Profitant de leurs derniers jours de pouvoir, trois membres du dernier gouvernement de M. Hollande, Mme Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, M. Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, et Mme Barbara Pompili, secrétaire d’État chargé de la Biodiversité, ont signé le 3 mai 2017 un arrêté qui a été publié au Journal officiel du 6 mai 2017 et qui a fait du bruit.

Imposant aux exploitants d’aquariums comptant parmi leurs pensionnaires des orques et des dauphins des obligations nouvelles et coûteuses, tant en travaux de construction qu’en rémunération de personnels nombreux et très qualifiés, cet arrêté abrogeait celui du 24 août 1981 relatif aux règles auxquelles doivent satisfaire les installations abritant des cétacés vivants, en renforçant les conditions d’hébergement, d’entretien et de présentation au public des orques et dauphins détenus en captivité (exclusivement au sein d’établissements fixes, les cirques nautiques nomades étant interdits). Une conséquence particulièrement remarquée en était que la reproduction des orques et des dauphins actuellement détenus en France est désormais interdite. Ainsi, seuls les orques et les dauphins régulièrement détenus à la date de l’arrêté peuvent continuer à l’être, sans ouvrir droit à de nouvelles naissances. L’arrêté interdit la détention en captivité des dizaines d’espèces de cétacés autres que le dauphin Tursiops truncatus et l’orque Orcinus orca. Il interdit, en outre, les spectacles en nocturne et ceux employant des effets lumineux ou sonores susceptibles de stresser les animaux, la possibilité pour le public de nager avec les dauphins et même de les toucher ou d’avoir avec eux un contact direct. Ces dispositions, contestées par plusieurs établissements, dont le Marineland d’Antibes et le parc Astérix, ont été confirmées provisoirement par le Conseil d’État le 2 août.

Cet arrêté présente pourtant de nombreuses bizarreries : ainsi, que devront faire les établissements qui posséderaient des dauphins qui ne sont pas des Tursiops truncatus ? Devront-ils les jeter à la mer sans autre forme de procès et sans aucun souci de leurs possibilités de survie ? Ou les euthanasier ? Rien ne semble prévu.

Le langage même de l’arrêté est déconcertant. On y reconnaît l’anthropomorphisme des associations prétendant défendre ces animaux, dont le lobby a obtenu en dernière minute du quinquennat Hollande la publication de cet arrêté, sans doute rédigé par elles en grande partie. Ainsi lit-on, à l’article 17, que « les animaux ne doivent pas être sujets à l’ennui ni à la frustration » et le texte prévoit qu’il faut leur laisser la possibilité de se dissimuler à la vue du public, car le fait d'y être exposés sans possibilité de s'y soustraire pourrait les stresser.

Plus grave, on y trouve des prescriptions plus ou moins contradictoires : l’interdiction de reproduction rendra très difficile l’interdiction de laisser un de ces cétacés vivre seul, leur regroupement par trois représentants au moins de la même espèce dans le même ensemble de bassins communicants étant obligatoire. À moins de pouvoir disposer, dès l’entrée en vigueur de l’arrêté, d’un nombre de cétacés suffisant pour créer des groupes de même sexe, on voit mal comment interdire la reproduction. Or, comme il est désormais interdit de transporter les animaux pour un trajet supérieur à 24 heures, avec des conditions drastiques mises à ce transport, il sera très difficile aux établissements d’échanger ensuite des animaux entre eux pour n’avoir que des groupes de trois au moins de même sexe.

De même, l’interdiction de reproduction est peu compatible avec l’obligation faite (article 26, II) aux établissements de s’assurer "de la qualité génétique des populations hébergées à travers des échanges d’animaux dans le cadre des programmes d’élevage auxquels ils participent", car il n’y a évidemment pas de possibilité de "programme d’élevage" sans reproduction.

Bien entendu, le texte ne tient aucun compte de la frustration que pourrait engendrer, pour dauphins et orques, l’interdiction de reproduction, alors que la plus légère frustration devrait d’autre part leur être épargnée…

Au travers des bizarreries de cet arrêté, on devine l’action de deux lobbies de défense des animaux. Le premier se contenterait, si j’ose dire, de l’interdiction de détenir des animaux en captivité et de les donner en spectacle, mais le second est un élément de cette écologie suicidaire, où la haine de l’humanité (caractéristique que la civilisation occidentale d’origine romano-helléno-judéo-chrétienne considère comme satanique) voudrait faire reconnaître à tout animal, fût-il moustique, les mêmes droits qu’à l’homme ou plutôt des droits supérieurs à ceux dont jouit celui-ci, qui serait condamné à l’extinction comme coupable envers la divinité Terre-Mère et l’ensemble des animaux.

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12 août 2017 à 20:45

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