[HISTOIRE] 12 septembre 1683 : l’Europe chrétienne arrête l’invasion ottomane

bataille de Vienne guerriers ottomans
©commons.wikimedia.org/wiki/File:Casteels_Battle_of_Vienna.png

Malgré sa défaite cuisante à Lépante en 1571, l’Empire ottoman n’a rien perdu de sa puissance terrestre ni de ses velléités expansionnistes, en cette année 1683. Souhaitant vaincre une fois pour toute cette Europe chrétienne qui ose lui résister, le sultan Mehmed IV décide de rassembler une immense armée afin de détruire Vienne, le dernier bastion qui barre son chemin dans sa glorieuse conquête de l’Occident. C’est ainsi que s’est joué, en cet été 1683, l’avenir de notre civilisation judéo-chrétienne face aux ambitions du « commandeur des croyants » du monde musulman.

Des centaines de milliers d’hommes à la conquête de l’Europe

Mehmed IV confie la conduite de ses armées et de ses conquêtes à son grand vizir, Kara Mustafa. Celui-ci rassemble à Andrinople (aujourd'hui Edirne) près de 160.000 hommes venus de chaque recoin de l’immense Empire ottoman. Le 31 mars 1683, le grand vizir lance ses troupes vers l'Europe, déterminées à s'emparer de Vienne, puis, si Allah le veut, de Prague, de la Rhénanie et, enfin, de Rome. Alerté, l'empereur Léopold Ier d'Autriche forme une alliance avec la Pologne pour constituer en urgence une armée. Mais seuls 10.000 hommes peuvent être réunis pour la défense de Vienne. Le 14 juillet, les troupes ottomanes arrivent aux portes de la ville. À cet instant, l'Europe retient son souffle : Vienne tombera-t-elle et, avec elle, l’Occident ?

Vienne, seule et assiégée

Kara Mustafa fait encercler la ville autrichienne par ses troupes, coupant ainsi toute possibilité de fuite. Il ordonne également de creuser de profondes tranchées, défendues par ses farouches janissaires, tandis que la redoutable artillerie ottomane pilonne sans relâche les remparts autrichiens. Du côté des assiégés, l’espoir s’amenuise. Quelques sorties héroïques sont tentées pour repousser les assaillants, qui cherchent à poser des mines sous les murs de la ville, mais chaque contre-attaque coûte un lourd tribut en vies humaines. Ainsi, malgré leur bravoure, les Autrichiens savent que leur seule chance de victoire repose sur la venue d'une armée de secours provenant de l'extérieur. Celle-ci progresse, mais son arrivée se fait attendre. En effet, rassembler suffisamment de troupes prend du temps et l'armée de secours doit d'abord affronter les armées ottomanes détachées du siège de Vienne et qui patrouillent en Europe. Entre-temps, Kara Mustafa continue de resserrer son étau sur la ville autrichienne. Ainsi, le 9 septembre 1683, il parvient enfin à ouvrir quelques brèches dans les murailles. La victoire semble alors à portée de main.

Une victoire miraculeuse

Comme par miracle, le 12 septembre 1683, Charles de Lorraine et le roi de Pologne, Jean III Sobieski, arrivent enfin près de Vienne avec une armée de quelque 50.000 hommes, composée d'Autrichiens, d'Allemands, de Polonais, de Suédois et d'Italiens. Les Français, eux, manqueront à l'appel. L'attaque est lancée contre les troupes ottomanes, qui se retrouvent rapidement prises au piège entre leurs nouveaux assaillants et l'artillerie viennoise. Les rares survivants de l'armée de Mehmed IV fuient le champ de bataille, abandonnant armes et provisions. Kara Mustafa rentre honteux à Belgrade et est exécuté sur l'ordre du sultan à la suite de sa cuisante défaite.

Ainsi, ce 12 septembre 1683, une Europe unie a su mettre de côté ses divergences politiques pour vaincre un ennemi commun et mortel. Comme le souligne Paolo Cau, spécialiste de l'Histoire militaire, dans son ouvrage Les 100 plus grandes batailles de l'Histoire, « les troupes du sultan ne se présenteront jamais plus sous les murs de la capitale des Habsbourg ». Car depuis cette défaite, l'Empire ottoman n'a plus entrepris de conquêtes de cette envergure contre la chrétienté et son déclin s'est prolongé jusqu'à sa chute finale en 1922.

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

14 commentaires

  1. L’alliance militaire qui sauva Vienne et l’Europe, doit énormément au capucin Marco d’Aviano .
    Le cappuccino, “kapuziner” en allemand, viendrait de là . De par la couleur de la bure des moines rappelant cette boisson, et aussi en référence à Marco d’Aviano.

  2. C’est de cette victoire que vient le fameux « croissant » des viennoiseries. La victoire sur les Ottomans avec leur emblème : le croissant!

  3. Mais aujourd’hui , l’Europe est envahie en « douceur » et on paye même pour cette invasion !! Nos ancêtres doivent se retourner dans leurs tombes !!!

  4. Non, pas d’Europe unie contre les Ottomans en septembre 1683. Louis XIV a assuré le sultan qu’il n’aiderait pas l’empereur d’Autriche (et roi de Hongrie). Il a tenté d’empêcher les Polonais de lui apporter leur aide. Il a incité le prince de Transylvanie, province vassale de la Hongrie, à se joindre aux forces ottomanes. Lire « La longue nuit ottomane dans les Balkans » (Amazon).

  5. De là sont nés les viennoiseries. Les croissants de part leur forme de rappellent le croissant Turc.
    Le café aussi viendraient de cette bataille car les Trucs en ont laissé de grande quantité.

  6. Il existe une magnifique reconstitution miniature de cette bataille dans le parc d’attraction du Prater à Vienne. Et un héritage de cette occupation ottomane avec la fabrication d’une viennoiserie en forme de…croissant !

  7. Et après de telles fait historiques nous devons à présent ignorer notre histoire et surtout ne pas avoir de reconnaissance des sacrifices de nos ancêtres pour construire tout au moins pour la France qui semble être la convoitise de bon nombre d’étrangers. Surtout rappelons nous bien et fort qu’un pays qui ignore son passé n’a pas d’avenir.

  8. Aujourd’hui, hélas, l’islam n’a pas besoin de troupes armées pour conquérir l’Europe. L’immigration massive et le temps long suffisent.

  9. Une défaite qui nous permet aujourd’hui, grâce à un boulanger viennois fêtant la victoire à sa manière, de croquer des croissants.

  10. Quand on pense à tous nos ancêtres qui, depuis Charles Martel , ont payé de leur vie pour défendre la Chrétienté …

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