Alors que le gouvernement a décidé la suppression progressive de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages, il envisage d’élargir en 2019 l’assiette de la redevance télé. Au motif que de plus en plus de Français regardent la télévision sur des ordinateurs, des tablettes ou des smartphones. Un moyen parmi d’autres de reprendre d’une main ce qu’il a donné de l’autre.

Si, encore, la télévision publique était un modèle dans sa programmation et montrait une objectivité exemplaire dans l’information, on pourrait admettre que chacun, qu’il soit ou non téléspectateur, contribuât à un service d’intérêt général. Las ! Se poser la question de sa qualité ou de son impartialité, c’est déjà y répondre : force est de constater que rares sont les chaînes publiques qui se démarquent de la doxa bien-pensante.

C’est malheureusement une évidence : parmi leurs journalistes, une majorité penche naturellement vers l’uniformité de la pensée. Même s’ils ne sont pas des militants politiques. Cela tient sans doute à leur formation, mais aussi à une forme de snobisme intellectuel et à la nécessité d’être dans le bon camp pour faire carrière. Ils sont persuadés de faire preuve d’une grande largesse d’esprit quand il leur arrive de recevoir une personnalité atypique mais, dans cette circonstance, ils peinent à cacher leurs préférences.

Voyez comme ils traitent avec plus d’égards un agitateur d’extrême gauche qu’un membre du Front national ! Voyez comme ils ont une vision manichéenne de l’immigration, des conflits dans le monde, de Donald Trump ou des questions sociétales !

Sans doute les chaînes d’information continue ne valent-elles guère mieux : au moins sont-elles financées par la publicité et non par les contribuables. Quand les médias publics se vantent de garantir le sérieux contre les fausses nouvelles, on reste pantois devant une telle vanité ou une telle mauvaise foi. À moins qu’on n’estime que la vérité ne prend sa source que dans la pensée unique.

On apprend qu’en Suisse, le comité No Billag, du nom de l’entreprise chargée de prélever la redevance, a obtenu suffisamment de signatures pour demander qu’on inscrive dans la Constitution que la Confédération doit garantir l’indépendance et l’autonomie des télévisions et radios. Autrement dit, aucune chaîne ne pourrait être subventionnée. Le Parlement ayant émis un avis négatif, un référendum aura lieu en mars 2018.

La France ne devrait-elle pas suivre cet exemple ? Non seulement pour la presse audiovisuelle, mais aussi pour la presse écrite, comme c’est déjà le cas en Suisse. Il n’est pas normal que l’État subventionne des titres et en délaisse d’autres, qui n’ont pour ressources que leurs ventes ou les dons de leurs lecteurs. S’il ne peut subventionner tous les médias, il serait plus juste qu’il n’en subventionne aucun. Tous y gagneraient en liberté et auraient les lecteurs qu’ils méritent.

C’est sans doute trop demander à un gouvernement qui feint de défendre la liberté de la presse mais n’aspire qu’à la contrôler.

Rêvons d’une République où chaque contribuable pourrait affecter une part de ses impôts au média de son choix. Où la télévision serait vraiment pluraliste. Où chaque Français pourrait se dire, à un moment ou à un autre, que son point de vue est exprimé. Mais on n’en prend pas le chemin ! Tout comme le système électoral est fait pour fausser la représentation nationale, les médias publics sont payés pour patauger dans le confort de la bien-pensance.

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15 décembre 2017 à 11:23

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