Il y a un moyen simple de réconcilier gilets jaunes et écologie. Voici lequel…

ecologie

L’apparente opposition entre les revendications des gilets jaunes et les impératifs écologiques de la transition énergétique semble irrémédiable et lézarde le modèle de l’économie linéaire mondialisée, invitant à l’émergence d’un autre modèle : l’économie circulaire.

Dans le modèle actuel, les grandes institutions publiques et les opérateurs économiques privés ont littéralement tondu la classe moyenne et asphyxié les classes laborieuses. L’État, qui aurait dû jouer son rôle de régulateur, en a au contraire renforcé l’emprise. Il a, en particulier, largement privilégié le modèle économique métropolitain au détriment d’un modèle qui soit adapté aux réalités du monde rural.

Les opérateurs de distribution d’énergie et ceux liés à la mobilité ont patiemment construit une infrastructure technique et administrative qui a permis leur hégémonie. Ce modèle, coercitif car n’offrant pas d’échappatoire possible aux gilets jaunes, est très inadapté aux réalités de la France périphérique pour deux raisons.

La première est qu’il ne tient pas compte du potentiel énergétique inhérent à la naturalité des terroirs : géothermie, solaire, hydraulique, énergie fatale… une myriade d’énergies disponibles du fait du caractère fractal du territoire. Pire : en empêchant que tous ces micro-producteurs potentiels s’organisent en réseau, il prive le pays de ces gisements énergétiques.

La seconde raison est que le pouvoir politique sous-estime largement la capacité des Français à s’auto-organiser. Ceux-ci sont à l’origine de beaucoup plus d’inventions que l’on ne croit habituellement. En centralisant toutes les infrastructures autour de quelques opérateurs tout-puissants (SNCF, concessionnaires d’autoroutes et d’énergie, opérateurs de télécommunications, etc.), le pays se prive des incroyables ressources du système D dont les Français sont les champions.

Mais la fin de ce modèle linéaire et concentrationnaire pourrait faire de la place à un modèle bien plus adapté, celui de l’économie circulaire : écologie industrielle territoriale, recyclage, économie sociale et solidaire, économie de la fonctionnalité sont autant de protocoles qui peuvent s’articuler entre eux pour former une matrice économique et humaine propre aux territoires ruraux.

Ainsi, l’économie et l’écologie, qui semblent irréconciliables à des Français acculés, pourraient leur offrir un horizon qui ne serait pas fait d’aumônes ni de subventions, mais de liberté et d’enrichissement grâce à leur travail et leur ingéniosité. À ce titre, l’économie linéaire n’aurait été qu’une simple parenthèse historique dont il faudrait espérer qu’elle n’ait laissé aucune dette écologique irréversible. Pour le plus grand bien du peuple ainsi que pour celui du climat.

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Grégoire Bignier
Architecte - Enseignant à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris-Val-de-Seine et à l’ESSEC

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