côté. Être plus près de Dieu que son adversaire. Cela assimile la religion à la superstition.

    • Il n’y a rien de ridicule à cela. Chez les orthodoxes on se signe souvent, c’est une habitude rituelle qui n’a rien à voir avec la superstition. Vous n’avez apparemment jamais vu des commandants de bord d’avions de ligne russes toucher la sainte icône fixée au plafond du cockpit et faire le signe de croix avant de pousser les moteurs à fond pour décoller… tout cela malgré le rouleau compresseur nihiliste du communisme.

  6. Si une musulmane pouvait porter son voile sous une casquette, le judoka aurait-il été mieux en faisant son signe de croix sous une jacquette ou autre vêtement venant s’ajuster sur son kimono ? Ridicule et complètement disproportionnée cette décision. Mon raisonnement est « peut-être » tiré par les cheveux mais à ce que je sache un signe de croix est spontané, je ne crois pas que mettre un voile puis une casquette le soit.

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