Jean-Michel Blanquer veut « lutter contre la désinformation ». Et la réforme du lycée, on en parle ?

Pour celui qui se voulait le ministre de l'École de la confiance, selon l'intitulé de sa loi, l'heure est à la défiance. Un récent sondage pointait une chute de popularité de 9 points pour ce ministre qualifié de « bon élève du gouvernement ». C'est que, au fur et à mesure que la réforme des lycées et du bac se concrétise, dans les établissements, enseignants, parents et lycéens en découvrent la réalité, les contradictions, les erreurs et même… les mensonges.

Ainsi le ministre avait-il claironné qu'un maximum de « spécialités » seraient ouvertes dans un maximum de lycées afin que chaque lycéen puisse construire un parcours personnel, librement choisi. Et il balayait d'un revers de main les inégalités territoriales ou les problèmes de moyens. Avec lui, on allait voir ce qu'on allait voir. Il allait réussir à gagner sur tous les tableaux : idéologie de l'emballage (parcours, etc.), suppression de postes, réforme du bac. Du « en même temps » de haut vol et le mammouth n'y verrait que du feu. La promesse fut tenue un temps, le temps de l'affichage, de la com'. Et, en effet, même nos petits lycées périphériques proposaient fièrement, par exemple, les spécialités « Langues et cultures de l'Antiquité » (LCA) ou « Langue vivante espagnol ». Et puis, les élèves ayant rendu leurs vœux, fait leurs menus, qui leur demandaient souvent d'inscrire quatre spécialités au lieu de trois, il a fallu organiser tout ça. Casse-tête pour les chefs d'établissement : comment satisfaire chaque lycéen et faire des « groupes » avec des moyens réduits (rappelons que la réforme Blanquer se traduit par 2.600 suppressions de postes dans le secondaire) ? Réponse en ce moment même pour vos enfants actuellement en classe de Seconde : ils ne sont que quinze passionnés à vouloir suivre la spécialité « Langues et cultures de l'Antiquité » ? Ben non, ils devront choisir leur quatrième ou même cinquième vœu, et ainsi de suite. Bon, on leur proposera l'option facultative LCA en lot de consolation, sauf que cela ne représente pas du tout la même chose, le même poids de coefficients au bac. Et puis zut, et le choix de l'élève, alors, faudrait savoir ! Et l'École de la confiance ?

Voilà l'un des gros mensonges - et l'on pourrait multiplier les exemples selon les lycées, les spécialités, les choix des chefs d'établissement - de la réforme Blanquer du lycée et du bac. Or, le ministre réussit le tour de force de donner, ce lundi matin, une interview au Figaro pour « lutter contre la désinformation » sans jamais aborder la réforme du lycée ! Il est vrai que la désinformation, là, était celle du ministre et de sa réforme. Professeurs, parents et élèves vont la découvrir progressivement.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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